vendredi 21 mars 2025

21 mars 1968… quelque chose va se passer !

Aucune chance que les petits perroquets de la TV qui comme des ânes répètent, à qui veut bien les voir/écouter, que c'est le printemps, aucune chance qu'ils rappellent aux masses laborieuses qu'il y a cinquante-sept ans "l'Association des résidents de la cité universitaire [de Nanterre, ndlr] organisait une conférence sur la Révolution sexuelle de Wilhelm Reich" (1). Le 21 mars 1967, "Il est vrai aussi qu’un certain nombre d’étudiants avaient décidé de mettre la théorie en pratique. Plusieurs dizaines d’entre eux, passant outre le règlement qui interdisait aux garçons d’aller le soir dans la résidence des filles, y avaient passé la nuit. Au petit matin, la police était venue pour les déloger, mais les garçons étaient sortis sans qu’il y ait d’incident, contre la promesse qu’il n’y aurait pas de sanction…” (1)

©Marc Riboud, 1968












Pourquoi je vous raconte tout ça, alors qu'il n'y a aucune chance que les médias se plongent dans la commémo de ce qui présida dès le 22 mars 68 au joli Mai de la même année ? Il se trouve que j'ai un ami, né le 21 mars 68, et que depuis quelques années, on égrène quelques souvenirs "d'anciens combattants" (moi surtout, adolescent à l'époque :-)… C'est pas qu'on attend le grand soir, non, mais ça fait du bien d'imaginer qu'une conscience collective a pu renverser quelques mois le progrès survitaminé du consumérisme et une société corsetée dans ses certitudes réactionnaires.

Ici, en Finistère, c'est gris, c'est froid, c'est venteux, alors les marronniers à la con des médias on s'en tape le coquillard. Ce matin, j'ai eu une frénésie de rangement de ma petite carrée ou de ma cagna comme disait Giono. Et en rangeant je me suis mis une de mes playlists aux p'tits oignons qui a commencé par London calling/Clash, L'espoir/Frasiak, Every wants to rull the world/Tears for fear, Gypsy/Fleetwood Mac, Brass in pocket/Pretenders (me souvenant que Scarlett Johansson l'interprétait en karaoké dans Lost in translation/Sofia Coppola), To carry many small things/Mina Tindle, Hey nineteen/Steely Dan, Gentle on my mind/Seasick Steve et, pour m'en tenir là, La mère à Titi/Renaud…

Le 21 mars 1968, Jean Garretto et Pierre Codou, géniaux producteurs mettaient une "dernière main" au programme de TSF (futur L'Oreille en coin), qui prendra l'antenne le samedi 30 mars à 14h…

(1) Catherine MilletCritique d’art et commissaire d’exposition, Libération, 29 avril 2018,

mercredi 12 mars 2025

Pagnol… la gloire de son père !

Que du bonheur ! Ce Marcel qui nous enchante depuis la nuit des temps vient de remettre le couvert (sous le figuier) si je puis me permettre de galvauder la transcription sonore du premier tome de ses souvenirs d'enfance : la gloire de mon père. Tout a commencé en 1958 et 1959 quand Pierre L'Hoste (journaliste de radio) enregistra, en dix-neuf épisodes, Marcel Pagnol lisant "La gloire de mon père". Et puis en 1991, au mois d'août, Claire Chancel, productrice à France Culture, en fit un redécoupage et en vingt-cinq épisodes nous accompagna dans les garrigues (1). Commencer chaque matin par ce feuilleton était un vrai régal…











Et voilà qu'en mars 2025, France Culture a eu la bonne idée de remettre sur le métier, la gloire de ce père que Marcel vénérait. Sans l'accent cette fois-ci, les extraits choisis sont lus par Hervé Pierre de la Comédie Française (2). Particulièrement si l'on a pu écouter la série de 1991, on entre vite dans l'histoire, car ces souvenirs d'enfance ont quelque chose d'universel et de singulier. Singulier pour l'époque, le tout début du XXè siècle. Singulier pour la vie d'un enfant dont le père instituteur est son plus grand héros. Singulier pour la vie provençale à la ville et à la campagne. Universel pour l'innocence et les émerveillements d'un enfant face à la vie (3).

