4h47, ce 8 mars, sur France Culture c'est la nuit et c'est aussi le jour international des droits des femmes. Ce documentaire de 1984 de la "Matinée des autres" (réalisé par Arlette Dave) fait le voyage en Sardaigne et dresse un long panorama de l'histoire des femmes sur cette île italienne. Où l'on entend parler Sarde (sûrement) et l'Italien dans une belle harmonie de mots qui chantent et pour lesquels les productrices, Maria Manca et Diane Secci. ont eu la belle idée de ne pas les traduire en simultané, mais d'en proposer la traduction en différé. De quoi s'imprégner d'une langue vibrante et ronde mais aussi de s'immerger quelques instants auprès des femmes qui témoignent et chantent quelquefois.
Une femme fait le pain de façon traditionnelle
à Esterzili en Sardaigne. ©Getty
J'ai déjà eu l'occasion d'écrire que "La matinée des autres" est une émission incarnée. Où chaque sujet est approfondi et où la parole est bien celle des autres. De tous les autres qui ont fait les belles heures des mardis matins de France Culture depuis 1977. Reconnaissons à Laure Adler d'avoir remis à l'antenne "La matinée des autres" (de 1999 à 2002) quand Patrice Géninet (1997-1999) l'avait supprimée. Soit les effets délétères du rapport Ténèze (1) qui préconisait de contenir les émissions en 60 minutes et de privilégier le direct.
Écouter "La matinée des autres" c'est se mettre en condition de ne pas faire autre chose en même temps. Faire la vaisselle ou laver les carreaux est incompatible avec une écoute nécessairement attentive et soutenue. Je n'en imagine pas une seconde l'écoute dans les transports en commun ou le jardin public. Il faut que rien ne s'agite autour de soi. Le noir profond est idéal. La lumière jaune du salon peut convenir à condition de ne pas se laisser distraire. Fermer les yeux s'impose.
"Les filles ne respectaient pas les vieux quand ceux-ci méritaient une correction. Il n'y avait pas de maître qui tienne. Les femmes avaient le dessus sur les hommes, patron ou pas." On entendra ce type de témoignages et la puissance et la détermination des femmes qui devaient seules élever les enfants, gérer le budget et faire les démarches administratives quand leurs hommes bergers étaient loin à faire paître brebis et moutons lors de longues transhumances. Leur force de caractère leur permettaient aussi de se défendre, de s'affirmer et de s'affranchir d'un patriarcat latent. "Les hommes travaillaient mais ce sont surtout les femmes qui commandaient. Une sorte de matriarcat. De cette position la femme a trouvé une sorte d'indépendance et de liberté qui est supérieure à celle d'autres femmes de Méditerranée. Elle garde par exemple son nom de naissance même une fois mariée."
Vous passerez un bon moment avec ces femmes de Sardaigne. Mais on aimerait bien savoir aujourd'hui comment cette société sarde a évolué et quelle place la femme a-t-elle pu trouver au sein de la famille comme au sein de la société ?
(1) "France Culture. Mission de réflexion. Janvier à avril 1997", publication interne Radio France. Arnaud Ténèze, Chargé de mission par la Présidence de Radio France. Ancien membre de l'équipe Dhordain. En 1971, "Chef des Services artistiques" à l'ORTF,
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