lundi 29 juillet 2019

Juillet 69 : on a marché sur la lune. Juillet 2019 : FTV découvre la lune…

Vous n'aimez pas la petite reine ? Vous avez tord ! Vous n'aimez pas la TV ? Vous n'avez pas tord (mais un peu quand même) ! Pourtant si vous aimez les émotions fortes, le 18 juillet, vous auriez mieux fait d'être pendu à votre écran. Ce jour-là, France Télévisions, dans son émission "Vélo-Club", sans crier gare, allait bouleverser l'entendement audiovisuel. En fin d'après-midi, après la 12ème étape du Tour de France, Christian Prudhomme va lâcher une bombe genre "un petit pas pour l'oreille, un grand pas pour l'audiovisuel". On reste collé à son fauteuil. La sueur perle au front. Les ventilateurs se sont brusquement arrêtés. L'air est irrespirable…

Christian Prudhomme et Alexandre pasteur, écran FTV















Au cours de son interview par les cadors du cyclisme télévisuel (Rousse, Jalabert, Voeckler, Pasteur, Geay) avec le détachement d'un prince rentrant d'une partie de badminton en plein cagnard à midi, Prudhomme, directeur du Tour de France, annonce (6'20") : 
- "Alexandre Pasteur : Quelles sont les pistes sur lesquelles vous travaillez pour rendre le Tour de France encore plus attractif dans les prochaines années ?
- Christian Prudhomme : Le jour où on pourra rendre le son… La TV magnifie les paysages, mais on ne rend pas le stress qui existe dans le peloton… C'est une véritable piste !" 
(Pendant ce court échange, Pasteur affirme "C'est un sport muet" et Laurent Luyat, l'animateur du Vélo-Club s'intercale et dit "Ça va arriver")…

Voilà le genre de teasing pas du tout anodin qu'il faut prendre très au sérieux. Teasing car Prudhomme envoie une info (piste) ouverte que deux journalistes appuient, visiblement dans une certaine forme de confidence ou de "secret des dieux". Si Amaury Sport Organisation (ASO, organisatrice du Tour de France) s'intéresse au son alors que la TV retransmet l'épreuve depuis l'arrivée du Tour 1948, c'est qu'il y doit bien y avoir anguille sous roche. Mais pas question qu'un bastion du spectacle en plein air et des retransmissions intégrales de toutes les étapes de l'épreuve depuis trois ans révèle, à la va vite et entre deux, une info de première bourre qui va sans doute "révolutionner" le compte-rendu dynamique de la course.

Vous pouvez imaginer que je ne suis pas dans le secrets des dits-dieux, mais cette façon d'annoncer la chose m'a mis la puce (ou la coccinelle) à l'oreille. Le son ? Quand Prudhomme parle de "rendre le son" il ne vise sûrement pas l'amélioration des hauts-parleurs des différents outils qui le diffusent. Donc à quoi pense-t-il ? Qu'il a été convaincu par certains supports de presse qui se sont très récemment mis au podcast. Vous savez le podcast, Graal absolu au développement de l'audio. Il le pense d'autant plus que peut-être quelques directrices/directeurs de ces nouveaux studios de production sont venus lui faire des offres de service.

Ce serait logique aussi que France Télévisions se soit mise sur les rangs (la réaction des deux journalistes pourrait le laisser penser). Ben oui France Télévisions n'échappe pas à la podcastmania. Mais plus logique encore que Radio France, a minima ait levé la main et a maxima se soit rappelée aux bons souvenirs du monde cycliste. Et présenté deux très grandes réalisations audio qu'un ingénieur du son de Radio France, réputé et récompensé par des prix prestigieux, a magnifié pour "Paris-Roubaix" et le "Tour de France". Il s'agit bien sûr de Yann Paranthoën, l'inseigneur du son… (1).

Alors les caciques du numérique et de la production à Radio France étaient-ils là au bon moment de cette annonce… historique ? Les jeunes loups, féroces, de la podcastisation de la société étaient-ils dans les coulisses de la Grande boucle pour proposer, à ASO à la rentrée, "maquettes" et autres "pilotes" qui, de fait poseraient leur studio parmi le Top ten de la profession, allant sûrement jusqu'à revendiquer le maillot jaune podcastique (2).

Passé l'effet d'annonce, on sourira quand même de la découverte (par la TV, à la TV) de la nécessité de pouvoir entendre le "son des courses", quand déjà la radio depuis 37 ans avait donné une image extraordinaire des courses cyclistes ! CQFD ! Entendre et voir…

Yann Paranthoën © Marc Enguerand




















(1) "Yvon, Maurice et les autres… et Alexandre ou la victoire de Bernard Hinault dans Paris-Roubaix 1981" (1982) et, "Le Tour de la France 1989 de Vincent Lavenu, dossard 157" (1992),
(2) Je me suis défoncé pour décliner le syndrome "podcast" : podcastmania, podcastisation, podcastique… Manque peut-être "podcastor" ou "podcastiglione" (Merci Gotlib ;-) 

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