On se régale encore et la tentation a été grande d'écouter les cinq épisodes à la suite, tant la langue de Marcel Pagnol est fluide, imagée, coulant de belle source provençale. J'ai coupé en deux et terminé ce matin aux aurores. Haletant pour la partie de chasse dont j'avais oublié l'issue, je ne dirai rien ici. D'ailleurs, j'ai dû consulter mes propres archives pour mieux me rappeler comment la partie de chasse se termina version Claire Chancel. Voilà donc une occasion pour vos soirs, vos nuits d'insomnie ou vos petits matins libres, de prendre une immense bouffée d'humanité, de soleil et de calme. Toute chose indispensable à nos quotidiens perturbés.

Ajout de 15h
Il m'était impossible de ne pas suivre la série suivante "Le château de ma mère". Où l'on est toujours émerveillé de voir comment Pagnol par un luxe de détails étire le temps au point de se sentir le vivre avec lui. Un temps aussi où le simple n'a pas besoin de se frotter à la concurrence de complications qui n'envahissent pas encore la vie des Provençaux. L'amitié de Marcel avec son meilleur ami Lili est touchante et ralentit encore mieux le temps des adultes qui ont peut-être oublié les bonheurs de l'enfance. Quant aux complicités de la petite famille de Marcel, elles ne sont pas justes touchantes elles disent quelque chose d'un temps suspendu à la tendresse et à la joie.

(1) "Tourbillon. Tourbillon de la langue. De l’accent. De pages souvenirs où bruissent le vent et les cigales dans les oliviers. De paysages de garrigues. D’un temps ralenti. À la mesure d’un soleil qui écrase tout disait Giono. Pagnol, 62 ans, enregistre au micro de Pierre L’Hoste ses souvenirs qu’il vient de publier ", in "Fañch Langoët, 60 ans au poste. Journal de bord d'un auditeur" L'Harmattan, février 2023,

(2) Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière, extraits choisis et réalisation par Juliette Heymann. Prise de son, montage et mixage : Claire Levasseur et Antoine Viossat, Claire Chaineaux,
(3) Comme Zézé dans "Mon bel oranger. José Mauro de Vasconcelos", 1968.

mardi 11 mars 2025

Holdingue audiovisuelle : le serpent de mer… sort la tête de l'eau

Cette fois-ci on l'aurait juré le projet de holding était proche de l'asphyxie. Alors que la loi devait être examinée au Parlement initialement les 10 et 17 mars puis renvoyé à un hypothétique 7 avril, on considérait dans "les milieux autorisés" (classe la formule) qu'après trois essais infructueux l'affaire était pliée ou sur le point de l'être. Mais c'était sans compter avec les talents de magicienne de Madame Rachida Dati, Ministre de la Culture. Entre deux, lundi 10 mars, elle nous sort du chapeau… sa botte de Nevers. On en reste pantois ! Elle vient de nommer Laurence Bloch pour une mission d'accompagnement de la future-potentielle holding…

Laurence Bloch, Michel Euler Crédits : AP










Bloch, la même qui a fait toute sa carrière à Radio France. Reporter, documentariste, coordinatrice de programmes, adjointe de Direction de plusieurs directeurs de France Culture (dont la Directrice Laure Adler), adjointe de Philippe Val, Directeur d'Inter et Directrice d'Inter de 2014 à 2023. Et puis, bâton de Maréchale, Directrice éditoriale des sept chaînes de Radio France  jusqu'à sa retraite fin juin 2024. Le communiqué du Ministère de la Culture : "Dans la perspective de la confirmation d’un nouveau débat sur le texte à l’Assemblée nationale, une mission d’accompagnement est confié à Laurence Bloch, afin de contribuer à la réflexion sur la mise en œuvre des coopérations, les possibilités nouvelles et concrètes de Coordination et en particulier les possibilités de renforcer la visibilité des offres de service public auprès de tous grâce à ce cadre de gouvernance nouveau."

