jeudi 23 avril 2015

Auditeurs, Consommateurs groupons nous … et demain…

Graph' Médiametrie/ J'avais pas d'illus. de consommateurs…















Il semble bien que quelques auditeurs, et leurs commentaires en font foi, n'aient pas supporté cette "reprise du travail" sur les antennes de Radio France il y a maintenant une semaine. Mais comment peut-on mesurer ça ? Où sommes-nous les auditeurs ? À part dans les paniers (sic) de Médiamétrie ? Où pourrait-on entendre notre voix ? À part chez l'épicière, au café ou avec quelques voisins amateurs de radio ? 14 millions d'auditeurs de Radio France écoutent la radio quotidiennement et ce ne sont pas quelques brebis égarées, quelques moutons noirs qui peuvent faire bouger quelques lignes que ce soient.

Et pourtant nous sommes représentés par une association de consommateur au sein du Conseil d'Administration de Radio France (1). Et comment cette représentante peut-elle faire entendre nos voix ? Ou plutôt comment cette représentante peut-elle entendre nos voix ? Va falloir une grande salle pour rassembler 14 millions d'"actionnaires". Ben oui puisque c'est nous les "actionnaires" du service public.(2)

En attendant, à l'enthousiasme de façade de programmes plus sympas les uns que les autres il faut opposer les échos qui viennent par petites bribes nous faire savoir que l'ambiance interne à Radio France est plus que morose et que le personnel reste inquiet et dubitatif. Que fait le médiateur ? (3) Que fait l'intersyndicale ? Que font les syndicats ? Où en est-on du plan de départs volontaires ? Des travaux du chantier pharaonique ? De la syndication de France Bleu et des orchestres ? Du Contrat d'Objectif et de Moyens (Com) ? La radio nous informe de tout, tout le temps, mais pas de ce qui se passe à la radio.

Par contre en ce qui concerne les playlists diffusées sur les antennes pendant la grève on a gravi un échelon supplémentaire dans la désinvolture. Enguérand Renault, journaliste au Figaro et animateur du "Buzz média Le Figaro" recevait le 20 avril, Frédéric Schlesinger, directeur éditorial des antennes de Radio France. Ce journaliste pour donner sans doute une note de fraîcheur à son entretien n'a rien trouvé de mieux qu'à l'issue de celui-ci (à 12'16") de proposer à Schlesinger "d'éditer en best-of les playlist de grève de France Inter, cela pourrait participer aux nouvelles recettes supplémentaires que Radio France doit trouver" (4). 

Schlesinger a trouvé l'idée judicieuse et la Société du spectacle une nouvelle occasion de toucher le fond du cynisme, de la morgue et du mépris. Et dire que si ce type de produits existait il y aurait des consommateurs pour les acheter ! Pourrait-il surtout y avoir des auditeurs "consommateurs" pas pour acheter les playlists de grève mais pour rencontrer la représentante des consommateurs au Conseil d'Administration de Radio France ? Cette question urgente on pouvait compter sur Enguérand Renault pour ne pas la poser.

(1) Frédérique Pfrunder, Association de consommateurs Consommation, logement et cadre de vie, depuis mai 2014

(2) 14 millions ce sont les auditeurs. Tous les français sont "actionnaires" du service public radiophonique,
(3) Il n'a pas daigné répondre à ma lettre ouverte !
(4) Il serait utile de rappeler à ce journaliste que toutes les chaînes disposent de playlist utilisées pendant les grèves. De personnaliser celles de France Inter par le nom du Directeur de la musique de la chaîne est au moins un raccourci, au plus un mépris pour les programmateurs dont c'est la fonction. 

4 commentaires:

  1. Des questions en réaction à ce billet :
    - La représentante des "consommateurs" au conseil d'administration de Radio France s'est-elle exprimée récemment ? L'aurais-tu contactée ?
    - Depuis quand parle-t-on d'"actionnaires" de Radio France et qui cela désigne-t-il exactement ? L'ensemble des Français·e·s ? L'ensemble des personnes qui paient la contribution à l'audiovisuel public ?
    - À propos de la redevance, quel est ton point de vue ? Faudrait-il l'étendre à l'ensemble des personnes redevables de l'impôt ? ou du moins à celles qui possèdent une radio ? ou, de façon peut-être plus pertinente aujourd'hui, à toutes celles qui paient un abonnement à internet ? (Si tu quelques références de débats actuels à lire quelque part, je suis preneur)

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    1. Bonjour Étienne,
      D’abord une remarque sur ton « fil » de questions ! Oumpfff ! Je suis blogueur pas le rédacteur du Quid ! Je peux donner quelques réponses à titre personnel mais en aucun cas représenter qui que ce soit. À l’occasion tu me diras pourquoi mon point de vue t’intéresse tant et pourquoi n’interviewes-tu pas tes voisins, tes amis, ton réseau ? En quoi mon point de vue t’intéresse t-il ? Pourquoi tu n’interpelles-tu pas les gens de Radio France que tu connais ? Et pourquoi pas Mathieu Gallet dans une lettre ouverte par exemple ?

      1. Je ne sais pas. En tout cas pas à la presse sinon, par la porte ou par la fenêtre j’en aurais entendu parler (toi aussi d’ailleurs) !

