Sonia Devillers va plonger dans la réalité virtuelle depuis la réalité réeele… |
Mes chers auditeurs je vais vous raconter une petite expérience d'écoute radiophonique qui m'a surpris moi-même. J'écoute, du lundi au vendredi, en flux, France Inter de 9h12 à 9h59 (1). Je prends donc, chaque matin, un coup de Boomerang dont j'apprécie le punch et/ou la découverte, et/ou la petite musique culturelle du moment. Mais surtout je suis au taquet pour écouter L'Instant M à 9h41, parce que, depuis tout petit, les médias m'intéressent, même si, la télévision ne m'intéresse pas.
Je l'ai écrit ici depuis longtemps, quand on rentre en phase, en lien, en ondes avec une émission, c'est à la fois une mécanique de l'esprit, couplée à une mécanique du cœur qui participent de sa propre vie quotidienne. On se met en conditions d'écoute, on essaye d'éviter les scories (téléphone, sonnettes diverses et variées, cocotte minute ou bouilloire sifflante) et on entre "in", dans une bulle et la Terre peut bien s'écrouler, rien ne peut alors nous distraire de cette écoute aiguë.
E la nave va ! On sourit, on commente, à voix haute ou à voix basse, on rit et, même quelquefois on pleure si l'émotion est trop forte. On est dans un rythme où Sonia Devillers, la productrice, n'incite pas à être distrait. Avec ou sans image (2) elle nous tient en haleine par la maîtrise de son rythme, ses ponctuations, ses rires et sa façon "naturelle" de mettre de la gravité quand celle-ci s'impose. Avec ses dix-huit petites minutes d'émissions, Sonia ne lâche rien et toutes les secondes sont utiles. Au point qu'entraînée elle-même par son sujet elle ne baisse pas d'un ton quand (avec en fond l'indicatif de l'émission) "résignée" elle se doit de désannoncer et donner la parole au producteur de l'émission suivante.
C'est à ce moment pile que j'éteins la radio. Ce n'est ni un acte facile, ni un acte naturel (3). On ferme la radio quand on quitte le lieu où on l'écoute, quand on a besoin de silence, ou quand on décide d'écouter de la musique par un autre canal. Mais fermer "brutalement" la radio parce qu'on n'a pas envie de passer à autre chose, c'est un peu moins évident. Pourtant je le fais. Et c'est là que je me suis rendu compte d'un petit "phénomène" que je n'avais pas connu jusqu'alors. Je me suis surpris à constater, le vide, l'absence de voix et comme un manque. Pourquoi ça c'est arrêté ? Pourquoi tu ne parles plus Sonia ? Tu n'avais plus rien à dire ? C'est fini ?
En pleine lecture… virtuelle |
Cet "état" surprenant j'ai essayé de le comprendre et je pense que ça tient à un tout petit rien… qui fait tout. Devillers par son ton, son punch, sa cadence nous incite à ne pas traîner la patte et à la suivre au même rythme pendant son semi-marathon de dix-huit minutes. Et, comme elle tient ce rythme jusqu'au bout de l'émission, sans changer de ton, voire sans descendre d'un ton pour disparaître, la rupture "tonale" est brutale. On reste un peu en suspend. Sec, sans voix. Et, en ce qui me concerne, pas question de passer à autre chose au prétexte que "c'est fini". J'ai besoin de repenser à ce que j'ai entendu, prendre des notes, chercher des liens, me refaire le film.
Et, c'est aussi la raison pour laquelle je passe "forcé" en mode silence car je ne peux pas immédiatement changer de chaîne, ni même écouter de la musique. Mais "ne changeons rien", l'auditeur est apprivoisé, moi et les autres sûrement ! Mais, mais, mais on peut imaginer que Devillers disposant de trois, quatre minutes supplémentaires pourrait doucement "descendre d'un ton" et nous dire "c'est fini pour aujourd'hui". Mais, mais, mais la connaissant, sur ces quatre minutes, elle ne prendrait que quinze secondes pour désannoncer et elle aurait bien raison. Le temps est précieux. Et le temps court, encore plus.
Qu'Augustin Trappenard se rassure je n'ai pas envie de lui shunter quatre minutes. Mais j'en profite pour demander à Emmanuel Perreau, directeur des programmes de la chaîne, de se changer quelques minutes en Pierre Bellemare et de dire "Il y a sûrement quelque chose à faire". La chose à faire est simple, après 4h non-stop d'infos en tout genre depuis 5h du matin, un journal de 10' à 9h est proprement superfétatoire. L'info c'est bien, mais il y a des chaînes pour ça. Rien mais rien ne justifie d'en rajouter une couche à 9h. sauf à conforter des habitudes récentes (4).
De neuf à dix, on pourrait alors avoir une vraie heure de "programmes", une heure de 60' et chacun y trouverait son compte le Boomerang et l'Instant M. Merci M. Perreau d'essayer de "donner du temps au temps". À bon entendeur salut !
(1) Je précise 9h12 car les infos, les promos de 9h à 9h12 ne m'intéressent absolument pas, pas plus qu'à 10h les infos que l'émission qui suit,
(2) Sans même regarder en vidéo l'émission, si on connaît un tant soit peu la radio, on imagine la productrice face à la vitre de la régie (réalisateur, ingé-son, assistant de l'émission), ses invités et autres chroniqueurs à sa gauche et à sa droite. Et si on a eu l'occasion de voir Devillers in situ on ne peut oublier sa gestuelle qui donnent aux moulins à vent de Don Quejote une bien pâle figure…
(3) Je le faisais aussi autrefois quand ce misérable et méprisable chroniqueur de France Culture s'évertuait, tous les matins, à téléphoner sa logorrhée depuis ses chiottes dans un téléphone portable, se moquant du tiers comme du quart de la réception à l'antenne malgré les injonctions multiples et variées des matinaliers Demorrand et Baddou…
(4) Pendant de nombreuses années Pierre Bouteiller et d'autres ont pris l'antenne à 9h05, depuis, les infos/actus grignotent grignotent les programmes dans un mouvement qui semble irréversible ! Pourquoi ?
(4)voilà une question qu'elle est très bonne, pourquoi ?
RépondreSupprimerPourriez-vous signer cher anonyme ? Début de réponse ci-dessous ! Et aucun producteur n'a plus osé rien dire ! Tyrannie de l'info !
SupprimerCher Fanch. Il y a 25 ans (déjà !) lorsque je travaillais avec Claude Villers pour Marchands d'Histoire, l'émission était programmé à 9h07 (pétantes), pubs ou promos comprises. Je me souviens encore de Claude lorsque la rédaction prenait ses aises. Sitôt l'émission terminée, c'est à dire à 10H pétantes, il descendait furieux à l'étage de la rédaction (3ème) et allait dire ce qu'il pensait au rédacteur en chef (à l'époque je crois Yvan Levaï), avec les mêmes arguments que les tiens (arrêtez de nous faire chi... après 3 heures d'infos, on n'en peut plus de l'info !). Les journalistes ont bien essayé plusieurs fois d'allonger leur journal jusqu'à 9h10, mais ils ont vite baissé les bras car Claude n'a jamais laissé passer aucune seconde supplémentaire. Alors tu vois, le combat programme/info n'est pas nouveau. Christian Clères
RépondreSupprimerCQDD ! Merci Christian, j'ai fait suivre à Emmanuel Perreau ;-)
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