Dès hier, Sibyle Veil se fendait d'un commentaire minimaliste à l'AFP : "Bonne nouvelle qui permettra de mettre la radio au cœur des réflexions sur l’audiovisuel public”. Ce commentaire ressemble fort à celui du petit télégraphiste ! Comment imaginer Bloch être influencée par son ancienne patronne à Radio France. Bloch a la “chance de sa vie“, pouvoir peser sur l’avenir de l’audiovisuel français. Elle a montré sa capacité à muter la radio, par exemple et entre autres, quand elle était Directrice d’Inter, en faisant des boulevards à Philippe Collin pour sortir de l’antenne et plonger dans le nouveau dieu sonore : le podcast. 

Non figée dans des postures corporatistes Bloch s’attachera sûrement à engager l’audiovisuel dans une nouvelle ère moins segmentée média par média. À son influence sur la partie technique d'organisation devraient s'ajouter quelques prises de contacts formelles et informelles avec les groupes politiques de l'Assemblée nationale et du Sénat pour mesurer les soutiens au projet de holding à court, moyen et long terme.

Bloch se serait-elle engagée dans une telle mission si comme les trois fois précédentes le projet de holding était voué aux gémonies ? Une belle occasion pour la jeune retraitée d'obtenir son deuxième bâton de Maréchale quand, pour cet attribut, les Maréchaux s'en contentaient, eux, d'un seul.

Ce billet a été rédigé sans avoir recours à l'I.A.

samedi 8 mars 2025

Femmes de Sardaigne : la matinée des autres…

4h47, ce 8 mars, sur France Culture c'est la nuit et c'est aussi le jour international des droits des femmes. Ce documentaire de 1984 de la "Matinée des autres" (réalisé par Arlette Dave) fait le voyage en Sardaigne et dresse un long panorama de l'histoire des femmes sur cette île italienne. Où l'on entend parler Sarde (sûrement) et l'Italien dans une belle harmonie de mots qui chantent et pour lesquels les productrices, Maria Manca et Diane Secci. ont eu la belle idée de ne pas les traduire en simultané, mais d'en proposer la traduction en différé. De quoi s'imprégner d'une langue vibrante et ronde mais aussi de s'immerger quelques instants auprès des femmes qui témoignent et chantent quelquefois.

Une femme fait le pain de façon traditionnelle 
à Esterzili en Sardaigne. ©Getty








J'ai déjà eu l'occasion d'écrire que "La matinée des autres" est une émission incarnée. Où chaque sujet est approfondi et où la parole est bien celle des autres. De tous les autres qui ont fait les belles heures des mardis matins de France Culture depuis 1977. Reconnaissons à Laure Adler d'avoir remis à l'antenne "La matinée des autres" (de 1999 à 2002) quand Patrice Géninet (1997-1999) l'avait supprimée. Soit les effets délétères du rapport Ténèze (1) qui préconisait de contenir les émissions en 60 minutes et de privilégier le direct.

Écouter "La matinée des autres" c'est se mettre en condition de ne pas faire autre chose en même temps. Faire la vaisselle ou laver les carreaux est incompatible avec une écoute nécessairement attentive et soutenue. Je n'en imagine pas une seconde l'écoute dans les transports en commun ou le jardin public. Il faut que rien ne s'agite autour de soi. Le noir profond est idéal. La lumière jaune du salon peut convenir à condition de ne pas se laisser distraire. Fermer les yeux s'impose.

"Les filles ne respectaient pas les vieux quand ceux-ci méritaient une correction. Il n'y avait pas de maître qui tienne. Les femmes avaient le dessus sur les hommes, patron ou pas." On entendra ce type de témoignages et la puissance et la détermination des femmes qui devaient seules élever les enfants, gérer le budget et faire les démarches administratives quand leurs hommes bergers étaient loin à faire paître brebis et moutons lors de longues transhumances. Leur force de caractère leur permettaient aussi de se défendre, de s'affirmer et de s'affranchir d'un patriarcat latent. "Les hommes travaillaient mais ce sont surtout les femmes qui commandaient. Une sorte de matriarcat. De cette position la femme a trouvé une sorte d'indépendance et de liberté qui est supérieure à celle d'autres femmes de Méditerranée. Elle garde par exemple son nom de naissance même une fois mariée."

Vous passerez un bon moment avec ces femmes de Sardaigne. Mais on aimerait bien savoir aujourd'hui comment cette société sarde a évolué et quelle place la femme a-t-elle pu trouver au sein de la famille comme au sein de la société ?

