Tom Jobim |
Radio Fañch : Bonjour Thierry Jousse et Laurent Valero, après plusieurs années en duo sur France Musique pour Easy Tempo, vous voilà depuis le 3ème été, seuls à rentrer de la plage… C’est pas trop dur ?
Laurent Valero : Compte tenu que nous avons, Thierry et moi, formé longtemps un duo radiophonique qui fonctionnait assez bien, l'idée d'être seul à la barre pour Retour de plage avait pour nous quelque-chose de frustrant, même si pour ma part j'ai produit de nombreuses émissions en solo avant de travailler avec Thierry. Pour cette 3ème saison le pli est pris, mais on se concerte quand même un peu pour éviter de traiter des mêmes musiques d'autant plus qu'on a tous les deux pas mal de goûts en commun.
Thierry Jousse : Dur, c’est pas le mot. Même si nous avons de très bons souvenirs estivaux… Etrange plutôt. Avec Laurent (Valero), nous formions un duo fluide et très agréable. Amical en quelque sorte. Etre tout seul c’est une autre histoire. Plus obsessionnelle. Qui oblige à chercher davantage, car on ne peut plus se reposer sur l’autre… De toute façon, cette solitude doit inventer des connexions vers l’extérieur. Mais ça permet de creuser certaines obsessions personnelles, de se laisser aller à ses pentes…
Michèle Bernard |
R.F. : Vous avez chacun vos passions musicales qu’avec le temps vos auditeurs ont reconnues, il semble que pour le Brésil (avec ou sans coupe du monde de futebal) ce soit l’accord parfait ?
L.V. : Pour faire Easy Tempo, il fallait avoir des goûts musicaux en commun c'est sûr. (La musique de film, les musiques brésiliennes, le Jazz, la variété internationale, la pop au sens large....) Ce qui était bien, c'est que grâce à l'émission on a nous même beaucoup découvert de trésors musicaux y compris dans des domaines que l'on connaissait assez bien. Et chacun a fait aussi découvrir à l'autre des choses qu'il connaissait pas ou peu. C'était mon cas pour le rock et la pop qui sont un point faible pour moi et que Thierry connait bien. Je dois dire que j'ai fait des progrès depuis...
T.J. : En effet, le Brésil nous réunit, Laurent et moi. J’y ai des attaches personnelles. Et j’ai surtout une joie indicible à diffuser certains morceaux brésiliens, promesse d’un bonheur infini. Joie que nous avions également ensemble ! Notre point de contact initial, c’était peut-être, davantage encore, le jazz et surtout les chanteuses apparentées (Julie London en premier !). Sinon, je suis un peu plus foot que mon ami Laurent. Même si la Seleçao m’a un peu déçu ces derniers temps… Laurent aime le Brésil et ses musiques, mais je me demande s’il ne préfère pas l’Argentine et le tango. Ce qui est moins mon cas. Même si Laurent m’a fait découvrir de très belles choses, dans le domaine argentin, que j’ignorais totalement.
Henry Mancini |
R.F. : Chacun à votre façon vous aimez tous les deux le cinéma et la musique de film, aurons-nous le droit cet été à quelques pépites cinématographiques ?
L.V. : On tous les deux une telle passion pour la musique de film qu'il est improbable voire impossible de ne pas en programmer dans Retour de plage. pour ma part je l'ai fait dans saison. Thierry lui en programme toute l'année dans Ciné-tempo, il fait plutôt une pause sur ce répertoire pour l'été. Des pépites oui forcement parce que diffuser ce que tout le monde connait par coeur n'est jamais très excitant, contribuer à faire découvrir des artistes l'est beaucoup plus. je dirais que c'est un peu notre marque de fabrique à tous les deux.
T.J. : Le cinéma et la musique de film : autre point de contact entre Laurent et moi. En ce qui me concerne, l’été, je fais peu de musiques de film ou de reprises liées au genre car je pratique ça, à longueur d’année, dans Ciné Tempo. Donc, l’été, je me tourne, plus volontiers, vers d'autres plaisirs musicaux. Malgré tout, le cinéma revient toujours un peu, par la porte ou par la fenêtre. Donc, il y aura forcément, ici ou là, quelques petites cinématographiques dans mes programmes d’août. On ne se refait pas !
