mardi 23 mai 2017

Nouvel Audiovisuel Public… c'est parti

Derrière l'effervescence liée à l'éviction de Pujadas, une machine infernale s'est mise "en marche". Le 18 mai, trois événements "isolés" se sont produits. Ils peuvent être rapprochés et commencer à donner corps à une nouvelle stratégie politique pour l'audiovisuel public. Décryptage. 

Marc Schwartz















• Nomination de Marc Schwartz, 
directeur de cabinet de Madame Françoise Nyssen, Ministre de la Culture,
Ce conseiller maître à la Cour des comptes (et médiateur du livre depuis juin 2016), m'avait fait, en mars 2015, interrompre ma lecture de Truman Capote pour lire son rapport sur l'avenir de France Télévisions, intitulé "Le chemin de l'ambition". Quelques internautes s'inquiétant que le Ministère ait perdu dans son titre le mot "Communication", Schwartz indiqua à Sandrine Bajos du Parisien "la Communication est bien dans le périmètre du ministère de la Culture".

Comme il y a une Ministre des armées et une "Défense" directement gérée par le Président de la République, on n'imagine pas que la Communication échappe à Emmanuel Macron. M. Schwartz sera aux premières loges pour superviser la politique audiovisuelle publique que le Président veut mettre en œuvre. En 2015, Schwartz écrivait"Face aux défis à venir, et aux contraintes croissantes pesant sur les finances publiques, il paraît nécessaire que l'État pèse davantage sur le dispositif des médias de service public. Si tel n'était pas le cas, il sera difficile d'écarter la tentation d'un rapprochement organique entre les sociétés ayant appartenu jadis à la même entité. La structuration actuelle qui remonte à l'éclatement de l'ORTF, à une époque où radio et télévisions publiques disposaient d'un quasi monopole, peut en effet être interrogée, à l'âge de la convergence des médias, de la transition numérique et de l'élargissement de l'univers concurrentiel à des acteurs mondiaux venus d'Internet.CQFD !

L. Guimier © RF/Abramowitz















• Nomination de Laurent Guimier auprès de Mathieu Gallet, Pdg de Radio France,
L'actuel directeur de France Info (radio) va quitter son poste pour devenir directeur délégué aux antennes et aux contenus. Il remplacera Frédéric Schlesinger n°2 en partance pour devenir le vice Pdg d'Europe 1. Ce dernier occupait la fonction de directeur éditorial des 7 chaînes du service public. Dans son communiqué Gallet précise : "[Laurent Guimier] sera chargé de renforcer la production, la circulation et la diffusion de l'information produite par les rédactions de Radio France sur tous les supports. Il contribuera à la mise en œuvre des projets d’évolution des chaînes de Radio France vers le média global afin d’adapter leurs offres aux usages rendus possibles par le numérique."

Média global, mot magique que Gallet adore agiter et dont il se servait déjà avant la création de franceinfo, chaîne d'info publique en continu créée en septembre 2016. À ce jour la radio existe toujours et a une activité distincte de la TV diffusée sur le canal 27 de la TNT. Média global ? On a demandé à la radio d'intervenir "à l'antenne" TV sans bien comprendre la plus-value que cela apporte si ce n'est à distinguer les lieux d'où part l'information !

Par contre si l'on considère que franceinfo est le premier étage d'une fusée nommée "nouvel audiovisuel public" il faut regarder de très près ce que Gallet appelle "projets d’évolution des chaînes de Radio France vers le média global". Toutes les supputations peuvent être avancées mais la plus probable pouvant être le "rapprochement" de France Bleu et France 3.




• Grève nationale pour France Bleu (FB)
Ce 18 mai la grève a été bien suivie dans de nombreuses locales du réseau. J'avais dans un récent billet rappelé ce qui présidait à cette grève. Le lendemain, lors d'un CCE (Comité Central d'Entreprise) extraordinaire, Mathieu Gallet et Eric Revel (directeur de FB) reconnaissaient l'ampleur du mouvement et avoir entendu le message. Malgré cela les élu-es ont voté une "Motion de défense à l'encontre du comité exécutif de France Bleu" qui constate que : 
"Le projet [pour France Bleu, ndlr] nous a été présenté sans aucune modification, ni aucune remise en cause du bien-fondé de cette stratégie :
- La nationalisation des tranches, 8h45/9h25 et 14h/16h est confirmée
- La réforme de l’info en matinale est confirmée. Ce projet trahit les engagements pris par la Direction suite au mouvement social de 2015 et à la médiation qui a suivi, ainsi que les orientations du Contrat d'Objectif et Moyens 2015/2019…"

À l'issue du CCE les élu-es ont voté : "une motion de défiance à l’encontre du Comité Exécutif du réseau Bleu et demandent aux organisations syndicales de déposer au plus vite un nouveau préavis de grève." 




Le lendemain dans "Les échos" Mathieu Gallet envoyait un message subliminal à Marc Schwartz et Emmanuel Macron "Les médias publics peuvent progresser ensemble sans être une BBC à la française ". Ben voyons, Léon. Ce n'est pas Mathieu Gallet qui pilotera la réforme de l'audiovisuel public. Le modèle avancé par Schwartz en 2015 a été validé par Macron et servira de trame au futur Office de Radio et Télévision Française (ORTF) qu'on ne nommera jamais comme ça par "respect" pour son fossoyeur Giscard d'Estaing. 

Quant au mariage de France Bleu/France 3 il est bon de rappeler qu'avant le 1er janvier 1983, FR3 c'était aussi la radio. Ironie de l'histoire si l'on devait, 34 ans après, revenir à la situation antérieure !!! Que de gâchis, de perte d'énergie, de gestion à la petite semaine ! Tout ça parce que la loi de 1974, qui a mis fin au monopole de l'ORTF, avait juste oublié le sort qui serait fait aux radios décentralisées qui, "par défaut", pendant huit ans, se sont retrouvées sous l'autorité de FR3 !
(À Suivre…) de près.

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