(1) "France Culture. Mission de réflexion. Janvier à avril 1997", publication interne Radio France. Arnaud TénèzeChargé de mission par la Présidence de Radio France. Ancien membre de l'équipe Dhordain. En 1971, "Chef des Services artistiques" à l'ORTF,

mardi 4 mars 2025

Claude Giovannetti… in memoria

C'est une mauvaise nouvelle. Mauvaise car même si un nom de radio reste toujours en onde, le décès de Claude Giovannetti ce dimanche 2 mars, réalisatrice à Radio France, donne un coup dans le ventre. Claude, humble, discrète et je dirai même effacée avait fait toute sa carrière à la radio publique. C'est d'abord à elle que je pense avant d'évoquer son binôme avec Yann Paranthoën. Avec sûrement quelque chose de Corse dans sa réserve et sa pudeur. J'ai pu échanger avec elle de nombreuses fois au téléphone. Pour parler radio bien sûr. Pour mieux comprendre sa fabrique. Pour essayer de lui faire parler d'elle. Pour lui reconnaître toute sa place quand l'auditeur attentif entend désannoncer son nom.











C'est elle qui m'avait donné envie de me procurer le n° 4 (avril 1985) de "L'autre journal" (1) de Michel Butel où Alain Veinstein (Producteur des "Nuits magnétiques" de France Culture), sur quatre pages et huit colonnes s'entretenait avec Yann Paranthoën. Elle avec qui j'avais beaucoup évoqué "Vincent Lavenue, dossard 157" ou un retour sur le Tour de France 1992", comme sur bien d'autres documentaires qu'elle avait réalisés avec le chef-opérateur du son. Et souvent elle "contestait" ce titre de réalisatrice, arguant du fait que Paranthoën ne faisait pas que le son ou la production. Comme le montre la photo ci-dessus (je n'en ai trouvé aucune autre) Claude est en arrière-plan, floue. La position qu'elle se sentait occuper avec Yann.

En 2024, Bastien Lambert nous donne à entendre "Carte postale de Centuri" où Claude raconte différents souvenirs corses avec Paranthoën. C'est bon d'entendre sa voix. Un jour, Kriss dit à un ami physicien «Les gens de radio sont comme des éphémères qui ne volent quun jour et disparaissent ». «Cest faux, lui a-t-il répondu. Tout ce qui existe est détruit par le temps. Les monuments les plus beaux, les livres, la planète elle-même disparaîtra. Mais vous, les voix de radio, vous êtes éternelles. Vos paroles emportées par les ondes hertziennes voyageront dans lunivers aussi longtemps quil existera» (2)

Claude, on ne s'est jamais rencontré, ni en Corse, ni à Paris et pourtant j'avais l'impression de te connaître un peu. Merci pour toute ta création radiophonique (3). Sois en paix…

(1) Dans ce numéro outre Alain Veinstein on retrouve des articles signés par Jean Daive, Jean-Pierre Milovanoff et Olivier Kaeppelin, autant de producteurs de France Culture,
(2) Kriss, La sagesse d’une femme de radio, L’œil neuf, 2005,
(3) Sur France Culture : "L'heure du laitier" (matinale de l'été 1975), "Bonjour Mademoiselle Ruault" Série de 10 émissions enregistrée de novembre 1979 à janvier 1980 et diffusée du 3 au 14 août 1981 à 19H30, de nombreux Ateliers de Création Radiophonique, "Les vacances de Mr Polmar", quelques "Mardi du cinéma" et "Matinée des autres"…

L'autre journal


lundi 3 mars 2025

Radio 1965-2025 : les anciens et les modernes !

J'ai terminé la lecture il y a quelques jours de "Bob Dylan électrique" (1). Un immense plaisir à lire un travail scrupuleux autour d'un mythique festival folk aux États-Unis de 1958 à 1969. La fracture folk/rock de 1965 m'a évoqué celle qui nous bouscule au niveau de la radio publique. Les anciens, incapables de se réjouir de l'avènement du podcast et de la diminution drastique du temps d'antenne consacré à des programmes frais. Les modernes, passionnés par un accès permanent à des émissions détemporalisées (2). Les anciens Pdg de Radio France (1975-2014) s'attachant à faire vivre la radio publique au quotidien, les nouveaux (2014-2025), manageurs de la mutation de la radio en audio.

