lundi 3 février 2025

Les Nuits de France Culture ont 40 ans : quel programme !

C'était il y a deux jours, dans la nuit du 1er au 2 février, Les Nuits de France Culture fêtaient leur quarante ans. Sans tambour ni trompettes, Albane Penaranda, nous présentait l'histoire surprenante de la numérisation des archives de l'Ina et le programme de cette nuit élaboré par les détenus de la prison de Saint-Maur. Mais il est bon de rappeler qu'en janvier 1985, c'est sous l'impulsion de Jean-Marie Borzeix, Directeur de France Culture (1984-1997) que "Les Nuits" ont "vu le jour" !! À ces archives radiophoniques mises à l'antenne, Borzeix prévoit leur accessibilité démultipliée face à la matière première qui ne cessera de s’accumuler. «Jen suis convaincu, on découvrira bientôt un Himalaya sonore dont nous-mêmes ne soupçonnons pas lampleur ». (1)

"Le Rêve" (1883) de Pierre Puvis de Chavannes.
Collection du Musée d'Orsay - via Wikimedia Commons


Albane Penaranda : "Cette nuit d’archives est une nuit particulière puisqu’elle marque le 40e anniversaire des Nuits de France-Culture, à la fin du mois de janvier 1985. [Soit] la naissance d’une nouvelle mission dont Jacques Fayet était le producteur, une émission de nuit où étaient rediffusées des émissions de la semaine en cours, et également des émissions anciennes qui donneront aux auditeurs, l’occasion de voyager dans une mémoire radiophonique. Comme chacun, le sait, la formule des Nuits de France Culture a part la suite évolué jusqu’à ne plus programmer et présenter que des émissions anciennes, voire très anciennes. Des archives donc à la conservation et à la restauration desquelles veille l'Ina, d’indispensable partenaire des Nuits.…

Quarante ans après [Les Nuits] sont toujours là. Pour ce quarantième anniversaire, nous dérogeons aux règles habituelles de production de nos programmes en mettant en lumière un aspect inconnu de leur fabrication. Enregistrées initialement sur des supports menacés d’obsolescence, les archives radiophoniques les plus anciennes ont dû être numérisés pour permettre de prolonger leur existence et pour sauver du même coup de l’oubli, la gigantesque mémoire radiophonique conservée par l'Ina.

Des milliers d'heures d’enregistrement de notre histoire ont ainsi été préservées. Or on l’ignore le plus souvent, depuis 1992, dans le cadre du plan national de sauvegarde mis en place par l'Ina, c’est à la centrale de Saint-Maur par des détenus qu'a été numérisé une grande part de ces archives. Plus précisément au sein du "Studio du temps", une structure créée par le compositeur, Nicolas Frize, avec le soutien des ministères de la culture et de la justice. 

Aujourd’hui, la numérisation des fonds de L'Ina est quasiment achevée et sa coopération avec le "Studio du temps" prend fin en 2025. Derrière les murs de la centrale de Saint-Maur, les portes du "Studio du temps" vont se refermer. Aussi nous avons pensé que l’expérience menée par Nicolas Frize méritait d’être saluée. Durant 34 ans, elle aura permis à des prisonniers de se voir proposer une formation aux métiers du son et, une filière d’emploi, avec la numérisation des archives sonores. Le programme de cette nuit, ces opérateurs du "Studio du temps" eux-mêmes en ont choisi le thème, la nuit." (Albane Penaranda)

Aurores boréales vertes et violettes
à Mefjord en Norvège en 2023. ©Getty - Westend61


La citation est longue mais indispensable pour comprendre l'histoire même des "Nuits". Joli voyage temporel qui pour ces quarante ans nous mènera à travers des témoignages sur des pratiques nocturnes par Franck Venaille (Nuit, night, notte, nacht). "De l'invention des monstres" par Marion Thiba. La vie et les mœurs des oiseaux nocturnes,"Les oiseaux nyctalopes" par Isabelle Rabineau. "La magie des éclipses", extrait d'un "Staccato" d'Antoine Spire. Un "Paris à l'envers ou le Paris des noctambules" (Le Vif du Sujet) par Alexandre Heraud. Et "Paysages de l'aube" (Nuits magnétiques) par Véronique Brindeau, Jacques-Franck Degioanni.

Quelle nuit ! À n'en pas fermer l'œil (et à dormir tout un dimanche). Un immense merci à Albane Penaranda, à Nicolas Frize et à ces détenus de la Centrale de Saint-Maur : Triple A, Frédéric, Adrien, Jean-Charles, José, Olivier et Ibrahim. Quelle expérience cela a du être pour eux qui ont pu quelques instants développer autrement leur imaginaire. Quelle formidable idée a eu Nicolas Frize ! Il faudrait sûrement trouver une suite à ce "Studio du temps" pour que la mémoire radiophonique se diffuse au-delà des Nuits de France Culture.

Depuis 1985, les quatre producteurs des Nuits ont été : Jacques Fayet (1985-1998), Geneviève Ladouès (1998-2001), Philippe Garbit (2001-2021), Albane Penaranda (2001-)

(1) "Radio exception", Jean-Marie Borzeix, Le Débat, Juin 1985,

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