R.F. : En ce qui concerne la chanson allez-vous nous dénicher des choses aussi jolies que la reprise de Blackbird des Beatles par Emma Stevens de la tribu Mi’kmaq (Canada) ?
L.V. : En ce qui concerne les Beatles l'art de la reprise est un puits sans fond. Après tout, Repassez-moi l'standard est une émission qui ne donne que dans la reprise. Dénicher de belles reprises, peu connues et de très grande qualité est assez jubilatoire à la radio, parce-qu'on sait qu'on surprend le public. On a toujours ce gout en commun avec Thierry... Sûr qu'on ne s'en privera pas durant l'été.
T.J. : Ah les reprises ! La quête des reprises ! L’entreprise de toute une vie ! Une quête qui n’est jamais terminée. J’essaie toujours d’en dénicher quelques unes. Même si j’ai l’impression que j’en diffuse un peu moins depuis que je suis seul au micro… Mais, que l’auditeur se rassure, il aura son quota de reprises, si possible rares et réjouissantes. Pas d’effet d’annonce néanmoins. Wait and see… Comme on dit à la radio !
Jus de citron… brésilien |
R.F. : Comment préparez-vous un Retour de plage ?
L.V. : Pas de méthode précise en ce qui me concerne. je pars souvent avec l'envie d'une thématique qui donne un cadre à la programmation. Paris, les grands thèmes de Jazz adaptés par Nougaro, les thème classiques revus par le jazz et la pop, etc ; ça peut être assez varié, ce qui est sûr c'est que deux heures d'une programmation quotidienne, bien construite et qui se veut divertissante et de très bonne tenue au niveau de la qualité musicale (ce qui est un critère très important qui nous est commun à tous les deux) demande pas mal de boulot. J'ajouterai que notre principal moteur est notre passion de la bonne musique tous genres confondus (et on est libre d'aller où bon nous semble) avec pour visée le plaisir de l'auditeur avant tout. Nous avons ce privilège d'être des passeurs... On ne se sert pas de la musique, on sert la musique et ses interprètes en la diffusant. Enormément d'excellentes musiques et d'excellents musiciens ne sont que très rarement présents sur les ondes, ça laisse une très grande marge...
T.J. : Pour préparer ces Retours de Plage, je mets des morceaux de côté tout au long de la saison. Et je commence à réfléchir à des thématiques, assez larges si possible, pour laisser du mou dans la corde. En veillant à essayer de ne pas trop me répéter… Ce qui n’est pas si facile. Une programmation de deux heures demande un peu de temps de décantation. Il faut accumuler, puis soustraire. Il faut brasser large pour mieux cerner le thème. Et surtout, veiller à ce que chaque émission ait son tempo, avec variations, autant que possible. La recherche des morceaux, la manière de les agencer font partie des choses que je préfère dans l’expérience de ces Retours de Plage. Découvrir un morceau que je ne connaissais pas. Ou trouver le morceau qui manquait au tableau d’une émission me procure un plaisir énorme. Mais, être au micro pour orchestrer tout ça, c’est pas mal non plus ! Ce n’est pas un plaisir solitaire car c’est un vrai dialogue avec un auditeur ou une auditrice qu’on ne connait pas mais qu’on fantasme. Bref, je n’échangerai pas ma place pour rien au monde !
Laura Betti |
R.F. : Pour finir quel morceau de musique ou quelle chanson dédiez-vous à Laurent Valero Thierry Jousse, et inversement ?
L.V. : Un morceau dédié à Thierry Jousse, mélomane, cinéaste et cinéphile : Speak Low chanté par l'actrice et chanteuse italienne Laura Betti dans un arrangement du compositeur Bruno Maderna...un must.
T.J. : La chanson dédiée à Laurent : Alone Together par Mel Torme (dans l’album My Kind of Music)…
Mel Torme |
Interview réalisé par mail le 11 juin 2019,
On se retrouve ce soir à 18h, ici,
pour votre feuilleton d'été…
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