lundi 17 octobre 2016

L'info à chaud, tarte à la crème des matinales radio...

















Hollande l'a échappé belle ! Le Nobel de littérature attribué à Bob Dylan jeudi dernier a relégué les "racontars" présidentiels, invraisemblables et pathétiques, aux fins fonds de l'info pipole. Pour la presse, la radio, la TV une véritable aubaine. On convoque les gloseurs et on sort du cadre étroit d'une France enkystée dans la politique, les primaires et autres primates du XXème siècle incapables de faire autre chose que de se régénérer en boucle.

Donc, vendredi matin, les radios s'en donnaient à cœur joie pour se poser la question existentielle du siècle "Bob Dylan, ses protests-song et autres ritournelles folk-rock est-ce bien de la littérature ?" Comme si au pied levé, le moindre anchorman de matinale pouvait, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, répondre, finger in the nose, à la dite question. La démonstration d'hystérie collective lors de la mort de Bowie au début de l'année n'avait pas suffi à convaincre les omniscients qu'ils étaient illégitimes à gloser vaille que vaille, de tout sur tout.

La nouvelle chaîne d'info du service public, France Culture Infos, ne pouvait faire l'impasse sur un tel sujet... culturel. "Erner et l'équipe des Matins" (1), le big band journalistique du moment, convoquait illico Antoine Compagnon pour éclairer notre lanterne des fois que, pauvres radoteurs de chansons, nous soyons désemparés de savoir si ce Nobel est bien mérité !


















Erner et l'équipe des Matins, poseront les questions les plus plates de la terre, dont l'évidente "Qu'est-ce que la littérature ?", pour laquelle Jean-Paul Sartre avait produit un essai en 1948. Le philosophe eût été légitime à s'interroger sur Dylan, Erner et l'équipe des Matins beaucoup moins. Pour les journalistes, Dylan est un sujet comme tant d'autres. Ça ou peindre la girafe c'est pareil. Mais il faut à tout prix que la troisième chaîne infos de Radio France (2), réagisse à chaud. Comme si ce sujet n'avait pas pu attendre quelques jours pour être développé sur la chaîne ?


J'ai écouté Compagnon en streaming après avoir lu un journal papier, en l'occurrence Libération. Je n'ai aucun avis sur la "légitimité" de Dylan à être Nobelisé. Je continuerai à chanter ses chansons et á être convaincu que "The Times they are changing". Par contre j'ai écouté le Banzzaï de Nathalie Piolé sur France Musique, montrant entre autres, une part de l'étendue et la reprise du répertoire de l'ex-hobo de Greenwich Village. Et ne raterai (j'écris ce billet samedi) pour rien au monde les deux heures d'EasyTempo que Laurent Valero et Thierry Jousse consacreront dimanche à 18h sur France Musique au folksinger (3).

Dans ces deux derniers cas, une vraie recherche autour du répertoire dylanien, l'exact contraire de la pastille effervescente que Mathieu Conquet glissa à l'issue des Matins vendredi dernier sur France Culture. Une illustration en forme de pléonasme pour laquelle  Conquet a prétendu, sans rire : "Bob Dylan n’est pas un écrivain mais quelque chose qu’on ne traduit pas en français, un songwriter". Conquet devrait postuler au jury du Nobel ! 

(1) L'anchorman de la matinale est affublé d'une équipe pour le cas où l'on imaginerait qu'il fait tout tout seul. Façon pour la rédaction de la chaîne de suridentifier le territoire immense qu'elle occupe dans les programmes. 
(2) Après France Inter et franceinfo,



Antoine Compagnon


Mathieu Conquet


Nathalie Piolé

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