jeudi 27 février 2014

28 juin 1966…

Stéphane Pizella








Pour écrire sur ce blog, j'aime osciller entre l'actualité de la radio, quelques prévisions pour le futur proche et un retour salutaire aux archives de l'Institut National de l'Audiovisuel (Ina). Car dans le bruit et la fureur du quotidien ce serait faire bonne mesure que de (ré)écouter Stéphane Pizella, ange conteur de la nuit qui depuis les années 50 présentait à la Radio Télévision Française (RTF), dans le "Programme parisien" (sic) puis sur France Inter à partir de 1964, "Les nuits du bout du monde". Il ne se contentait pas par la voix de suggérer les atmosphères propres à la nuit et à ses contes il nous rappelait au début de sa prise d'antenne que son "émission [était] écrite et présentée par Stéphane Pizella". "Écrite", voilà bien toute une époque quasi révolue quand aujourd'hui le talk superpose le talk lui-même superposé par le talk.

J'ai pu ces jours-ci réécouter l'émission du 28 juin 1966, qu'un ami collectionneur m'a prêtée. Avec distinction, grâce et élégance Pizella annonce à ses auditeurs de France Inter, dès le sous-titre de son émission, qu'il va "prendre congé" car les grandes vacances approchent et d'autres programmes seront diffusés en lieu et place de ses "nuits". Il met la lenteur propice à la nuit qui s'installe autour des ondes. Sa parole est apaisante, tranquille et douce. "Pizella donnait lui-même la formule idéale de ses tableaux sonores : "Trois cinquième de réalité, un cinquième de rêve, un cinquième de fantaisie et d'humour" (1)

Pizella raconte dans la nuit, enveloppé du silence qui l'entoure, et joue avec un fond sonore pour ponctuer ses propres silences. "Un savant dosage auquel il faut ajouter un accompagnement musical remarquablement choisi. Pour une heure d'émission, il utilise entre trente et soixante morceaux différents. Autant d'ambiances qui viennent, passent au premier plan, ou se mêlent parfois." (1) Il y a la volonté de laisser filer une histoire, de ne pas superposer une autre voix, un jingle agressif, une chanson, ou un "conseil". La nuit est en train de s'installer (il fait encore jour à 22h15 en juin) et Stéphane Pizella concentre par le seul effet de sa voix une écoute tendue, où le récit captive et pour lequel on se laisse porter.

Pourrait-on encore faire ça aujourd'hui ? Et sinon pourquoi ? Pourtant Pierre Bellemare, Pierre Lescure, Daniel Mermet citent, quand on fait appel à leurs souvenirs radio, le charme d'un Pizella qui a marqué son époque et sans doute influencé quelques conteurs contemporains. Gérard Sire était de cette trempe de conteur sauf que Sire faisait en plus pour la radio ou le cinéma tant d'autres choses presque toutes en même temps. Il y avait aussi Jean-Pierre Chabrol et ses "Portes d'embarquement" (2). Alors s'il existait une "Radio Archives" la huitième ou neuvième chaîne de Radio France nous pourrions de temps en temps nous endormir dans quelques bouts du monde qui ne seraient pas ou ne seraient plus en furie et pour lesquels Pizella aurait eu le bon goût d'y mettre

(1) in " Les années radio" Jean-François Remonté, Simone Depoux, L'arpenteur, 1989,
(2) France Inter, début des années 80, il terminait chacune de ses émissions par un "adecias" rocailleux ("bonjour" en occitan)

Pour vous donner une idée du "ton" Pizella. Extrait d'une interview de Pierre Dumayet en 1949, 

7 commentaires:

  1. Qui se souvient aujourd'hui que Stéphane Pizella a aussi raconté à la radio dans les années 60 le livre de Joseph Kessel "au grand socco" ? le récit et l'indicatif étaient illustrés par des airs égyptiens tirés d'un disque de l'orchestre de Horst Wende: "Oriental caravan" (disques Decca puis Polydor". Non seulement je n'ai jamais pu retrouver une copie de ces émissions, mais elles ont apparemment disparues de la mémoire collective, du moins sur internet.

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    1. Bonjour Anonyme !!!! Vous êtes qui ????

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    2. Bruges la morte, du cachemire au tibet, Kessel et les tziganes je les écoutais toutes sauf celles des mille et une nuits, c'est vrai qu'on ne peut pas les trouver sauf les livres

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  2. ajp:anonyme

    j'ai même regardé INA / M; EMILE ANDRE ROBERT le boiteux et les feux follets mais je n'ai jamais pu le regarder même en payant car j'étais trop jeune pour m'en souvenir

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  3. sur ce site de France Culture
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/quand-stephane-pizella-racontait-ses-nuits-du-bout-du-monde-le

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  4. Merci ;-) Ici l'explication de ma réponse tardive ! https://radiofanch.blogspot.com/2019/09/alerte-quelque-chose-coince-dans-la.html

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