mercredi 9 novembre 2016

Magnétisme nuit...




















Pour prolonger mon billet d'hier... 

Le magnétisme de France Culture, d'Alain Veinstein et en toile de fond d'Yves Jaigu, le directeur de la chaîne (1) tient dans l'"édito" qu'Alain Veinstein dit au micro des "Nuits Magnétiques" ce 2 janvier 1978 à 22h30.

Long indicatif (2), voix mêlées pour dire "Nuits magnétiques", puis viendra la musique la plus connue de l'indicatif et le simple "Bonsoir" de la jeune voix d'Alain Veinstein : "Nuits magnétiques, du lundi au vendredi, 22h30-23h50. Pour inaugurer ce nouveau programme, j'ai demandé à Pascal Dupont de se rendre à New-York et d'en rapporter un journal de voyage, écrit et enregistré à la premiere personne du singulier. Paradoxalement ce ne sont pas les signes de la modernité que Pascal Dupont a trouvé à New-York, mais les réminiscences d'un obscur Moyen-Âge. New-York vivrait à l'heure du Moyen-Âge si l'on en juge par la grande peur qui saisit la ville, l'histoire de la folie qui s'y écrit chaque jour, l'obscurantisme qui leur est lié,  l'éclatement des mysticismes, la cour des miracles qu'est la rue, les jacqueries des gueux du ghetto. Selon Pascal Dupont tout dans la ville, jusqu'à l'annonce possible ou rêvée d'une renaissance semble relever d'une fresque médiévale. 


Cette première semaine de Nuits Magnétiques sera donc entièrement composée de ce journal de voyage fait d'impressions prises sur le vif et entrecoupé d'entretiens, de bruits de la rue, de textes et de musiques, beaucoup de musiques, toutes contemporaines. Ce soir jusqu'à 23h50, La grande peur, la grande peur sur les magnétophones de Nuits Magnétiques. Pascal Dupont nous dira ses premières impressions ; le métro, la rue et s'entretiendra de la mythologie New-Yorkaise avec Anne Coquelin. On verra comment New-York se plaît à mêler les genres, à confondre les époques et à s'inventer une histoire."

Soit 4'20" d'un texte ciselé pour mettre l'auditeur dans le contexte, dans l'angle choisi par Dupont, dans le magnétisme frissonnant d'un New-York réinterprété. Pour lui faire la promesse de l'inattendu, des chemins de traverse et de créations hors mode et hors éphémérides tyranniques. Hors actualité. Tout le contraire d'une radio didactique, servile et dans l'air du temps. Les "Nuits magnétiques" poursuivront leurs voyages cosmiques jusqu'en 1990 (3). 

Pour l'enregistrement de ces premières "Nuits magnétiques" il est assez peu probable qu'à New York, Yves Jaigu ait servi de chaperon à Pascal Dupont. En ces temps de Giscardisme attardé les directeurs des radios publiques ne passaient pas leur temps au chevet des producteurs. Ni pour les élections présidentielles des États-Unis pas plus que pour célébrer in situ le nouveau roman d'un auteur américain. L'argent était utilisé pour faire de la radio, pas du tourisme culturel et/ou politique. O tempora o mores....

(1) 1975-1984,

(2) "Kanaan" par Amon Düül II, Merci à Guillaume Hamon pour cette référence,
(3) Reprise par Colette Fellous l'émission s'éteindra en 1999. Alain Veinstein produira alors "Surpris par la nuit" jusqu'à la fin de saison 2009.

9 commentaires:

  1. Bonsoir Sieur Fanch'
    Merci pour cet extrait des Nuits magnétiques. Ce n'est pas sans vous cacher que les termes "nuits magnétiques" exerçaient en moi un magnétisme certain. Cela me rappelait les pages dédiées aux programmes radios du Telerama de l'époque que j'épluchais dn cherchant frénétiquement la tête d'un de ces mystérieux animateurs du service publics. Et oui, 22h30 à mon petit age de l'époque c'était trop tard pour écouter ... pas de peau de cast ... et puis France "culture" ça me faisait peur à l'époque !

    Et puis bien plus tard vos billets qui y font régulièrement référence (avec un peu d'amertume tout de meme ! :).

    Bref, cela titillait une curiosité jusqu'à présent inassouvie. Merci donc pour ce moment !

