samedi 25 mars 2017

La radio est un objet oublié des politiques publiques… (3)

Je vais vous dire/écrire quelque chose que je ne crois pas déjà avoir écrit. Quand j'ai commencé ce blog, non seulement je ne savais pas où j'allais mais je n'imaginais pas que je rencontrerais celles ou ceux qui occupent mon panthéon radiophonique. J'ai rencontré Pierre Wiehn, (directeur d'Inter 1973-1981), pour la première fois lors de l'hommage de Radio France à Jean Garretto. J'étais pré-ado quand je l'écoutais sur France Inter. "Faisons bon ménage". Nous nous sommes vus plusieurs fois. Je suis touché par la sagesse de cet homme de radio. Par ses intuitions et son sens des programmes. Son humanité tout simplement. C'est ça qu'il a résumé en 3' le 27 septembre à la Scam.





















Épatant Pierre Wiehn
"Je me suis un peu occupé d'Inter à une certaine période, donc si mon propos a un côté moisi, je m'en excuse tout de suite. Il y a aussi un domaine dont on n'a pas parlé faute de temps, c'est le rêve. C'est toujours un peu bêta, mais il se trouve que l'auditeur est un créateur à sa manière. Il suffit de lui donner le cadre, la musique, le fond, le décor, appuyer sur un bouton ou deux et, à ce moment-là, il devient co-auteur. En attendant d'être l'auteur principal [applaudissements chaleureux]. 

… Je ne parle pas des journalistes, les journalistes ne sont pas là pour ça, ils ne sont pas là pour faire rêver, ils sont là pour dire les choses comme elles sont et, essayer de les décrypter. Il faudrait réellement faire en sorte que les Directions de programmes, (qui ne sont pas là pour l'info mais peuvent le faire évidemment) établissent un lien fort à double entrée avec l'auditrice ou l'auditeur [auditeur/co-auteur, ndlr]

Il y avait une émission dans le temps à (France) Inter, "Marche ou rêve" (1) et je pense qu'il y avait du rêve. Et vous pouvez pas savoir les réactions qu'on avait à cette époque-là. Il n'était pas question de standard (2). Mais vous ne croyez pas que le rêve ce n'est pas une vertu d'avenir ? Vous croyez que ça ne permet pas de rassembler les gens ? Vous ne croyez pas que ça leur permet pas d'être au-dessus de leur condition ordinaire de consommateur ? Vous croyez que ce n'est pas possible ? Moi si." [applaudissements]

Attentif auditeur de cette rencontre, Wiehn a touché l'assemblée, tant par son bon sens que par sa sensibilité. Aux réalités économiques, techniques et éditoriales, évoquées et partagées par les participants, Wiehn a suggéré ajouter "La part du rêve" et jeté un "pavé dans la mare". La part du rêve, oui. Ce supplément d'âme. Celui qui devrait infuser les ondes. Celui qui manque. Celui qui l'a incité à mettre cette part du rêve au cœur des programmes de France Inter. Pour que la rencontre existe absolument avec les auditeurs. Celui qui porte l'imaginaire infini de la création radiophonique.

La deuxième table ronde Scam ici.

(1) 1975-1977, 20h-22h, Claude Villers. Ce producteur aimait changer d'émission tous les deux ans, ce qu'il fit la plupart du temps au long de sa longue carrière, commencée au milieu des années 60 à l'ORTF jusqu'au début des 2000 à France Inter,
(2) Wiehn veut dire que les auditeurs écrivaient beaucoup.


Pour retranscrire à l'écrit son propos, P.W. a remis en forme son propos, sans ne rien en changer sur le fond.  

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