lundi 8 juillet 2019

Joao Gilberto : de l'indécence médiatique en général, à celle de sa mort en particulier…

Samedi dernier, la nuit n'est pas encore tombée à l'extrême pointe nord-ouest du Finistère que Twitter m'avertit de la mort de Joao Gilberto, guitariste et chanteur brésilien. Mon réflexe avant d'écouter quoi que ce soit est d'y penser calmement, retrouver des airs à défaut de pouvoir les chanter, entendre dans ma mémoire Laurent Valero ou Thierry Jousse, producteurs à France Musique, évoquer l'artiste, son parcours dans le contexte particulier du Brésil des années 60 et celles qui ont suivi… Mais c'était sans compter sur la frénésie nécrophage du simple twittos comme du professionnel de radio dont on a l'impression qu'il veut absolument nous dire "J'y étais… Je vais tout vous dire !".

Joao et Astrud Gilberto





















Dire ? Pas grand chose d'autre que des évidences mais envoyer des vidéos YouTube par dizaines avec les mêmes titres et quelquefois les mêmes commentaires qui enfoncent les portes ouvertes. Heureusement que Joao Gilberto n'est pas mort un jour de semaine, un matin à l'heure du gavage des matinales, ou vers midi car sinon toutes les radios auraient repris leur mantra imparable. "… bouleverse ses programmes pour vous proposer une émission spéciale avec de nombreux invités, bla bla bla, bla, bla bla". 

Qui aura oublié le 10 janvier 2016, quand David Bowie eut la mauvaise idée de mourir un peu après 8h ce lundi matin-là ? L'horreur absolue, le pathétique le disputant à l'indécence, la frénésie à l'obscénité la plus vulgaire. Là chacun, chacune des radios voulaient en faire le plus possible pour attraper les mouches avec du vinaigre et les coller au plafond du médiamétrique institut. Pitoyable, minable, indigne !

La radio en général et France Musique en particulier ne doit-elle pas prendre la distance nécessaire et donner à l'auditeur les moyens d'écouter des émissions pensées, sourcées, contextualisées plutôt que de mettre en avant d'anciennes émissions que nous aurons toujours le temps lors d'un hommage d'écouter à notre rythme et/ou à notre ferveur personnelle (1) ? Cette course à l'échalote, outre son ridicule, montre à quel point le média radio a définitivement sombré dans la course à l'audience et le référencement googlisé !



Laurent Valero consacrera son "Retour de plage" de ce soir (18h-20h) à l'artiste brésilien. On peut s'attendre à un formidable travail de contextualisation, de trouvailles musicales, de duos exceptionnels et de standards féériques. L'auditeur averti de France Musique savait pouvoir attendre… 42 heures pour retrouver Joao Gilberto ! L'auditeur oui ! Mais visiblement pas les sordides compteurs de clics de Radio France !

(1) Inviter Thierry Jousse dimanche matin dans la matinale de Priscille Lafitte était le très bon choix, encore eût-il fallu que la productrice n'ait pas l'œil rivé sur la pendule électronique pour laisser à Thierry Jousse le soin de faire l'historique du musicien disparu… quitte à dépasser de quelques minutes le timing prévu ! Preuve flagrante que Lafitte n'était pas dans l'émission mais dans son conducteur. D'autre part, depuis quand sur France Musique interrompt-on les morceaux de musique pour remettre de la parole ? Rappel : il s'agissait d'entendre un musicien et nous sommes sur France Musique !!!!!! 

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