Le documentaire se portait bien sur France Culture dans la case "Sur les docks" (2006-2016) initiée par Pierre Chevalier. Mais tout ça c'était avant le drame. Une secousse magnétique a percuté les programmes à la rentrée 2016. Un coup de balai opéré par Sandrine Treiner, Directrice de France Culture depuis août 2015, à la suite du limogeage d'Olivier Poivre d'Arvor par Mathieu Gallet, Pdg de Radio France. Treiner a beau être rentrée à France Culture en 2011 elle ne connaît rien à la radio…
Les injonctions financières des tutelles plus celles du Directeur éditorial de Radio France, Laurent Frisch, lui donnent des ailes pour casser la dynamique historique des producteurs tournants. Dans "Sur les docks", comme dans "Le pays d'ici" ou "La matinée des autres", de nombreuses productrices et producteurs interviennent régulièrement à l'antenne. Dans l'absolu pour quarante-quatre semaines de grille "d'hiver" et quatre jours par semaine. Pour "Sur les docks" cela représente donc 176 jours de prod. Bien sûr certaines productrices ou producteurs en font plus que d'autres. Mais l'étendue des points de vue est large.
Treiner décrète donc du haut de son autorité que dorénavant productrice ou producteur se verront confier 4h pour un doc ou… rien. Plus possible de faire, une, deux ou trois heures. Et comment faire si jamais on n'a pas de quoi en dire pendant quatre heures ? On comble ? De la création normée (normalisée ?) qui rentre bien dans la case (c'est le cas de le dire) d'une radio rationalisée. Moins de personnel à gérer. Maximum quarante quatre productrices ou producteurs.
Dans le cinéma, au théâtre, en musique, personne ne décide du format. On imagine mal Picasso s'entendre dire que Guernica devra être au format 100x70. Le système de la radio publique impose aux créateurs de se plier aux desiderata du producteur Radio France. Ce qui était le cas pour "Sur les docks" et n'empêchait pas de varier les formats.
Si le nombre des productrices et producteurs a diminué comme peau de chagrin que dire de l'éventail des sujets qui lui aussi a diminué au point que de nombreuses semaines consécutives s'enchainent des documentaires exclusivement sous l'angle sociétal d'actualité récente. Presque plus rien sur la vie quotidienne des Français, la géographie, l'histoire, les animaux, la poésie, les faits d'hiver et quelques pas ce côté… Pour s'en convaincre quelques exemples de docs des derniers mois de la saison 2016 (1).
Les frères Jacques |
Alors c'est bien le titre "Neige, échos d'une disparition" qui m'a donné envie de retourner sur LSD et je n'ai pas été déçu de mon choix. J'oubliais, Treiner qui avait à peu près autant d'humour que Raymond Barre ne s'est pas contentée de fusiller l'esprit de "Sur les docks" que personne n'a jamais appelé SLD. Pour faire croire que "rien n'allait changer" elle a du trouver tordant (et has been) d'appeler la nouvelle case LSD. Ce qui a eu pour effet de nous désespérer grave !
C'était une très mauvaise idée de confier une chaîne de radio à quelqu'un, à qui, même la fabrique de la radio échappait. Mais Mathieu Gallet a eu beau faire, la personne à qui il voulait confier la direction de France Culture a décliné. Par défaut, il a choisi Sandrine Treiner, à l'époque Directrice éditoriale de la chaîne. Par défaut !
(1) Un jour sur Mars, chronique villageoise, (27 juin 2016). Le dernier sonneur de cloches du Vaucluse (30 mai 2016). Les années Lazareff de France Soir, entre 1949 et 1972 (lundi 2 mai 2016). L’œuvre disséminée de René Vautier (11 mai 2016). Jour et Nuit Debout (12 avril 2016).
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