    A bientôt,

    Eric

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    1. Hello Éric,
      Vous l'aurez lu ci-dessous, voilà que Télérama, "l'hebdo de la radio" (c'est moi qui le dit, mais à l'époque c'était une référence pour la radio) est cité par deux fois. Télérama, donc, vous aidait à découvrir les visages des "vedettes", mais quel régal quand on ne les connaissait pas et que leurs voix ajoutaient au magnétisme.
      Aujourd'hui "on" les connaît avant même qu'elles ne prennent le micro et "on" préférerait surtout ne pas entendre leur voix.
      Bonne journée et Merci pour ce commentaire.

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  2. Voilà ce que disait Télérama en 1966 :


    "Pour la plupart des auditeurs, la radio se résume à Europe, Inter, Luxembourg : une immense machine à divertir ! Le fond sonore qui meuble notre ennui !
    […]
    Mais, de grâce, que l’on ne fasse pas à la radio l’injure de la limiter à ces stations de bateleurs qui – demain peut-être – seront balayées par la télévision. Si la radio n’était que cela, Télérama n’aurait pas besoin de lui consacrer 17 pages par semaine.
    Il y a, heureusement, sur les ondes, d’autres richesses. Notre rôle est de vous aider à les découvrir."

    Mais ces richesses, aujourd'hui, en 2016, elles sont de moins en moins nombreuses... Quel dommage. En tout cas, merci Fañch de nous les faire découvrir ces quelques richesses qui subsistent (l'émission sur le magasin d'Auguste Claverie par exemple) et d'autres plus anciennes.

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    1. Bonjour Cécile,
      Merci pour ces infos pertinentes et bien utiles à quelques-unes de mes convictions : Télérama plaçait haut la radio, et son "ra" avait toute sa place dans son titre !!!!
      Ceci étant pourriez-vous dater plus précisément l'article cité et mieux son auteur-e ?
      Je ne vais pas manquer d'alerter Aude d'Assonville de Télérama, sur les deux commentaires de mon billet. Peut-etre aurez-vous le droit chacun, Éric et vous Cécile, à un abonnement gratuit ? 😘

      Éric et Cécile, si vous aimez tant la radio, venez donc à Brest debut février 17 pour le Festival Longueur d'Ondes (2 au 5 février), vous pourrez m'y voir et m'y entendre (mais pas que ;-) et vous aurez peut-être aussi une belle surprise... Suspens !
      Belle journée

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    2. Bonjour Fañch,
      Après vérification il s'agit d'un article intitulé "Butinez parmi les fleurs de France-Culture" dans le Télérama n°876, du dimanche 30 octobre 1966. Il n'y a pas d'auteur mais il s'agit de la rubrique "l'Oreille pointue". C'est au moment du lancement de la nouvelle grille de France-Culture, la station avait beaucoup remodelé ses matinées en définissant un thème par matinée (l'histoire pour le lundi par exemple).

      En ce moment j'épluche les Télérama pour un travail de thèse, alors je ne peux pas résister à l'envie de vous partager un autre extrait du n°938 du 7 janvier 1968, à l'occasion d'une modification des programmes de l'ORTF :

      "Aménagements encore bien timides, direz-vous ! Sans doute. Mais ils manifestent l’intention de l’ORTF de se préoccuper, enfin, de ce que l’on a trop tendance à reléguer au magasin des antiquités sous le nom de « radio de papa », une radio que l’on a eu tort de sacrifier sur l’autel de la télévision. Or la « radio de papa » n’est pas plus démodée que la formule « music and news », bien galvaudée et dont les sillons deviennent des rides. Surtout si l’on coiffe abusivement du vocable « radio de papa » des émissions qui n’ont d’autres…défauts que d’être substantielles !

      En radio comme dans beaucoup d’autres domaines, il n’y a pas plus de formules démodées que de principes définitifs. Le seul critère qui compte est celui de la qualité. Mais la qualité ne dépend guère d’une formule : elle est beaucoup plus une affaire d’hommes. Il y a des hommes qui ont quelque chose à dire, qui savent le dire et qui croient à ce qu’ils disent. D’autres ronronnent devant le micro ! Il y a des hommes qui pressentent ce qui sera beau et qui savent le réaliser, avec des mains presque nues. D’autres – mêmes assistés par les installations les plus perfectionnées – se moquent éperdument de l’art sonore : on se demande pourquoi ils ont choisi de s’adresser à nos oreilles !"
      Yves Froment-Coste


      Pour le festival Longueur d'Ondes, oui oui, il n'est pas exclu que j'y fasse un tour, j'attends d'en savoir plus sur le programme.

