lundi 24 février 2014

Nomination/Fiction…

Le Collège du CSA, sous la présidence d'Olivier Schrameck - © Manuelle Toussaint/CSA
Demain, mardi 25 février, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) auditionnera six postulants au poste de Président directeur général de Radio France (1). D'années en années la médiatisation de cette nomination prend de l'ampleur, et ce particulièrement quand c'est le Président de la République lui-même, Nicolas Sarkozy qui nomme en 2009, l'actuel Pdg de Radio France, Jean-Luc Hees. Mais vous souvenez-vous du premier Pdg de Radio-France ? En l'occurrence "Pédègère", Jacqueline Baudrier, journaliste, directrice de la rédaction de France Inter jusqu'en 1974 et qui prendra, en janvier 1975, les commandes du nouveau "Radio France", qui succède à l'éclatement de l'Office de Radio et Télévision Française (ORTF) en sept sociétés distinctes. Une femme à ce niveau de responsabilité c'était à cette époque-là suffisamment exceptionnel pour que cela soit mis en avant par les médias. Michèle Cotta, journaliste, qui lui succèdera en 1981, avant de devenir présidente de la Haute Autorité de l'Audiovisuel (2), aura de fait les honneurs de la presse, et pas seulement parce qu'elle a interviewé les deux candidats, Giscard et Mitterrand, entre les deux tours de l'élection présidentielle de 1981.

Mais ensuite ? Les noms passent et agitent les médias quand ils suivent les effets de la cohabitation (3), mais sont la plupart du temps inconnus du grand public, qui ne s'intéresse pas à ce type de nomination sauf quand le Pdg vient du sérail, qui plus est de France Inter, et a pour nom Jean-Luc Hees. Mais ce qui titille aujourd'hui les médias c'est la parité femmes-hommes, qui dans la gouvernance des sept chaînes du groupe public affiche aujourd'hui… sept hommes. Comme le répète souvent le Pdg, il est assez difficile, sans événement particulier, de remplacer ex-nihilo un directeur par une directrice. On ne manque pas alors de lui rétorquer qu'après s'être séparé d'Anne Brucy il pouvait nommer une femme à la tête de France Bleu. Mais dans l'hypothèse où les postulants devraient évoquer avec qui ils mèneront la barque, - ça change du navire -, il serait intéressant de connaître celles (et ceux) qui seront proposés par plusieurs postulants. Mais ça nous ne le saurons jamais. Huis-clos et confidentialité des auditions étant à l'œuvre pour cette nomination originale puisque c'est la première fois que cela se déroulera de cette façon (4).

Patrice Gélinet © M. Riffard










Il est faible de dire qu'à Radio France, qu'aux directions des chaînes ce doit être tendu. En pleine élaboration des grilles d'été et surtout avec la pression de se sentir sur un siège éjectable qui pourrait être actif dans les quelques jours qui suivront la nomination du nouveau Pédégé-Pédégère devant intervenir au plus tard le 7 mars. J'ai quelques pronostics qui ont à peu près autant de valeur que ceux formulés par un couturier de renom lors de la dernière éclipse solaire. Mais je ne manque pas de jouer à ça avec quelques amis au fait des circonvolutions de l'audiovisuel public.

N'étant pas abonné au fil AFP je serais certainement le dernier informé de la comète médiatique (sic) quand l'info tombera. Mais ce jour-là Twitter, mon propre réseau, vont "chauffer à blanc" et on va pouvoir "faire et défaire le match", s'amuser ou se désespérer d'éventuelles nominations qui auront des effets immédiats sur les grilles de programme et qui là nous intéressent au premier chef, nous le public. Pour une nomination moins importante, je me souviens qu'en début d'année 1999, lors d'un "Culture Matin" (5) Jean Lebrun donnant la parole à Marc Voinchet pour la revue de presse, lui demande s'il connaît le successeur de Patrice Gélinet à la tête de France Culture. Quand bien même Voinchet était au courant, Lebrun ne lui laissera pas le loisir de nommer et annoncera avec gourmandise le nom de "Laure Adler"…

(1) Par ordre de passage : Martin Ajdari (Numéro 2 de France TV, ex-DG de Radio France), Mathieu Gallet (Pdg de l'Ina), Anne Durupty (Directrice générale d'Arte France), Anne Brucy (Journaliste, ex-directrice de France Bleu), Philippe Gault (Président du Sirti, radio et télévisions indépendantes), Jean-Luc Hees (actuel Pdg de Radio France),
(2) Jamais nommée par son acronyme mais plutôt par "Haute Autorité",

(3) Depuis 1982 : Jean-Noël Jeanneney (Historien), Roland Faure (journaliste), Jean Maheu (Conseiller-maître à la Cour des Comptes), Michel Boyon (Conseiller d'État), Jean-Marie Cavada (Journaliste), Jean-Paul Cluzel (Inspecteur des Finances), Jean-Luc Hees (Journaliste),
(4) Ce qu'un Daniel Mermet contestait dans son intervention à Longueur d'Ondes au Quartz de brest il y a moins de dix jours. Appelant de cette vœux que les modalités d'audition (et sans doute de nommination) soient publiques en impliquant le public…

(5) La matinale animée par Jean Lebrun sur France Culture, 7h-8h30 (dans sa plus grande "longueur"), 1986-1999,

1 commentaire:

  1. Pour diriger la radio, à l'avenir on pourrait déjà procéder par élimination en écartant les conseillers-maîtres à la Cour des comptes, les inspecteurs des finances et les gens de télévision (qui par définition n'ont rien à faire avec la radio) en privilégiant les gens de radio -homme ou femme on s'en fiche, la qualité n'est pas une question de sexe -de genre comme on dit maintenant- mais bien d'expérience. Et j'écris cela tout en étant un grand admirateur de la première présidente de Radio France, Jacqueline Baudrier, journaliste et femme de radio par excellence, ayant fait une incursion par la télévision alors balbutiante en France -laquelle avait (déjà) bien besoin de savoir-faire et de professionnalisme.

    Pourvu qu'on ne ramasse pas un (une) fichu (e) technocrate ne connaissant le micro qu'en tant qu'invité...



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