      2. Le terme "d’actionnaires" est une supercherie langagière inspirée par les golden boys de la finance et du marketinge (sic). Ça voudrait nous laisser accroire qu’il conviendrait de gérer les entreprises publiques comme les privées. En utilisant ce terme les nouveaux gourous de la pensée libérale flattent l’État dans le sens du poil. Veulent le valoriser au point que, s’enorgueuillissant, ce dernier les flatte à son tour et les promeuvent au titre de « capitaine d’industrie… publique ». Cette mascarade tendance est odieuse pour qui veut garantir les valeurs d’un service public qu’il soit audiovisuel, hospitalier, éducatif etc…
      Les « actionnaires » de Radio France sont tous les Français sans distinction qu’ils utilisent ou non tel ou tel service public. Comme le précisait Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart et que j’ai cité récemment dans un de mes billets.

      3. Et toi quelle réponse me donneras-tu à cette question?
      Je trouve regrettable à titre personnel que n’ayant comme équipement audiovisuel que plusieurs radios je ne paye pas une redevance au prorata. Lorsque j’ai acheté ma première radio en juin 1974, j’ai payé ce qui correspond maintenant à l’appellation « redevance » et ça me semblait normal. Les petits génies qui étaient convaincus que tous les français posséderaient la TV un jour ou l’autre se sont foutus le doigt dans l’œil et ont de fait opéré une discrimination de la radio « englobée/enfermée » dans la redevance TV sans distinction.
      Je suis prêt à payer pour la radio. Mais je ne vois pas les penseurs de Bercy être capables de proposer simplement une « taxe » sélective.

      Merci de répondre ici aux questions que tu me poses afin que « mes » lecteurs en sachent un peu plus sur toi et tes positions, ce que moi-même je viens de faire de bonne grâce alors que je pourrais être en train de roucouler sous les palétuviers roses.

      So long…

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  2. Merci pour tes réponses.
    D'accord avec ton point 2.

    Je m'intéresse à ton point de vue, parce que tu le donnes, déjà, régulièrement sur ce blog, parce qu'il est avisé d'une expérience et d'une connaissance que je ne possède pas. Je profite que tu le rendes public sur un blog ouvert aux commentaires, car rares sont les espaces d'expression et de discussion sur la radio. Après, comme toi, je ne représente non plus personne et je n'ai pas l'habitude de m'exprimer en mon nom sur internet, mais je vais faire une exception puisque tu m'y invites si chaleureusement ;)

    Concernant la redevance, depuis que je suis en âge de déclarer mes impôts, je n'ai pas de téléviseur, donc je ne la paie pas et, s'il m'est venu à l'idée de faire un "beau geste" pour contribuer à la radio publique, ça me ferait quand même mal de financer dans le même coup la télé (même si Arte, Arte Radio, bon bref...). Du coup, je comprends un peu les personnes qui râlent de payer pour des télés-radios qu'elles ne cautionnent pas. Comme les médias se "consomment" de plus en plus sur internet, il me semblerait plus logique de conditionner la redevance à la connexion à internet. Faut-il taxer les FAI ou les abonné·e·s ? Je n'en sais rien. Et puis je dis que ce serait "logique", mais pour autant est-ce que ce serait juste ? Est-il juste d'avoir une radio de service public financée par un impôt non-obligatoire à côté de radios citoyennes / associatives (sous-)financées par l'impôt obligatoire (depuis 2009) et, de façon inégalitaire, par des collectivités territoriales ? Cela pose plus globalement la question de la pertinence d'un service public de la radio et de la télé. Non pas que je souhaite sa suppression, mais il serait intéressant de réfléchir à ce qu'on veut comme paysage médiatique, et pas toujours en tant que "consommateurs / consommatrices" qui attendent un service. Pourquoi les médias citoyens / associatifs devraient-ils être condamnés au bricolage, à la précarité, au bon vouloir des édiles locaux ? Pourquoi les locales de Radio France ne sont-elles pas des espaces d'expression, de création, ouvertes aux habitant·e·s du territoire, voire même des espaces de formation ? Pourquoi la radio "professionnelle" et la radio "amateure" (gros guillemets) sont-elles des entités cloisonnées, hermétiques l'une à l'autre ?... J'aimerais entendre des gens qui auraient plus de recul sur le modèle actuel.

    Par ailleurs, je te propose qu'on se tienne au courant de nos déplacements respectifs à la capitale (en ce qui me concerne, j'y serai les 4-5-6 mai prochains). Ça pourrait être bien qu'on se voie et peut-être qu'on invite d'autres personnes à réfléchir à ces questions. Cela en réponse au titre de ce billet. Et je l'écris ici, au cas où ça donnerait des envies à d'autres lecteurs et lectrices de ton blog.

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    1. Excellent ! Ça valait le coup de te solliciter ! Je répondrai d'ici quelques heures à tout cela. D'ores et déjà je partage ton point de vue sur la place et le rôle de France Bleu dans les Régions et sur ce que cette radio pourrait/devrait jouer. Peut-être que mes réponses seraient plus appropriées et lisibles sur un billet que je pourrais publier demain.
      Cette interactivité entre nous, sur le blog, après 4 ans (pour moi) de rédaction, ressemble à un aboutissement heureux et laisse entrevoir de passionnantes perspectives avec nos communautés de lecteurs. Yo !

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