vendredi 30 décembre 2016

Comme si je vous disais... (Linhart, Adler, France Inter)

"Comme si je vous disais que les cadences chez Renault sont exténuantes...
chante Léo Ferré dans "Le conditionnel de variété" évoquant tout ce qu'un chanteur de variété n'aurait pas le droit de chanter,




















Comme si je vous disais
ce qu'il manque dans la série de Laure Adler sur "L'établi" de Robert Linhart, 
Comme si je vous disais
que la voix de Samy Frey lisant Linhart, toute voix qu'il puisse avoir, que l'esthétique, toute esthétique que sa voix puisse être, ne peut remplacer la voix ouvrière, 
Comme si je vous disais
qu'aux témoignages des intellectuels-ouvriers il aurait fallu ceux des ouvriers, 
Comme si je vous disais
en ne prenant que le point de vue intellectuel de "L'établi", Adler trahit la cause même que Linhart voulait défendre, la cause des ouvriers, 

Comme si je vous disais
que la radio dispose d'une mine d'archives et que ces archives peuvent mettre en perspective un sujet, 
Comme si je vous disais,
que ma seule mémoire se rappelle des deux reportages de "Là-bas si j'y suis", "Que reste-t-il de Billancourt ?" au cours desquels Zoé Varier a recueilli la mémoire ouvrière des Renault, (1)
Comme si je vous disais,
que j'ai dans mes archives sonores, Nuits Magnétiques "La cité interdite : les usines Renault de Boulogne-Billancourt" (2),
Comme si je vous disais,
que si France Inter ne met plus "systématiquement" en valeur ses propres archives, c'est le début de la fin de la radio élaborée, (encore faudrait-il que pour les quelques archives diffusées elles soient sourcées à l'antenne ?)
Comme si je vous disais,
qu'Adler qui a travaillé aux Nuits Magnétiques, et qui a longtemps eu comme "voisins de bureau" Mermet et Varier, aurait pu avoir cette mémoire-là, 

Comme si je vous disais,
que j'ai méticuleusement écouté ces six documentaires la nuit dernière,
Comme si je vous disais,
que pour les documentaires cités, les illustrations sonores collent au sujet, l'enrichissent, le subliment, quand celles de la série "L'établi" n'apportent rien ou sont par trop didactiques (voir billet précédent),
Comme si je vous disais, 
que la semaine de diffusion (entre Noël et jour de l'An) et son heure de diffusion (20h05-21h) sont bien mal choisies pour "entrer" dans le sujet, quand les horaires de "-bas..." et des "Nuits.." (3) permettaient bien mieux l'écoute,
Comme si je vous disais,
que c'est toute la chaîne des métiers de la radio qui se disloque, au point que ce qui a fait son excellence sera bientôt à conjuguer au passé, 

Comme si je vous disais,
pour paraphraser Ferré, que je ne suis qu'un blogueur de Radio et ne peux rien dire qui ne puisse être dit "de Radio" car on pourrait me reprocher de parler de choses qui ne me regardent pas,...

(1) J'ai ça sur cassettes et je les ai réécoutées pour écrire ce billet, France Inter, 30 novembre 1992 et 1er décembre 1992,
(2) France Culture, 24-27 octobre 1995, Pierre François et Brigitte Rihouay, avec en bande sonore la recherche de Nicolas Frize, sur les sons de Billancourt, (1- Le chant des ouvriers, 2- Le chiffon rouge, 3- Le chant des survivants, 4- Le temps des cerises)
(3) Respectivement 14h (en 1992) et 22h30,



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