vendredi 31 mai 2019

La grande dépression (de l'audiovisuel public) : un genre d'Apocalypse now…

Le 20 mai dernier je concluais mon billet de mauvaises nouvelles par "Marche ou crève"… Certains de mes lecteurs peuvent imaginer a minima que j'exagère, a maxima que je cherche à faire du buzz ! Du quoi ? Non je ne cherche rien de ce côté-là. Minuscule fourmi (sic) dans la comète médiatique, je ne peux me contenter après huit années de critique radio de faire "gouzi gouzi, areu areu" comme m'y incitent les roucouleurs patentés et les officines de communication. Le flux continu des sept antennes de Radio France fonctionne aux petits oignons mais, derrière, se prépare la phase finale d'une mue qui de façon inexorable bouleversera l'audiovisuel public jusque dans ses fondements (1)



















Avant la mi-juin (2) le personnel de Radio France apprendra directement de la Pdgère Sibyle Veil à quelle sauce le groupe public va être mangé dès le début du second semestre de cette année. Avec un coup de massue initial des 60 millions d'euros à économiser d'ici 2022. Tous les indicateurs étant au vert pour Radio France, Veil peut fouler le tapis rouge de Cannes et assurer les tutelles (Culture/Finances). Elles peuvent compter sur elle. Toutefois pour jouer un remake d'"Apocalypse Now(3) il va lui falloir changer de costume. Tragique, forcément tragique !

En juin 1968, la révolution s'étiole, Yves Guéna devient Ministre de l'Information et nomme aussitôt Roland Dhordain, un homme de radio pour reprendre en main la "fraction" audio de l'ORTF. Pour s'occuper de radio, le gouvernement gaulliste fait appel à des professionnels de la profession. Pas à des technocrates ni à des diplômés de l'Ena. Dhordain qui avait fait ses preuves pour relancer France Inter face aux radios privées fut l'homme de la situation.

Aujourd'hui le gouvernement via une de ses officines (le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) nomme en mai 2018 une femme à la tête de Radio France, énarque, pour du passé faire table rase et organiser, avec l'étendard du numérique, un nouveau modèle de média audio débarrassé de toutes ses scories qui n'entrent pas dans le moule bien lisse que quelques prophètes/gourous ont façonné de leurs petits doigts agiles. Les économies risquant de se faire au détriment des :
- équipes de réalisation (producteur, réalisateur, ingé-son, technicien), 
- moyens pour élaborer les émissions, 
- déplacements hors-studios, 
- reportages, 
- documentaires, 
- Fip régionales, 
- émissions qui finiraient toutes à 23h … 

Il faudra très vite interroger les 127 000 personnes qui ont contribué à la consultation #MaRadioDemain pour savoir si elles valident les orientations qui vont être formalisées dans les semaines qui viennent. Mais ce n'est pas sur les chaînes de Radio France que les auditeurs pourront être informés des évolutions de la radio publique. Pourtant c'est de l'info ! Mais qui peut parler sur son média des infos qui concernent son propre média ! Personne. L'objectif de ce billet est, mes chers auditeurs, de vous informer un tout petit avant que le sujet n'envahisse… l'actualité !

Car on dirait qu'un mauvais remake de 2015 se profile. Mercredi dernier France Bleu était en grève pour dénoncer la marche forcée du filmage de ses quarante quatre matinales qui, progressivement jusqu'en 2021, seraient diffusées sur France 3 dès la rentrée 2019. Le SNJ (journalistes) de France Télévisions soutenait cette grève en déclarant : "La radio filmée n'est pas l'avenir de l'audiovisuel public". Pas sûr que les Pdgères Veil (Radio France) et Ernotte (France Télévisions) l'entendent de cette oreille. L'été sera chaud et la rentrée… bouillante.

Ce 31 mai, le député de Seine-Maritime Sébastien Jumel (Gauche Démocrate et Républicaine), a publié sur deux pages un communiqué de presse dont le titre est le suivant "Avec un plan d'économie multiplié par trois à 60 M€, le Groupe Radio France promis à une véritable saignée"



(1) Mise en œuvre par l'agile Mathieu Gallet (l'ex-Pdg révoqué par le CSA),
(2) Comité stratégique mardi 28 mai, Conseil d'Administration le 3 juin, CSE central 3 et 4 juin, annonce aux salariés le mercredi 5 juin, et le 12 juin audition de la Pdégère par la commission de la Culture, de l'Education et de la Communication du Sénat,

(3) De Francis Ford Coppola, Palme d'Or Cannes 1979. Peut-être dans le rôle du Lieutenant-Colonel Bill Kilgore tenu par Robert Duvall. Quand cette année à Cannes "Sibyl" (de Justine Triet) n'a pas reçu la Palme d'Or,

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