La farce, le théâtre et la pantomime…

Jean Zay © Radio France - 2016

Comme je l'écrivais le 1er mai, il fallait s'attendre, ce 3 mai, à avaler des couleuvres pour la commémoration des 80 ans du Front Populaire. Quoi de mieux qu'un théâtre pour jouer une farce ? Quoi de mieux que celui du Rond-Point (Paris) pour tourner autour…  Autour de la "gauche" quand on ne peut plus revendiquer en être. Sauf à faire la pantomime devant les apparatchiks d'un Parti socialiste qui, quelques jours plus tôt, faisaient les gugusses en martelant un slogan digne des colonies de vacances des années cinquante.

Il faut sûrement être Président de la République et, avoir une sacrée dose de cynisme pour, sous l'égide du Front Populaire, se mettre en scène, se hausser du col et en appeler à quelques figures socialistes (Mendès-France, Mitterrand,…) auxquelles Jaurès et Blum (heureusement) n'ont pas eu l'heur d'être conviés. Personne n'aura oublié la raillerie des socialistes quand un certain Sarkozy, à défaut de prononcer correctement le nom de Roland Barthes, en avait appelé à Jaurès (1). 

La farce c'est de s'être servi de l'hommage au Front Populaire pour servir sa propre cause calculatrice, au mépris, le plus vulgaire, de la dignité et de la reconnaissance de ceux qui l'ont créé, soutenu et agit, ce Front Populaire qu'on assassine. Heureusement qu'à la radio un "petit" îlot d'histoire permettait de se remettre la mémoire en bon ordre et, d'écouter deux jours durant l'évocation d'un mois de mai qui a transcendé "Le temps des cerises".

Lundi 2 et mardi 3 mai, Jean Lebrun a consacré "La marche de l'histoire" à deux moments très symboliques de cette époque.
- Front populaire : une ambition culturelle,
- Front populaire : la semaine de 40 heures,

Pierre Brossolette

Lebrun à Pascal Ory : "Qu'est-ce qui se passait du côté de la radio ?" Ory "Il y a eu une réorientation politique des équipes du "Journal parlé", Pierre Brossolette (qui est entré au Panthéon en 2015) militant du Parti socialiste est arrivé à la radio à ce moment-là. D'autre part c'est à Jean Zay que l'on doit la Radiodiffusion scolaire qui essaye d'imaginer d'autres formes de pédagogie contre un corps enseignant qui est vent debout face à cette initiative-là. la popularisation du théâtre viendra par l'entrée des groupes de théâtre populaire dans les studios de radio. Des comédiens d'"Art et Travail" se sont implantés à la radio et venaient du Front populaire."

Lebrun :" Cependant à l'époque il y avait des élections radiophoniques" Ory ; "On a donné la parole aux usagers pendant 4 ans. Lebrun "Aux élections radiophoniques de 37, la gauche est battue par les associations de droite" (2)

Pour "Les quarante heures" le propos de l'invité de Lebrun, Gérard Vindt, insiste sur la concordance des temps avec la "Loi travail", actuellement en cours d'examen par le Parlement. Même si le surmenage et son organisation ne sont plus les mêmes, même si les cadences de 36 ont été remplacées par celles de 2016. Et Vindt de rappeler que l'application du nouveau temps de travail hebdomadaire passera par une loi qui sera votée le 21 juin 36. Et en 38, le Président du Conseil (Radical) proposera une diminution du tarif des heures supplémentaires au-delà des 40h, une autre façon de les remettre en cause, puis de les enterrer en novembre 38.




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On notera que la mode, très tendance sur les chaînes du service public, qui consiste à choisir un thème pour le développer sur 5 jours : la police, les lycéens, le street art n'aura pas été jusqu'à effleurer le Front populaire. Et depuis lundi pas du tout dans les matinales. Dommage Qu'Emmanuel Carrère, qui s'est beaucoup répandu à Radio France, n'ait pas écrit un livre sur mai 36. Une hypothèse : peut-être vaut-il mieux ne pas insister sur les acquis des salariés en 36, des fois qu'on les rapprocherait du travail de sape que la loi "Travail" risque d'instituer ?

(1) Toulouse, 12 avril 2007, Discours de campagne, où le candidat se revendiquait être "l'héritier de Jaurès" et prétendait vouloir remettre au cœur de la vie politique française les "valeurs que la gauche a trahies", 
(2) Facétieux Pascal Ory qui pour présenter une polémique entre deux personnes, feind de se tromper et nomme volontairement et Alain Finkielkraut