lundi 23 novembre 2015

Pavlov et la radio… ou la commémo du Masque et la Plume

2ème en partant de la gauche Bastide, puis Polac…






















En radio, comme partout, Pavlov se joue très bien du réflexe… Par exemple si vous apprenez par hasard (ça c'est quasiment impossible) que telle station de radio, tel animatrice/animateur, telle émission fête ses 10, 20, 30, 40 ans, et plus si affinités, vous êtes peut-être tentés, comme moi, de tendre l'oreille même si les 60 ans d'Europe 1 (1), les 30 ans de "Réplique" (Alain Finkielkraut/France Culture), les 5 ans de Schmoldu et les 60 ans du Masque (et la Plume sur Inter) ne vous interpellent pas au point de cesser de "peigner la girafe" tout affaire cessante.

@Tristesirejr m'interpellait samedi sur Twitter pour me demander " sera t-il à l'écoute de l'émission anniversaire du "Masque et la plume"?" (sic). Diantre voilà qu'on me parle à la troisième personne et, que le dit-tristesirejr, auditeur assidu de la radio publique m'oblige à sortir du bois pour, sur la montagne pelée, dire aux foules auditrices "Oyé z'auditeurs, dimanche soir, ne manquez pas de plonger dans la France Inter car le Garcin tombe les Masques et les Plumes". Ou plus grave "Si dimanche soir vous avez un peu de goudron… ?"

Sérieuse l'équipe "Masquée"















Avant écoute
Ben ni l'un ni l'autre cher Tristesirejr, faites comme vous voulez. Quant à moi sur ce coup-là ce sont les archives qui m'intéressent car le lamento faussement tonique et complice de Garcin me gave depuis les origines. C'est exactement comme Bunel, ex-mèche rebelle, sur Inter qui a tenté sans succès de "remplacer" Chancel (2) ! Les deux ont un ton qui m'horripile. Et donc je ne les écoute pas même-si-c'-est-absolument-formidable-ce-que-fait-Garcin-depuis-26-ans-en-perpétuant-la-tradition-du-masque-amen. Ben voyons ! Sauf qu'à se mettre dans les chaussons des inventeurs Bastide et Polac, on prend le risque de n'être jamais dedans (les chaussons). 


Réunir des critiques autour d'une table et les faire parler à tour de rôle ou l'un par-dessus l'autre de cinéma, de théâtre, de littérature avec des sujets rabattus et sur-rabattus sur tous les médias, c'est d'un banal à pleurer. Pour y faire éclore le(s) talent(s) et perdurer la "marque de fabrique" de l'émission encore faudrait-il que Garcin ne soit pas lui-même noyé dans la comète médiatique radio-presse-édition ? Mais voilà il l'est (noyé). Et je n'ai pas du tout envie d'écouter sa petite musique du dimanche soir.















Après écoute
Ouvrir l'émission avec l'annonce de Polac sur le piano en "live" en studio est bien vue. La façon pourrait être un cas d'école. Fougueux Polac, monté sur son cheval, débite son chapelet… de noms pour s'en débarasser au plus vite et entrer dans le vif du sujet. Il est bon que Garcin cite "Radio Télévision Française" "Jean Tardieu" "Club d'Essai" qui ont été les ferments du Masque. 

Mais ils sont où les poètes comme Tardieu sur les ondes de Radio France ? Ils ont où les "Clubs d'Essai" ? C'est bien joli Garcin de rappeler le contexte de la création de cette émission emblématique, encore faudrait-il avoir le courage de poser les bonnes questions ? Pour Inter il vaut d'abord mieux commémorer qu'inventer et prendre des risques. À moins que l'on considère être un risque d'avoir "exposé" Nagui tous les jours avant midi. Mais ça Garcin vous n'avez certes pas la trempe pour le dire.

