jeudi 4 septembre 2014

Matinales radio : on passe quand à l'allégé … ?

Laurence Bloch

















Apostrophe à Laurence Bloch,
Mathieu Gallet, Frédéric Schlesinger, Jean-Marc Four, Patrick Cohen, (1)

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Une matinale c'est en radio un anchorman - et, à France Info, une anchorwoman, Fabienne Sintès -, des balises de chroniques, de la météo, de la pub et des sas de détente. À partir de ce constat implacable, je m'interroge déjà depuis plusieurs années sur la capacité d'un auditeur à intégrer ce qu'il entend dans tout ou partie de la dite-matinale ?

Prenons le cas du mercredi 3 septembre, sur France Inter et, à partir du journal de 8h, revenons en arrière. Replay. À 7h59 un petit bout de météo. À 7h55, Charline Vanhoenacker a parfaitement fait le job. Les auditeurs sont sous le choc de "Papeete", du rire franc et spontané de Patrick Cohen. Mais à peine auront-ils fini de rire (pendant la météo) que le sonal sera là pour leur rappeler que le journal commence. 



Avant Charline, Léa Salamé accueillait Mara Goyet pour parler de l'école. De quoi se poser les bonnes questions, réfléchir au métier de prof, aux enjeux actuels de l'Éducation nationale, aux pistes de réflexion proposées. Sauf que la virgule furtive qui suit ne permettra pas de commencer à penser. Mais plutôt de se sentir un peu frustré de ne pas pouvoir mettre mentalement en œuvre son propre point de vue.



Avant Léa, Philippe Lefébure, revenait sur le "départ" de Frank Riboud, Pdg du Groupe Danone. Ce n'était pas un simple constat que dressait Lefébure mais quelques pistes de perspectives économiques qu'engagera le groupe Danone dans les mois à venir. Si on s'intéresse à l'économie, on peut souhaiter y penser quelques minutes. Impossible Léa Salamé est annoncée.

Le texte de l'éco du jour est en ligne ici


Avant ce condensé d'économie, Thomas Legrand a brossé son édito politique. Peut-il être entendu et reçu sans prendre le temps de peser les mots, de trouver une contradiction, d'approuver une hypothèse ? Impossible. Lefébure est dans la place.

Le texte de l'édito politique est en ligne ici


Pour appuyer ma démonstration je n'ai ici pointé qu'un quart d'heure, le plus stratégique avant le journal de 8h. La matinale dure 8 quarts-d'heure. En ce qui concerne une prise de recul nécessaire pour "intégrer/digérer/assimiler", ce qui vaut pour 1/4 d'heure vaudra pour les sept autres, non ?

Comment l'auditeur s'y retrouve-t-il ? Les sondages confirment que le journal de 8h d'Inter est le premier journal de France. L'analyse par quart d'heure affine les pratiques des auditeurs. Pour autant la formule même de ces découpages en tranche ne mérite t-elle pas d'être revue au bénéfice de l'approfondissement, de la qualité plutôt que de la quantité ? Ce qui n'exclue en rien la qualité de ce qui est proposé aujourd'hui, mais trop c'est trop, non ? (2)

L'expérience de France Musique qui depuis lundi décentre sa matinale à 8h et jusqu'à 10h va être à suivre de très près. Le "coup" de rentrée de France Culture d'envoyer à Gaza et Jérusalem Marc Voinchet, l'anchorman de la matinale, et la Rédaction affirme, s'il en était besoin, le passage de la chaîne thématique "Culture" à une chaîne généraliste. Une de plus pour Radio France ou une de trop ? Cette course effrénée à l'info ne ressemble t-elle pas à une surenchère pour attraper de nouveaux auditeurs, des auditeurs qui ont profité de l'été pour aller voir ailleurs (3), ou d'auditeurs d'Inter ou d'Info ? Est-ce la vocation de France Culture de consacrer autant "d'énergie" (et de budget) à l'info ?

À la création de France Info, il y a vingt-cinq ans, il n'y avait pas de concurrence entre les chaînes publiques. Aujourd'hui c'est la course permanente à l'échalote. À court terme chacun peut y trouver son compte (Médiamétrie), à plus long il n'est pas sûr que cela serve Radio France.

Mathieu Gallet, avant même de prendre ses fonctions, avait affirmé son désir que les matinales des chaînes de Radio France ne se ressemblent pas. Dès que sera clarifiée la ligne "généraliste" de France Culture, il conviendra d'harmoniser ses matinales avec celles d'Inter. Quant à la masse d'informations diffusées dans les matinales il serait nécessaire d'en penser leur éditorialisation pour sans doute desserrer l'étau du "trop c'est trop" ?

(1) Dans l'ordre : Directrice de France Inter, Pdg du Groupe Radio France, Directeur éditorial et des contenus de Radio France, Directeur de la direction d'Inter, Anchorman de la matinale,
(2) Un très bon point pour Inter, la publication sur le site des textes des chroniques diffusées sur l'antenne qui, en différé permet d'y "revenir",
(3) Le directeur de la chaîne, Olivier Poivre d'Arvor, a utilisé son compte Twitter pour mobiliser ou valoriser l'opération.

2 commentaires:

  1. La matinale est à l'image du reste de beaucoup d'émissions. Chronomètre l'émission Service Public (par exemple) Et bien tu te rends compte qu'aucun échange ne dépasse les 10 mn. Prise d'antenne à 10h10, générique annonce du contenu de l'émission, virgule, présentation des invités (parfois jusqu'à 4) re-virgule chronique de Guilaume ERner (pourtant souvent très bonne), re-re-virgule, représentation du thème de l'émission et des invités, parfois petit reportage, retour en "cabine" et ouf ! ça commence. A non j'oubliais au milieu de tout ça un disque ! il est, il est allez pas loin de 10h30. Sachant qu'on a une dernière chronique en fin d’émission plus un autre disque, le thème sera discuté 20/25 mn ? Pour l’émission Si t'écoutes... même schéma, virgule, répétition des noms des intervenants et sujets abordés, Manoukian démarre et à part la "revue de presse à deux voix" (3 infos !) il n'y a rien eu et il est... 17h26 ! Moi personnellement ça me gave !
    Oui la matinale de Musique est vraiment un havre de zénitude, d'intelligence, de pondération, bref de la très bonne radio.

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    1. Merci Marie, pour ton écoute chrono ! ;-) J'ai bien écouté le 17h d'Inter aujourd'hui. Si tu rentres dans le rythme ça fonctionne… Clara Dupont-Monod a bien vendu "Joseph" et, passé la rigolade (qui ne fait pas de mal), Charline pose les bonnes questions et pousse le bouchon avec talent. On en reparle dans trois mois…

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