samedi 30 septembre 2017

De l'epectase à la luxure… (T'as le bon titre, coco)

Rien que ce titre hein, c'est du Chaumelle tout craché. J'y touche pas mais si vous m'écoutez bien vous attraperez mon histoire… particulière. Olivier Chaumelle est lui aussi particulier. Singulier même. Produire un doc sur le cardinal Daniélou lui va comme un gant. Ce sujet était pour lui. Et pour une fois je crois que je vais plus vous parler du producteur (que je connais un tout petit peu) que de son sujet que vous écouterez aujourd'hui et demain (1).

Jean Danielou


















De Daniélou, cardinal mort chez une prostituée en 1974 aux premiers jours de l'ère Giscard, Chaumelle aurait pu faire toute une histoire. Du point de vue du clergé. Du point de vue des prostituées. Il a choisi l'angle du fait divers sans l'alourdir de la morale religieuse ni, sans le moquer de la vindicte populaire ou de sa gauloiserie. Délicatement. Même si quelques chansonniers n'ont pu résiter. Chaumelle pose dans son récit quelques petits cailloux. Blancs. Subtil, il va jusqu'à camper Daniélou en quidam. Banal. Humain. Nu des oripeaux de son office. Pas besoin de forcer le trait. La vertu cardinale croise la luxure et l'epectase est proche. 

Chaumelle ne rit pas. Il a rassemblé tous les contempteurs. Avec François Teste, réalisateur, il "superpose" les observateurs patentés. Mais aussi Gainsbourg, Birkin, Daniélou et Chancel (2). Superposer, l'époque se prête à ça. Une morale religieuse prégnante, une libération sexuelle de plus en plus assumée, un président jeune et moderne, le déclin du prestige des élites, la fin des utopies, le scandale permanent. Ce mélange des genres devenu quarante ans plus tard l'alpha et l'oméga de la société tout entière. De tout ça Chaumelle tire une farce feutrée, calme, loin des moqueries faciles et des accusateurs de tout poil.

Sûr que le producteur aurait aimé confesser le prélat. La calotte et la luxure, voilà de quoi enfiler les perles de plusieurs chapelets chez Chancel (2). Chaumelle n'a pas besoin de l'emphase d'un Bellemare, de la gourmandise d'un Villers, ou de la tournure d'un Gougaud. Il lui suffit de susurrer l'événement et ce sont ses personnages qui racontent. Pour un samedi et un dimanche c'est parfait. J'arrive même à accepter qu'on ait pu couper l'heure en deux… sur deux jours. Chaumelle a désacralisé le cardinal qui, n'ayant pu aller au ciel n'est peut-être pas encore au Paradis.




(1) "Une histoire particulière", samedi et dimanche, 13h30, France Culture, 
(2) Journaliste, homme de radio et de télévision. A animé "Radioscopie" sur France Inter de la fin des années soixante au début des quatre-vingt-dix.

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