La Maison de la radio : construction ou déconstruction. ©AFP |
En effet, comment un Pdg de l'audiovisuel public aurait-il pu continuer à diriger son entreprise si le jugement qui l'affaiblit pouvait nuire aux relations que l'État vient d'engager avec l'ensemble de l'audiovisuel public dans le cadre de la réforme qu'il veut mettre en œuvre ? Mission impossible particulièrement quand la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, avait jugé la "situation inacceptable" au lendemain de la condamnation du Pdg de Radio France par le Tribunal de Créteil (15 janvier) à un an de prison avec sursis simple et une amende de 20 000 €, pour favoritisme quand il était Pdg de l'Ina.
La quasi totalité de la presse reproche à l'exécutif d'avoir fait pression sur le CSA pour que ce dernier impose à M. Gallet de cesser ses fonctions au sein de Radio France. Mais pourquoi l'État ne pourrait-il pas imposer une règle formelle concernant les conséquences d'une décision de justice impliquant un membre du gouvernement ou un dirigeant d'entreprise publique quel qu'il soit ? Pour le cas particulier des entreprises audiovisuelles dont la plupart des Pdg sont nouvellement nommés par le CSA, à celui-ci de ne pas faire obstruction à la dite-règle. Au risque que l'indépendance défendue par le CSA ne se transforme en soutien d'un responsable condamné par la justice quand bien même le condamné aurait fait appel. Cela ne remettant nullement en cause la présomption d'innocence.
Le sens de l'honneur ajouté au devoir d'exemplarité rendaient l'obstination de Mathieu Gallet à ne pas vouloir démissionner impossible à gérer pour l'État sans risquer d'être à son tour accusé de favoritisme. Cette réflexion et ce bon sens a minima ont échappé à la morgue d'un journaliste assis, Jean-Michel Apathie, qui a cru bon hier twitter avec morgue et fanfaronnade : "Pour la première fois en France, un appel en justice n’est suspensif de rien, essentiellement parce que le gouvernement l’a décidé et parce que le @csaudiovisuel a obtempéré. Étonnant, non ? #Gallet". Ce journaliste arrogant devait être en colonie de vacances quand le gouvernement Jospin (1997-2002) avait imposé aux ministres mis en examen de se démettre de leurs fonctions.
Cette posture d'un journaliste salarié par Radio France ressemble fort à un soutien appuyé à son Pdg, à un total manque de dignité et à une déontologie bafouée au titre de la défense de ses propres intérêts. Comment continuer à écouter (si tenté qu'on l'écoute) un journaliste donneur récurrent de leçons qui les oublie promptement quand il s'agit de sa propre personne ?
Au lieu de faire pleurer dans les chaumières, ces médias complaisants et de parti-pris pour M. Gallet, devraient se pencher sur le sort des 4500 employés de Radio France qui dans cette situation exceptionnelle ne peuvent qu'être en désarroi et dubitatifs sur les suites que cette affaire va entrainer pour Radio France. Après l'uppercut à l'estomac de s'entendre traités de "honte de la République" ils savent ne plus pouvoir compter sur un dirigeant qui aurait eu le devoir de garantir les métiers, les savoir-faire et l'originalité du média radio face aux autres médias audiovisuels.
Mais qui peut croire un seul instant que Gallet, exclusivement préoccupé de créer à sa main et de façon obsessionnelle, un média global avec chaque chaîne de Radio France, aurait pu s'opposer à l'État qui veut créer une structure globale associant l'ensemble des audiovisuels publics ou a minima Radio France et France Télévisions ? Farce cousue de fil blanc. Gallet nous prend pour des billes et plus grave prend l'État pour une bille qui n'a pas du tout apprécié l'arrogance et les certitudes d'un Pdg impérieux à défaut d'être impérial. Gallet voulait s'arroger les fonctions suprêmes de dirigeant de ces médias associés, naviguer avec son cap, inciter l'État à ne pas légiférer et à accepter de déléguer son projet de big-bang aux responsables audiovisuels actuels qui, de façon agile (forcément agile), auraient au gré des vents marié France-Culture et Arte, France 4 et Mouv'… J'en passe et des meilleures.