      Bonne journée à vous !

      Céline
      (PS : et non pas Cécile ;) )


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    3. Oups ! Sorry very sorry Céline !
      Bonjour à vous et merci beaucoup pour votre réponse !
      J'ai moi-même bcp épluché les Télérama (et même leur ancêtre Radio Cinéma). Yves Froment-Coste a été un grand rédacteur pour la radio. J'ai bcp d'articles de lui au chaud (dont sur 68) pour plus tard... ;-)

      Pour L.O. le pré-programme paraîtra en décembre et vous verrez qu'il y aura de jolies choses.
      J'aimerais bien correspondre avec vous sur le sujet de la radio (et des médias vis à vis de la radio). Si vous voulez bien je vous donne mon mail et nous pourrions poursuivre la conversation.
      Bien cordialement Céline et à bientôt ☺️

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  3. Bonjour,

    Oui, je suis bien d'accord aujourd'hui sur l'absolue nécessité (le terme n'est pas assez fort !!!) de ne pas voir celles et ceux que l'on écoute, mais on ne peut aller contre ses instincts d'adolescent groupie d'alors :) Le problème c'est quasi l'inverse aujourd'hui : difficile de passer à côté de la bobine des animateurs. Il n'y a guere que France Culture qui fasse de la résistance. Sur France Inter, c'est le culte du Moua.

    Très amusante cette citation de Telerama. Amusant de voir que France Inter était classée dans la catégorie "radios de bateleurs" ! Quelques années après, il me semble qu'elle ne l'était plus. Elle le revient aujourd'hui. Cela dit, cela illustre bien la touche un brin condéscendante de Telerama (celui d'hier et d'aujourd'hui !) : la radio "de bateleurs" fait aussi partie de la radio, et il arrive même que l'auditeur soit omnivore ! :) [et voici que je viens de perdre l'abonnement Telerama que je n'avais pas encore gagné]

    Longueur d'ondes ... taisons ce sujet SVP ... je suis quasi voisin et en 4 ans, je joue de malchance en n'étant jamais à portée d'ondes au moment du festival... Peut être le samedi-dimanche cette année ...

    bonne journée,

    eric

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    1. Bon jour...
      D'ac total sur le "découvrir les visages"... Je n'ai pas échappé à Annick Beauchamp sur la plage de Saint-Malo, à Laurence Bloch en studio et à Jean Lebrun au "Bouillon Racine"... Après ma job radio m'a amené à les voir tous ! Mais la magie du "sans visage" a stimulé mon enfance et mon adolescence.
      Faites un effort pour L.O. va y avoir du "lourd"
      ;-))

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  4. Bonjour Fanch,
    c'est toujours un plaisir de lire vos billets mais cela, vous le savez, et je me régale depuis ce dernier week end à l'écoute de ces nuits magnétiques new yorkaises d'autant que voilà bien une ville que j'aurais aimé connaître si cela avait été possible, justement à cette époque (et plus du tout maintenant ..). cette émission m'emmène loin dans un monde perdu, grâce à une radio qui n'existe presque plus, pour toutes les raisons que vous et les personnes qui vous lisent, évoquez si bien. A tel point, qu'actuellement, je me rends compte que c'est votre radio blog qui devient ma radio !! (je reste fidèle cependant à Sonia Kronlund qui pourtant m'emmène au boulot avec un moral dans les chaussettes le plus souvent !!) Comme Cécile, j'ai aimé la boutique de M. Claverie qui me donne envie d'y aller faire un tour, et je ris des commentaires d'Eric sur ses envies adolescentes de groupie que je partage tout à fait. Télérama ne consacre plus que 10 pages à la radio maintenant, je peste quand il publie une photo et en même temps, j'aime bien. Ben oui... Quant à LO, argghhh .... vous m'intriguez. Mais alors on verra la bobine de celui qui fait le bobineau ? est ce bien raisonnable ?
    Sur ce, je retourne à mon chaudron, bonne semaine à vous !
    Nanou

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