André Malraux (7 mars 1974)
Enfin un peu de hauteur spirituelle et culturelle ! Malraux répond clairement à Chancel qui voudrait lui faire dire qu'il a laissé l'écriture au profit de la politique "Je n'étais pas Ministre, j'étais le ministre du Général de Gaulle". Et il donne sa définition d'un projet politique culturel ; "Ou bien vous voulez une culture pour tout le monde ou bien vous voulez une culture pour chacun. Ce n'est pas du tout pareil."
Persuadé que l'humanité est en fin de cycle, Malraux constate qu'"il y a une crise fondamentale des institutions" et des arts… Il fait part à Chancel d'une expérience menée par les Américains en rémunérant des individus à regarder la télévision six semaines consécutives pour recueillir des avis sur les programmes. Sur la centaine des personnes concernées aucune n'a tenu plus de 15 jours.
Malraux reprend des constatations scientifiques sur ce média "Il y a une hypnose de la télé qui tient en partie à ce que la lumière de la télé est projetée sur vous à travers l'écran, alors qu'au cinéma elle est projetée sur l'écran, l'action biologique est différente. Il est certain que l'action de la télévision est immense, et est un phénomène de transmission excessivement important. Et McLuhan dit "nous avons à faire au retour d'une civilisation acoustique et tactile".
"Je ne pense pas à la postérité [en réponse à Chancel, qui s'y intéresse tant] parce que je pense que nous vivons la fin d'un monde" Par contre on notera l'anecdote savoureuse du voyage de "Mona Lisa" (La Joconde) pour l'Amérique, à bord du France (1). Et Chancel qui dit ne jamais avoir prononcé "Et Dieu dans tout ça" rappelle à Malraux ce mot du Général de Gaulle "Malraux ne croit pas en Dieu, c'est dommage ça m'arrangerait bien !".
(1) Tiens, ben Christian Cleres qui n'aime pas beaucoup écouter ces "vieilles" Radioscopie, appréciera l'anecdote transatlantique !
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