lundi 6 mars 2017

Perros-Paranthoën, une bonne part d'humanité…

Jacquette du CD "Georges au sporting"


















"On l'a jamais vu bronzé quoi !". Avec cet accent si particulier de Douarnenez (29), voilà comment est présenté Georges Perros, poète et écrivain (1), au micro de Yann Paranthoën. Comme si, ici, ce fut un critère physique d'existence que d'être reconnu "bronzé" dans ce pays où, marins et paysans, ont la peau cuivrée bien sûr mais où, à la fin des années 50 en sud-finistère, Perros ne doit pas être le seul à avoir "la peau blanche" ?

Mais voilà, il se distingue le poète parisien. Il n'est pas d'ici. "Toujours très couvert", son accoutrement se remarque. Paranthoën lui-même, ne manque pas de se distinguer à nos oreilles quand, "brut", il nous intime d'entrer dans le personnage sans tergiversations, ni roucoulades. Cette patte Paranthoën où, à force d'écouter ses documentaires ou pièces radiophoniques, l'on sent bien que le tailleur de sons veut nous installer au réel du quotidien des souvenirs, témoignages et autres "ambiances" de vie.


La médiathèque "Georges Perros" de Douarnenez vient de publier, fin février, "Georges au sporting" une pièce radiophonique de 1983 (2). Paranthoën connaît l'œuvre du poète et ne va pas manquer, in situ, sur les lieux "le port, le terrain de foot, et bien entendu le café le Sporting où Perros avait ses habitudes" de le rendre présent, comme si ça ne faisait pas déjà presque quarante ans qu'il avait disparu.


"L'homme à la moto" ne passait vraiment pas inaperçu. On le décrit par son allure et, comme ça se fait à Douarnenez, - au milieu de tout -, comprendre, au milieu d'une phrase en français, on envoie du breton, et même un breton un peu "mâché" : "nerz zo 'tav war an douar"(3). Gast ! Voilà le poète campé. "Il trompait son monde, il était costaud". "Tout à fait l'artiste. Même habillé négligemment c'est un homme qui avait énormément de classe." Régal. Je m'y vois au bistrot. Chacun y allant de sa description taillée juste et sur mesure elle aussi.


Paranthoën est à son affaire. Il est là, Nagra à l'épaule, mais "on" ne le voit pas. Il s'efface pour que les langues parlent. Sans calcul. Dans le jeu et hors-jeu. Homme pour faire oublier le matériel, la technique. Pour que femmes et hommes qui l'entourent s'adressent à un pair, pas à un micro. Je les vois ces gaillards et gaillardes, ces "franc-parler", ces bonnes nature d'hommes aurait dit Giono. Ils me parlent, me racontent Perros comme s'il avait quitté le Sporting il y a moins d'un quart d'heure juste après son coup de "gwin ru, sur le zinc". 


Et Yann de sortir de son chapeau-bonnet, le bon témoin, René Pichavant, journaliste au "Télégramme" (de Brest), gloire locale s'il en fut, avec qui Georges partageait sa joie de vivre et d'écrire sur le football. "C'était un copain, pas un poète" disent en chœur ses compagnons de coinchée. "Toute l’humanité de Perros transparaît dans ces témoignages. Deux textes sur le sport écrits par Georges Perros sont lus au cours de l’émission."


Dans les tourments qui nous agitent lire Perros devrait nous donner un peu de paix. Et même nous inciter à méditer cela : "L'homme travaille parce qu'il s'ennuie ; s'il ne travaillait pas, il ne s'ennuierait plus !" (Georges Perros)

(1) Né à Paris et mort à Douarnenez, 1923-1978,
(2) Co-édité avec la compagnie Ouï-dire,
(3) "il y a toujours de la force sur terre"




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