Maison de la radio publique, Paris

Dans cette affaire, bien sûr, j'ai choisi mon camp ou, plutôt, il est si facile pour mes détracteurs de me ranger dans la case "has been, nostalgique, rétrograde,…" et plus si "désaffinités" ! Sauf que, biberonné pendant 60 ans (4) à la radio, à des programmes d'"hiver", à des programmes d'été, à des voix régulières à l'antenne, j'avale assez mal la couleuvre de la mutation à marche forcée d'une riche histoire humaine autour de la création radiophonique, de sa fabrique quotidienne par les différents métiers utiles à sa diffusion, de la casse du processus de production. Tout ça absolument motivé par les injonctions de la Cour des Comptes et du Ministère de l'Économie dans le but de réduire drastiquement la masse salariale et, ce faisant, casser l'indispensable existence d'un service public de l'audiovisuel.

Un exemple, l'intuition et la volonté de Laurence Bloch quand, Directrice de France Inter (2014-2023) elle fait basculer de l'antenne Philippe Collin et lui offre un boulevard de création de podcasts autour de l'histoire. Avec en prime un staff opérationnel de six à huit personnes. Bloch et Collin pouvant se targuer d'écoutes par millions (30 cumulées au mois de janvier). Tant pis pour le temps consacré à l'histoire à l'antenne, tant pis pour Jean Lebrun (disparu de la grille), tant pis pour les quelques minutes de Stéphanie Duncan (1 heure le dimanche à 21h), tant pis même pour l'histoire autre que celle des vedettes (médiatiques et mainstream) choisies par Collin.

Au titre de la souplesse (accès permanent aux sons), de l'individualisation des podcasts les uns par rapport aux autres, de la sur-médiatisation des vedettes du micro, de l'abandon de l'œuvre collective d'une antenne, de sa couleur, de ses animatrices et animateurs, de sa continuité temporelle, "on" a muté définitivement la radio comme identité médiatique et comme mémoire globale en une infinité de "petits bouts", isolés les uns des autres comme autant de produits à promouvoir, comme des paquets de lessive ou des barres de céréales. Tout ça réuni dans un grand-magasin (une plateforme) Radio France où, petit à petit, les chaînes y perdront jusqu'à leur dénomination.

Comment ne pas aimer Dylan électrique quand, dès 1978, Bernard Lenoir nous en faisait quelques "Feedback" bien sentis. Comment ne pas aimer Dylan folksinger quand sur France Inter, Claude Villers, Patrice Blanc-Francard, François Jouffa, Maurice Achard, Pierre Lattès et aujourd'hui Michka Assayas nous donnaient à chanter avec lui (sans forcément le suppléer à l'harmonica). La radio devrait s'attacher à perpétuer ses programmes et à les enrichir sans que cela ne l'empêche d'ouvrir les rediffusions permanentes via le podcast. C'est un choix de société à faire. Gallet et Veil (Pdg et Pdgère depuis 2014) ont fait le choix facile des renoncements. Renvoyant aux marges les vieilles barbes, les scrogneugneu, les pisse-vinaigres et autres déçus de l'évolution d'un progrès "cache-misère". Sacralisant ces nouveaux adeptes numériques en leur permettant sur tous les supports l'accès au Graal et plus si affinités !

"Ils nous prennent pour des audios", nous l'avions déjà écrit avec David Christoffel. Pour des audios alors que, plus que jamais, nous sommes des radios-amateurs. Amateurs de cette radio-là, collective et singulière, créative et chercheuse, partenaire et complice de nos jours et de nos nuits.