Bien sûr d'entendre les compères Bastide, Polac et Bouteiller "refaire" l'histoire c'est succulent. Magnifique de comprendre l'engagement de Bastide et Polac pendant le guerre d'Algérie, la censure et le sabordage de l'émission par ses producteurs. Et satisfait de constater que Bastide n'oublie pas la directrice d'Inter Agathe Mella (4). Pas plus que Ciment (Michel) de raconter ses origines de radio. Quant aux "Laurel et Hardy" (5) Charensol et Bory on ne peut que savourer ces soirées délicieuses qui avaient du "chien". 














Quant à faire venir les cinéastes pour dire leur vénération ou leur détestation pourquoi pas ? Mais on l'aura vite compris les cinéastes invités sont aussi ceux dont "on parle". Pour autant Gianolli (Xavier) est juste et pertinent. Et le témoignage de Bonnaud (Frédéric) va dans ce sens. Combien de cinéastes auraient tant aimés aussi qu'on parle de leurs films. Mais que Garcin dise que partout ailleurs (hors Inter) la critique est le robinet d'eau tiède c'est assez juste, mais sur Inter aussi, les invités sont reçus à longueur d'émissions pour flatter leur travail.

Très intéressant d'entendre Ribes (Jean-Michel) montrer la différence des effets de la critique cinéma et de celle du théâtre, mais surtout quand il dit avoir compris que "les critiques ne parlent pas de ce qu'ils ont vu ou entendu, mais ils parlent d'eux…". Et très joli le souvenir de Josse (Vincent) qui découvrira, via Ribes, qu'il et un acteur rentré ! Et pour ce qui concerne les "Livres" qu'il est bon d'entendre Raspiengas (Jean-Claude) dire qu'il est "juste que les critiques n'aient pas le dernier mot" (7). 

Au florilège des avis, sur l'émission, des critiques de l'émission on regrettera que ceux-ci ne soient pas précédé ou suivis de leur nom ! Cet effet "Club d'entre-soi" est très désagréable et n'a plus rien à voir avec l'enthousiasmant "Club d'essai".

En guise de cerise sur le gâteau…
Pourquoi aimions-nous tant Le Masque d'avant ? Tout simplement parce que la radio n'avait pas encore usé et abusé du "concept de bande" que Bouvard, Villers et Ruquier allaient magnifier. Il était complètement inédit qu'à la radio des critiques s'invectivent, s'esclaffent et s'injurient. De belle façon mais s'injurient quand même à fleurets pas si mouchetés que ça. Mais le mot de la fin on le doit à Chabrol (Claude) "J'aime quand la Plume gratte le Masque…" Ce bon mot, je le conjuguerai à l'imparfait ! 















(1) Ben si, j'avais passé la journée sur Europe…
(2) Ça c'était la promo qui le disait car faudrait faire autre chose que d'enfiler des perles pour remplacer le caïman Chancel,
(3) Je suis au Pays Basque (sud) avec une connection défaillante donc dès que je rentre at home j'écoute,

(4) À la différence d'un d'Arvor qui dans son lamento de départ de France Culture cite tous ses prédécesseurs sauf Mella,
(5) L'expression est de François Morel,
(6) Producteur de la Matinale de France Musique et ex-Inter,

(7) Ce qui de fait mes chers auditeurs est aussi mon point de vue de critique ;-) 

1 commentaire:

  1. Je ne cacherais pas ma déception à l'écoute de cette émission spéciale 60 ans du Masque et la Plume. Il y avait mieux à faire que d'inviter des écrivains ou des cinéastes à faire part de leurs impressions d'auditeurs(intéressant peut-être mais pas vraiment original). Trop convenu... à l'instar de son présentateur?
    Pourquoi ne pas inviter des auditeurs à critiquer le Masque et la Plume? Et pour écouter de plus larges extraits de l'émission époque Bastide ou Polac(crainte que la comparaison ne soit pas flatteuse pour Garcin?), je crois qu'il faudra plutôt compter sur Radio-Archives...
    Une grosse déception, pas une vraie surprise.

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