Que Gallet s'appuie sur les bons résultats des chaînes de RadIo France pour imposer son maintien est non seulement pathétique mais assez cocasse. Avec dédain ce Pdg a toujours repoussé de la main les fonctions dédiées aux programmes laissant en son temps Frédéric Schlesinger à la manœuvre et ne manquant jamais une occasion de dire que les programmes ne sont pas son affaire. Or ce sont les programmes qui font l'audience et le Pdg n'y est donc pour rien même s'il a choisi, c'est le moins, les directeurs de chaînes. Son mépris pour l'ADN même de la radio a fini par lui renvoyer en boomerang sa morgue et sa superbe à croire que l'avenir de la radio ne passerait que par le marketing et le numérique. Ceux qui voulaient croire que Gallet aurait défendu ce même ADN dans la réforme annoncée se foutaient le doigt dans l'œil jusqu'au coude.
J'ai une pensée très forte pour tous ceux qui font la radio, les petites mains comme les producteurs, les attachés de production comme les réalisateurs, les ingénieurs du son comme les techniciens. Dans cette panade juridique et médiatique les bonnes conditions de création sereines ne leur sont plus garanties. Une épée de Damoclès pèse au-dessus de leur tête et brille beaucoup plus que l'enseigne lumineuse de Radio France nouvellement posée en façade de la Maison de la Radio. Avec dignité et acharnement ils vont continuer à faire de la radio avec passion mais avec quel soutien ? Qui en France, au gouvernement veut encore de la radio quand Gallet a tout fait pour faire muer ce média en marque et en média global ? Qui va défendre la voix, le son quand se prépare le grand-mix qui ne distinguera plus le son de l'image ?
Le 14 décembre 1963, De Gaulle inaugurant la Maison de la radio a eu ce mot "À la radio fallait-il une maison". Aujourd'hui un autre Président pourrait bientôt dire "À la maison fallait-il une radio ?" Ce n'est qu'un début…
Un grand merci de penser aux "petites mains" de la radio qui sont effectivement en grande souffrance, je vous le confirme pour en faire partie. Mais attention, il n'y a pas que le personnel que vous citez dans votre article, lié à la production qui souffre. Il y a aussi les centaines de "petites mains" invisibles, toujours ignorées : ceux qui font vos feuilles de paie, le ménage de vos studios, l'entretien des appareils que vous utilisez, votre documentation, vos déjeuners, votre sécurité, etc...Ceux-là, ils n'auront pas le bon carnet d'adresse quand il faudra trouver un job ailleurs ! Ceux-là, on ne daigne jamais, en interne, les informer sur l'avenir que les élites leur réservent. Ils l’apprennent toujours en lisant les journaux, comme s'ils ne faisaient pas partie de la Maison. Merci de vous en souvenir à l'avenir dans la rédaction de vos articles, par ailleurs toujours passionnants!
RépondreSupprimerMerci chère/cher "anonyme" Pour votre Point De vue Si juste. Je n'oublie jamais ceux qui Dans l'ombre de la lumière vive des micros sont les rouages indispensables de La "fabrique". En citant 4500 personnes ils/elles étaient inclu-e-s. Je ne fait pas partie de la maison... En participant à 9 À.G. de gréve En 2015, j'ai échangé Avec Les "petits métiers" qui font vivre "vitalement" La Maison. Je mettrai un renvoi Dans mon Billet pour que les lecteurs vous lisent systematiquement. Bien cordialement, que La force soit avec vous....
SupprimerToutes mains sont utiles , pour sauver Radio - France. Seule nomination Gallet donner tendance . Lui supposer possible disparition maison ronde. Lui stupide, maison est ronde, il devenir fou. Impossible . Maître Yoda.
RépondreSupprimerJe suis convaincue qu'il y a encore des ressources pour résister à l'intérieur de cette maison, et j'ai confiance en vue les auditeurs pour la défendre !!
RépondreSupprimerDans cette histoire, il faudra bien que les instances tiennent compte des auditeurs...A nous de nous mobiliser et de faire savoir ce que nous voulons.
RépondreSupprimerUne Altiligérienne.
récurrent prend deux "r", un air de fanfaron et un r bête
RépondreSupprimerMerci Jean-dan, j'ai pris l'air au vol et je vous en remercie. ;-)
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