jeudi 15 mars 2018

15 mars 1968… Pierre Viansson-Ponté à la une du Monde

Qui, à la criée sur les Champs-Élysées (Paris), façon Jean Seberg dans à "Bout de souffle" (1), pouvait bien vendre Le Monde le jeudi 14 mars 1968 (daté vendredi 15) ? Un, des anonymes qui, eux, ne seront jamais passés à la postérité. Même si, futé, l'un ou l'autre de ces crieurs avait eu la bonne idée de crier le titre du milieu de page "Quand la France s'ennuie" de Pierre Viansson-Ponté, éditorialiste du quotidien du soir.



"Heureusement, la télévision est là pour détourner l'attention vers les vrais problèmes : l'état du compte en banque de Killy, l'encombrement des autoroutes, le tiercé, qui continue d'avoir le dimanche soir priorité sur foutes les antennes de France" écrit Viansson-Ponté. Le journaliste, avant tout le monde, avait senti que derrière cet ennui collectif, "à en périr", pourrait venir un sursaut et, celui-ci d'évoquer quelques hypothèses politiques ("la gauche pour voir") ou sociétales à l'image de ce qui est en train de bouleverser une bonne partie du monde.

"Les étudiants manifestent, bougent, se battent en Espagne, en Italie, en Belgique, en Algérie, au Japon, en Amérique, en Égypte, en Allemagne, en Pologne même. Ils ont l'impression qu'ils ont des conquêtes à entreprendre, une protestation à faire entendre, au moins un sentiment de l'absurde à opposer à l'absurdité. Les étudiants français se préoccupent de savoir si les filles de Nanterre et d'Antony pourront accéder librement aux chambres des garçons, conception malgré tout limitée des droits de l'homme. Quant aux jeunes ouvriers, ils cherchent du travail et n'en trouvent pas." écrit l'éditorialiste lucide et pas encore gagné par la rage collective du 22 mars, dans juste une semaine.

Cinquante ans après, un jeune trublion, parfait Duduche de Cabu, plus acéré politiquement, donne tous les mois un "Coup de boule" dans Siné mensuel. Guillaume Meurice ne se contente pas d'envoyer des flèches du lundi au vendredi sur France Inter (2), férocement, il écrit à la serpe sa "hargne et son courroux (coucou)".

Viansson-Ponté/Meurice, Meurice/Viansson-Ponté et si jamais à cinquante ans d'écart Meurice comme son aîné avait lui aussi senti l'air du temps ?





















(1) Qui elle vendait le New-York Herald Tribune,
(2) "Par Jupiter" 17h,

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