dimanche 2 février 2014

Le dimanche soir : un rituel…

L'affiche de la pièce…










Vous avez peut-être entendu, telle ou telle personnalité nous raconter, à la radio, avec des trémolos dans la voix que, dans leur enfance, en retour de ouiken sur le long trajet qui les ramenait à la maison, elles ont gardé un souvenir ému des joutes oratoires qu'elles entendaient sorties de l'autoradio, et pour lesquelles le silence absolu était imposé aux passagers. Les adultes se délectaient à l'écoute du "Masque et la plume" (1) et il ne fallait en aucun cas les distraire de cette écoute extrêmement tendue. La radio comme la télévision avaient institué des rituels d'écoute aux jours les plus propices à la disponibilité. Et les familles de "communier ensemble" lors de ces moments très fédérateurs.

Ce "Masque et la Plume", véritable tribune critique, est devenu très vite une institution voire une référence radiophonique. Pour autant, l'émission a beau durer, il n'est pas sûr qu'elle ait la même saveur, ni même qu'elle puisse revendiquer être encore prescriptrice. Non seulement la critique littéraire, théâtrale, et cinématographique s'est banalisée mais sa démultiplication sur tous les supports possibles et imaginables ne fait plus du "Masque et la plume" l'émission de référence, même si la communication de France Inter essaie en permanence de nous faire croire que c'est toujours le cas. L'émission s'appuie sur l'"image" très forte de ses créateurs, François-Régis Bastide et Michel Pollac, et de ses deux critiques vedettes, Georges Charensol et Jean-Louis Bory (2). En quoi la durée serait un gage de qualité ? Je n'écoute plus depuis lurette ce "Masque" et cette "Plume" persuadés que ses animateurs sont plutôt là pour se vendre et se mettre en avant, plus que pour promouvoir les créateurs.

L'épisode ci-dessous de "Micros et Caméras" montre le décor et l'envers du décor de l'émission en 1966. Mais vous pourrez aussi survoler 752 extraits audio de l'émission sur le site de l'Ina. L'indicatif de l'émission a participé à lui tout seul à la légende (3).



(1) Émission radiophonique créée en 1955 sur Paris-Inter,
(2)"Instants critiques" la pièce interprétée par Olivier Saladin et Olivier Broche, sur une mise en scène de François Morel, "entièrement écrite à partir des tirades des deux apôtres hertziens du septième art" (citation extraite de la présentation de la pièce sur le site de francetvinfo),
(3) La Fileuse (romance no 4, opus 67) extrait des "Romances sans paroles" de Mendelssohn, par Daniel Barenboïm

2 commentaires:

  1. Bonjour Fanch

    Un témoignage personnel : j'ai quitté Paris voici 10 ans, et quasiment instantanément je ne me suis plus senti concerné par ces mots d'esprit vachards autour d'oeuvres qui ne sont plus là que pour mettre en valeur ceux qui en parlent... Peut-on géolocaliser les amateurs du Masque ? parisiens, provinciaux ?...

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    1. Bonjour et merci Henri, aie ! aie ! aie ! Je sens que cette idée fournirait d'excellentes occasions aux directeurs de chaînes pour ultra segmenter la diffusion-localisation. ceci étant il doit y avoir un peu de vrai dans votre hypothèse ;-)

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