Ajout du 3 mars, 11h
"« La TV permet de découvrir des podcasteurs dans un contexte différent. Elle est la nouvelle radio de la maison, commente Steve McLendon [YouTube]. Beaucoup de gens allument la TV pendant qu’ils préparent à manger, et c’est souvent comme ça qu’ils se mettent à écouter des podcasts. » (Le Figaro, 1er mars 2025). Voilà qui donne des perspectives extraordinaires pour le rapprochement (holding ?, fusion ?) Radio France/France TV. Si ce n'était pas assez clair pour annoncer "Radio killed the video star"…

(1) Bob Dylan électrique. Newport 1965. Du folk au rock. Histoire d'un coup d'État. Elijah Wad. Rivage Rouge, 2017,
(2) Le mot "émission" n'existe plus dans la nov langue de Radio France. Tous les programmes "proviennent du podcast"… Un signe assez fort pour faire entrer la mue au chausse-pied et stigmatiser les "croulants" (3) qui bégayent encore le mot "émission",
(3) Dans les années 60, sur Europe n°1 dans l'émission "Salut les copains" animée par Daniel Filipacchi, on distinguait déjà ces vieux (de plus de 20 ans) incapables d'être dans le vent des yé-yé, 
















Ce billet a été rédigé sans avoir recours à l'I.A.

dimanche 2 mars 2025

Emissions politiques du dimanche : la messe est dite et le dimanche gâché…

La messe est dite et redite ! Qui peut bien écouter le dimanche à midi sur France Inter, la messe dite par les politiques ? Qui donc ? Pas les cyclistes amateurs qui depuis 8h du matin traversent, essoufflés, villages et hameaux de la France rurale. Pas les sportifs de tous poils qui s'entrainent ou se déplacent vers le lieu d'un championnat ou d'une compétition. Pas ceux qui mettent la balade matinale et dominicale au-dessus de tout et qui ne rentrent at home que vers 13h. Pas celles et ceux qui s'affairent en cuisine et les autres qui déambulent dans ce si sympathique marché où il fait bon entre deux achats faire une pause au café du coin. Pas celles et ceux qui travaillent. Pas ceux qui viennent de se coucher. Pas ceux qui regardent la mer qu'on voit danser le long des golfes clairs. Pas celles qui lisent le journal. Pas ceux qui emmènent les enfants au jardin public. Pas celles et ceux qui ont besoin de sortir de l'entonnoir dans lequel les radios veulent les faire passer.









Cette programmation d'un dimanche est juste pathétique et la copie de ce que les radios privées ne manquent pas de faire elles non plus. Mais attention, chères auditrices et chers auditeurs, avant ce couperet de midi (qui vous couperait l'appétit) on vous a mis du divertissement. Du divertissement détemporalisé. Il semble que jusqu'à un autrefois très proche la France entière de retour de week-end en auto (mobile) était tout ouïe au "Masque et la plume". Madeleine qui de génération en génération a structuré l'avant blues du dimanche soir. Maintenant le blues peut survenir plus vite puisque cette émission est diffusée dès dix heures du matin (amputée d'un quart d'heure !).

Fut un temps au début des années 80 ou même "L'Oreille en coin" (1) avait succombé à la tentation d'inviter les politiques du moment le dimanche matin entourés de chansonniers. Maintenant ce sont les politiques eux-mêmes qui font les chansonniers mais avec un terrible défaut : ils ne sont ni drôles, ni pertinents, ni subtils ni intéressants. Pathétiques forcément pathétiques.

France Inter à sa façon participe à la désacralisation du dimanche. Elle n'essaye plus de donner un autre ton à la radio, de laisser plus de place à l'imaginaire. À nous laisser souffler un peu et nous affranchir de l'empilement informationnel et médiatique saturant l'espace et l'esprit. France Inter n'a plus aucune imagination pour se distinguer, persuadée que l'écoute se consomme en miette, en replay. Alors qu'il soit midi ou 16h30, 20h ou 3h du matin tout ça c'est pareil. Le temps n'a plus aucune prise sur le cadencement d'une journée. On n'écoute plus un programme on écoute un podcast.

Les politiques, encouragés par la radio, peuvent donc à loisir saturer notre temps de cerveau disponible. Sauf qu'il y a belle lurette beaucoup d'entre nous ont pris la tangente. Mais ça la radio refuse de le voir et de l'entendre. Une politique du déni absolu.

(1) Pierre Codou co-créateur du programme dès 1968 s'opposait à ce genre de divertissement. Jean Garretto, co-créateur du programme, l'a installé à l'antenne de 1980 à 1989 ,à la mort de Pierre Codou.