lundi 28 janvier 2013

Radioscopages…












Autrefois, "se taper sur les cuisses" n'était pas qu'une expression. C'était un geste de joie explosive où, à la dimension du bonheur de rire, on ajoutait une attitude excessive de démonstration. Eh bien, figurez-vous que samedi après-midi dernier, je me suis tapé sur les cuisses ! Pas en écoutant la radio non, mais en lisant ce que quelques gloseurs et autres observateurs privilégiés (sic) avaient décidé d'écrire sur la radio. Préparez vos mouchoirs, vous allez rire… ou pleurer.

Le très sérieux journal Le Monde (1), dans son édition datée du dimanche 27 janvier ouvre ses colonnes par un billet qui semble s'apparenter à un "éditorial" (sans le titrer comme tel) (2). "C'est dit", c'est le nom du billet, titre : "Ockrent, de retour "aux Affaires"". On notera immédiatement les guillemets (entourant les mots "aux Affaires"), pour ne pas qu'un seul instant on imagine quoi que ce soit de déplaisant à l'égard de cette personne. Le titreur s'est fait plaisir. On lui avait ouvert un boulevard, il s'est engouffré dedans (voir le billet en question).

En quelque deux mille signes, Guillaume Fraissard présente l'arrivée sur une chaîne publique de Radio France (3), de celle qui, à défaut d'être une "vraie" reine, a côtoyé moults rois de la politique (4). On notera que pour ce billet aucune photo ne vient illustrer le propos, pas plus qu'aucune accroche n'apparaît en une du supplément (5). Pas besoin, ce billet croustille suffisamment d'allusions, à commencer par son titre, pour attirer le lecteur. D'allusions à la "fabrique de la radio" ? Que nenni ! Faut quand même pas rêver. Parler autour (de la radio) et des affaires (sans guillemets) des médias est bien plus croustillant que d'écouter soi-même la radio et de savoir en parler. "La rumeur du monde… de la radio" n'existe pas. Enfin n'existe pas comme émission de radio, car sinon le buzz qu'elle provoque (la rumeur) "dans le milieu des médias autorisés" est phénoménal. Vous irez lire, si le cœur vous en dit, les révélations avancées par ce billet. Ne comptez pas sur moi pour faire le commentaire du commentaire, et encore moins pour évoquer le désarroi de celui qui, du haut de sa splendeur passée, n'avait aucun état d'âme à se séparer de collaborateurs qui avaient eu l'outrecuidance de franchir "sa" ligne jaune (6).

Samedi n'était pas fini, question "tapage sur les cuisses". L'hebdomadaire culturel de référence, Télérama, nous apprend via son site web, et à la section "Télévision", que "Silence radio" vient d'obtenir le prix "Télérama" du documentaire étranger au Fipa 2013 (7). Vous croyez peut-être avoir mal lu ? Alors quoi, c'est de la télé ou de la radio ? Les deux mon adjudant. C'est un documentaire audiovisuel qui parle d'une radio locale de Picardie et de ses auditeurs. On notera le fait rarissime qu'un documentaire ou qu'un reportage parle de radio… à la télévision (8). Je n'ai pas vu le documentaire, mais je note que le réalisateur s'intéresse à ce qui se passe autour d'une émission de radio, pendant et après. On pourrait dire, sans crainte d'être offensant pour la création, que la radio est un prétexte. Un très bon prétexte même car il est assez rare que la radio elle-même s'intéresse aux effets de ses créations sur ses auditeurs. Ici, le cocasse de l'affaire c'est que la télévision pourrait diffuser ce documentaire, juste parce que "ça parle autour et pas de". On se demande alors bien pourquoi ce n'aurait pas pu être un formidable documentaire radio ?

Dans les deux cas évoqués aujourd'hui, c'est l'"autour" qui fait sens et se donne en spectacle. On rêve bien sûr que la radio fasse suffisamment sens pour elle-même pour qu'on en parle autrement… qu'autour.

(1) Ça pose tout de suite le décor et LA référence,
(2) Bien en vu (colonne de gauche), en page 2 de son supplément "Télévision". On notera qu'on ne risque pas d'y parler radio, à moins que…
(3) France Culture,
(4) Les petits, les grands, les seigneurs déchus et autres princes sur le retour,
(5) L'annonce en milieu de semaine ne pouvait plus bouleverser la "belle mécanique" d'ordonnancement de une, établie hors actualité "chaude",
(6) Celui qui vient d'apprendre que son émission s'arrête, de facto, (cause arrivée de sa "remplaçante" à l'antenne),
(7) À défaut de vous taper sur les cuisses, préparez-vous à vous pincer,
(8) Nous ne savons pas encore si ce documentaire sera acheté par les télévisions francophones de par le monde ?

2 commentaires:

  1. "..il est assez rare que la radio elle-même s'intéresse aux effets de ses créations sur ses auditeurs."
    Mais si voyons, chacun sait que les chaînes (toutes les chaînes service public + autres ) s'intéressent aux retombées sur les auditeurs, mais aux retombées chiffrables comme par exemple le nombre de podcasts de chaque émission.
    L'image de Bouvard s'inquiétant auprès d'un cadre de RTL du nombre stagnant de podcasts des "Grosses Têtes" me reste en mémoire.Je ne pensais pas ( je suis un grand naïf) que l'on puisse penser à podcaster ce genre de m... pardon....d'émission mais il faut croire que si...

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  2. Vous écrivez, Fanch : "je note que le réalisateur s'intéresse à ce qui se passe autour d'une émission de radio, pendant et après"

    Pourquoi ? Parce que s'immerger prend du temps (voir la préparation des apnéistes...) tandis que caresser l'écume, facile ! Le pipole, pas le sujet ! la forme pas le fond, la trombine de X ou de Y et non l'analyse, l'anecdotique et non le substantiel. Voilà le mode de fabrication des papiers ou des reportages, sauf exceptions.

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