dimanche 9 février 2014

Attendez-vous à savoir…

Ivan Levaï










Il m'arrive d'avoir un réflexe ancien et d'écouter le samedi et le dimanche Ivan Levaï et sa revue de presse sur France Inter. C'est plus le conteur que j'apprécie que le journaliste qui, volontiers donneur de leçons a, en son temps été surpris que Michel Boyon, Pdg de Radio France, l'écarte de la revue de presse au motif que cette fonction était incompatible avec celle de directeur de la rédaction du journal économique "La tribune" (1). On a la déontologie qu'on peut, mais après avoir pendant 7 ans (1989-1996) fustigé ce qui de près ou de loin participait de l'"abus de pouvoir", on pouvait s'attendre à ce qu'Ivan Levaï ne conteste pas les fondements de cette décision, et mieux qu'il fasse lui-même le choix entre ces deux fonctions pour le moins antinomiques.

Je voulais samedi entendre Levaï broder autour du "cri d'alarme" que lançait le quotidien Libération dans son édition de samedi. Un peu déçu toutefois qu'il ne rappelle pas à notre bon souvenir l'arrêt tout aussi brutal de la parution du quotidien, le 21 février 1981 avec une une en noir et blanc qui a fait date pour les passionnés de presse "Je t'aime moi non plus…". Le Libé de Jean-Paul-Sartre, premier époque, allait faire sa mue, éditoriale et graphique, et reparaître le 12 mai 1981 sous la direction de Serge July (2). On a connu un Levaï plus contextualisant. Mais sa façon de "faire durer" le plaisir de lire la presse est souvent savoureuse, même si l'on sent que le journaliste, au fait de sa gloire et de sa renommée, prend un malin plaisir à étirer sa chronique au-delà quelquefois de douze minutes.

L'exercice convient aux deux jours de fin de semaine, quand du lundi au vendredi il faut supporter les superpositions de Patrick Cohen à la revue que mène un Bruno Duvic, alerte, mais à qui il manque de pouvoir de temps en temps "faire dans le détail". Ce dimanche matin, bien mal à propos, Fabrice Drouelle qui anime la matinale, s'est interposé pour "ramener sa science" et citer avant Levaï l'expression favorite de Geneviève Tabouis (3) "attendez-vous à savoir" quand elle tenait chronique à Radio Luxembourg… Avec Levaï aussi on s'attend à savoir, le journaliste ne cachant jamais ses marottes et ses passions, mais on a plaisir à goûter au charme de la tournure et de la mise en scène de la presse, même quand celle-ci est en train de jouer à ce qui ressemble à son dernier acte.

(1) Levaï est débarqué le 31 octobre 1996, et après sa dernière "revue de presse" on n'oubliera jamais les lamentos et pleurs d'une Patricia Martin, servile,  impudique qui sans aucune retenue donne à entendre ce qu'elle aurait dû réserver au pot de départ de l'ex-directeur de l'information de Radio France. poste que Michel Boyon avait supprimé fin mars 1996,
(2) Et non le lendemain de l'élection de François Mitterrand, où un n°0 n'avait pas été distribué en kiosque. La une du n°1 claquait avec un "Il est mort le soleil" en hommage à Bob Marley qui venait de décéder. En "province" le losange Libé n'était pas encore devenu… rouge. Il faudrait attendre plusieurs jours pour cela,
(3) Journaliste, 1892-1985, et sa chronique "Les dernières nouvelles de demain" sur Radio Luxembourg où elle pouvait placer avec malice sa "ritournelle" fameuse "Attendez vous à savoir". Voir aussi : "Denis Maréchal, Geneviève Tabouis : les dernières nouvelles de demain (1892-1985), Nouveau monde éd., coll. « Collection Culture-médias. Études de presse », Paris, 2003, 289 p,





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