lundi 18 septembre 2017

68 : et si tout avait commencé avant… Routes de nuit (3/43)

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Jusque fin juin 2018, chaque lundi je vous raconte, ici, les prémices de ce qui a pu présider aux "événements" de mai 1968. Avec des archives audio radio en exclusivité, les sources de la presse nationale et régionale, les témoignages de quelques témoins précieux et… mes propres souvenirs.

Bernard Marçais et un pâtissier venu offrir…
 ses croissants et gâteaux aux animateurs de France Inter

3. Routes de nuits, ondes noctambules 
Roland Dhordain, homme de radio, directeur de France Inter, directeur de la radio à l'époque ORTF (1) a inventé à Paris-Inter, ancêtre de France Inter (1963), dès le 19 mai 1957, la "Route de nuit". Avec ses intuitions et son bon sens "scout" et après avoir testé ce qui deviendra le "radio guidage" il a voulu accompagner les routiers et tous ceux qui, la nuit, ne dorment pas. Dhordain a le sens du service chevillé au corps et au cœur. Le service public même. Avec cette émission Dhordain fait d'une pierre deux coups. Il fidélise de nouveaux auditeurs. Il prend, le premier, le sens d'une modernité en diffusant des émissions 24/24 (2).

Comme on l'entendra ci-dessous la radio accompagne les travailleurs de la nuit comme les insomniaques. Dans son livre, "Le roman de la radio" (La Table ronde) paru en 1983, Roland Dhordain écrit : "Le principe de "Route de nuit" a été arrêté quelques années auparavant [avant 1957, ndlr] quand Paris-Inter a été autorisé de fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre…" Las, en 2012 à la rentrée, le directeur de la chaine, Philippe Val, a décidé d'arrêter les émissions de nuit pour ne diffuser que des… rediffusions : "Priver les auditeurs d'un accompagnement vivant, c'est dévoyer l'esprit de service public. Cette spécificité du direct la nuit, qui faisait notre différence et notre fierté, va être sacrifiée sous des prétextes éditoriaux, masquant maladroitement les restrictions économiques décidées par la direction d'Inter sur cette tranche", estiment les syndicats de Radio France (3).

La radio qui collait au quotidien, à la vie diurne et nocturne, au flux ininterrompu de la vie des Français c'est fini. O tempora, o mores. On a pu se plaindre, à juste titre, pendant ses cinq ans de Direction des piètres qualités radiophoniques de Philippe Val. Cet ancien amuseur public ne faisait plus rire personne depuis longtemps et dans tous les cas se fichait bien du service public que la radio pouvait rendre la nuit. Décédé le 22 décembre 2010, Dhordain n'aura pas vu brader une partie du patrimoine de création radiophonique qui avait fait les belles nuits d'Inter. 

En 1968, il a toutes les cartes en main pour asseoir son autorité et imprimer sa marque durablement aux trois chaînes du service public "Inter, Musique, Culture". Il est du sérail, il a la confiance du gouvernement (il est gaulliste) et il compte bien reconquérir les auditeurs partis à la concurrence, à RTL et Europe n°1. C'est un défi à la mesure de son charisme et de son énergie, qu'il relèvera avec brio. 



En 1971, ci-dessous pour la télévision (Micros et Caméras, sûrement), Bernard Marçais, première voix de la nuit sur France Inter, dès l'origine de l'émission, avec Anne-Marie Duvernet, Roland Forez, Jean-Louis Foulquier, Claude André partent à la rencontre d'auditeurs. Ainsi Roland Forez (merci Gilles Davidas) et Jean-Louis Foulquier se retrouvent dans les halles de Baltard... et dans un "Routier" et Michel Tournier de témoigner de ses nuits !


(1) Nommé directeur de la radio en juin 1968, en pleine grève ORTF. Reconnu pour ses qualités d'animateur de radio et d'équipes de radio, 

(2) L'émission s'arrêtera en juillet 1973 pour laisser place à la rentrée 73 à trois "joyeux lurons" qui créeront "Canal 3-6 : Jean-Louis Foulquier, Jacques Pradel, Michel Touret, diffusée de 3h à 6h, qui durera deux saisons. À la rentrée 1975, Foulquier crée "Studio de nuit" minuit-3h avec sa très complice-réalisatrice Maryse Friboulet,
(3) CGT, CFDT, SNJ, Sud,

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