lundi 17 juin 2019

Un gringalet dans un jeu de quilles…

J'écris ce billet samedi pour parution aujourd'hui. J'ai carrément le blues. Une machine infernale est en marche. Et à moins d'un changement de régime, je vois mal comment l'opération programmée d'extinction de la radio publique (fréquence historique) s'arrêterait. Bien plus que la mue c'est tout un esprit qui n'anime plus, ni les élites (de l'État au Ministère de la Culture, en pensant par la représentation nationale) qui n'écoutent pas les programmes de radio (je ne parle pas des infos), ni la pléthore de dirigeants (cadres en tout genre, directeurs de chaînes) qui managent cette entreprise audiovisuelle, Radio France, comme ils le feraient aussi bien (aussi mal) avec une start-up, une grande enseigne de distribution, où une boîte de téléphonie (sans fil). 



On nous a baratiné et cassé les oreilles, depuis cinq ans, sur les principales chaînes de Radio France en fin de chaque émission pour nous "vendre du podcast". Il fallait podcaster à tout va. Clicque, clique, clique. Quitte à ne jamais mettre une oreille dans sa bibliothèque qui, peu ou prou, ressemblait à la plus petite plateforme d'une enseigne de distribution alimentaire ! Une fois le podcast bien installé dans les mœurs médiatiques il ne restait plus aux dirigeants de Radio France qu'à roucouler, sûre qu'avec cette "option" ils allaient renouveler l'audience et attraper du "jeune" en moins de temps qu'il ne le fallait pour le dire.

L'affaire s'accompagnant de débauche numérique, de mots tarte à la crème -média global, radio filmée -, de communication syncopée, de roucoules au-delà de l'audible et d'auto-satisfaction que celle de Didier Varrod (1) pourrait apparaître comme humble (sic) ! L'affaire était entendue ou devait s'entendre "Le XXIe siècle serait numérique ou ne serait pas" ! Et bam on reçycle une pensée illustre de Malraux, on pose dans une galerie, on se surexpose chez Médiamétrie (un club à la mode) et on fait les yeux doux aux tutelles qui ont trouvé enfin une dirigeante à la hauteur pour "tailler dans le lard".

Ça c'est ce qui se joue sur les podiums médiatiques. Quand "vu et connu", apparaît en semelle de plomb (de chez Dior) un jeune loup spécialiste des boîtes mais pas de Graeme Allwright. Patatrac le joli château de cartes (numérique) que Laurent Frisch, Directeur du Numérique et de la Production (Radio France) nous vendait en toutes occasions s'écroule. Où l'on découvre que les podcast de Radio France ne sont pas assez "protégés" et peuvent être exploités et diffusés par d'autres opérateurs de musique et ou de podcasts. Gallet (2) a mis les pieds dans le PAF (Podcasts Audio Français) et à cause de lui on est en train d'assister à la retraite de Russie, Apocalypse now et à la Saint-Barthélémy réunis.



Les "petits" podcasteurs se rebiffent avant d'être mangés tout crus, les gros veulent encore plus de gâteau et Radio France profitant du "malaise" annonce sans barguigner l'ouverture aux co-productions comme ça, entre deux, dans la panique d'une gestion pour le moins légère d'autorisations pour tel ou tel de diffuser ses podcasts et l'interdiction pour d'autres (3). 

Alors que tout laisse entendre que la mue de Radio France file vers l'inexorable destruction massive des métiers, des savoirs-faire et des pratiques, pendant ce temps ailleurs dans le monde, d'autres petits génies inventent la radio de demain sans en faire tout un fromage. "Il s’agit d’une nouvelle liste de lecture Spotify qui associe le meilleur des émissions d’actualités, y compris la pertinence et la personnalité des hôtes, au meilleur de la diffusion audio en continu (à la demande, en lecture personnalisée et en découverte) », explique Spotify. « Celle-ci combine la musique que vous aimez avec des mises à jour mondiales pertinentes et opportunes issues de sources réputées – le tout dans une expérience d’écoute homogène et unifiée." (4) 

T'as compris ? Les dés sont jetés et pas que les dés (5) ! Une forte pluie va tomber ("A hard rain's a-gonna fall")
(À suivre)
Demain "Lettre ouverte à Sibyle Veil"…

(1) Le futur Directeur de la musique de Radio France (xème dirigeant récemment nommé) affirme avoir découvert la quasi totalité de la nouvelle chanson française dans son émission hebdomadaire de France Inter,
(2) Dans le rôle de St Innocent (aux mains pleines) le startuper a réussi non seulement à se mettre tout le monde à dos, renverser la table à Radio France et grimper sur son arbre roucouler avec dans son bec LE fromage, 

(3) Le 11 juin 2019, Laurent Frisch, annonce dans "Du grain à moudre" sur France Culture, [il est] "dans le champ des possibles d'accueillir les contenus d'autres producteurs" [que ceux de RF s'entend, ndlr]. Des coproductions pourquoi pas aussi …",

(4) Avec la nouvelle playlist intitulée Your Daily Drive, Spotify imite la radio avec de la musique et des podcasts sur l’actualité"" in "Comment Spotify pourrait tuer la radio traditionnelle", PresseCitron, 12 juin 2019. On notera "imite la radio" !

(5) Dans un article publié le 16 juin sur Mediapart, Laurent Mauduit écrit à propos de Sibyle Veil : "En assurant la promotion de l’une de ses proches à la tête de Radio France, Emmanuel Macron attend d’elle qu’elle se comporte comme une préfète. Qu’elle coupe dans les crédits comme dans les effectifs. Qu’elle fasse des économies sans trop se soucier des missions de service public." in "Crise à Radio France: un rapport dément les chiffres de la direction", 



Pour mémoire : "À tant d'idées, d'images, de sons,… à toutes ces rafales de suggestions déclenchées vers la foule secrète des esprits, bref à la radio fallait-il une maison ? Oui." Charles de Gaulle, 14 décembre 1963,
(Emmanuel Laurentin, producteur à France Culture, avait révélé pour les 50 ans de la Maison de la radio, qu'il avait retrouvé les notes de de Gaulle et que ce dernier avait biffé le mot "mission" pour le remplacer par "maison")

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