mercredi 2 décembre 2015

Radio-Archives : Christian Lacroix (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…

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Christian Lacroix (14 novembre 1988)
"Être à la mode c'est être démodé dans la minute qui suit" voilà comment Christian Lacroix, couturier lucide, essaye de temporiser le succès fulgurant de sa très jeune maison de couture qui a un tout petit peu plus d'un an lors de cette Radioscopie. Lacroix est à la fois dans un mouvement de dessin et dans celui de la flamboyance des arts, quand ceux-ci se mêlaient autour du théâtre ou de l'opéra dans les années 35 à 50. 

Et Lacroix de se reprocher, alors qu'il voudrait être en prise avec l'air du temps, de ne plus lire, de ne plus aller au théâtre ou au cinéma. En 88, Lacroix trouve qu'on vit dans une période d'uniformisation, que l'ambiance s'est alourdie depuis 20 ans (1), c'est une raison pour lui de faire éclater les couleurs dans la rue (2). Et puisqu'il a en face de lui un homme de racines, Chancel joue et surjoue avec Arles, qui a vu naître Lacroix, et le prestige de ses créateurs (Clergue, Nyssen,…).

"J'aime se faire entrechoquer les époques différentes, les folklores différents" dit Lacroix. On sent l'ouverture au monde, la flamboyance qu'il veut insuffler à ses créations avec en même temps une réserve, une discrétion ou une délicatesse pour le silence. Chancel ne tient plus en place, Lacroix en pleine maturité professionnelle et morale ne suffit pas à l'animateur de radio il veut à tout prix projeter Lacroix dans un avenir que ni le couturier ni personne ne peut prédire. Mais Chancel essaye de toujours aller plus loin que l'histoire présente. Comme si "ça ne suffisait jamais" d'évoquer le passé et le présent.

Et Chancel d'être vraiment incorrigible quand il demande à Lacroix "Vous aimeriez avoir votre statue ?" Le couturier a alors la meilleure réponse qui soit, il sourit et ricane… sous cape !


Cette treizième Radioscopie clôt le premier CD des "Inédits" que publie l'INA.

(1) On était en 1968 et Pierre-Viansson Ponté écrivait en mars de cette année-là, dans Le Monde, "La France s'ennuie" !
(2) Que dirait-il aujourd'hui de l'uniformité du noir qui habille tant et tant de vêtements ?

L'extrait reviendra bientôt !

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