mercredi 24 décembre 2014

Alphonse : il était une voix…

Alphonse Arzel




















Au hasard des "Nuits de France Culture", un "Pays d'Ici" l'émission inventée par Jean-Marie Borzeix et coordonnée par Laurence Bloch (1). Un Pays d'Ici à Ploudalmezeau, nord-finistère. Mon fief et une bonne partie de ma propre histoire. Ce 17 février 1993, dans le cadre de mon activité professionnelle, je cours la campagne comme d'hab'. Et je ne suis pas à Ploudal (2). Les 4 jours de ce "Pays d'ici" m'échapperont. Écouter l'épisode 2 est donc important. Coïncidence, au pot de départ de Gilles Davidas la semaine dernière à la Maison de la radio, j'ai croisé Sylvie Andreu qui a produit cette série du Pays d'Ici.

J'écoute à la faveur d'un petit matin de solstice dont le jour tarde à se lever. Je guette les mots, les voix, les ambiances que je vais reconnaître. Et voilà qu'Alphonse Arzel (3), sénateur-maire de Ploudalmezeau, prend la parole. Le choc est terrible. Alphonse est décédé cette année. J'ai travaillé douze ans avec lui et j'ai même été son chauffeur quand nous allions ensemble en réunion dans l'un ou l'autre des départements bretons. Quand je dis "travaillé avec lui" je veux dire que lui en tant qu'élu siégeait dans les associations pour lesquelles je travaillais et nous étions souvent en lien.

À écouter ce reportage au pays de l'"Amoco Cadiz"… Mais voilà que j'interromps ma rédaction car l'annonce vient de tomber "Jacques Chancel est mort". Ça fait beaucoup d'émotion. Trop !… Et je passerai toute ma journée (d'hier) à raconter Chancel. Quand on aime…

… Le sujet de l'Amoco OK, ça va ici on est bien au jus, si je puis dire. Mais la voix d'Alphonse c'est quelque chose. Là voilà l'émotion. La voilà la vie. Le voilà son regard pétillant, sa gouaille, sa faconde et sa simplicité bonhomme de paysan du Bas-Léon (3). Fier d'être catholique, fier d'être centriste et bretonnant. Je me souviens d'une fois, où rentrant du sud Bretagne, on passe par Pontivy. On s'arrête dans le plus improbable des bistrots, et là, le seuil à peine franchi, deux gaillard du centre Bretagne l'apostrophent. "Alors Alphonse comment qu'c'est ?". Et lui de serrer des mains, de plaisanter et de raconter la dernière histoire politique courant au Sénat.

Alphonse était un personnage, je ne l'aimais ni pour ses opinions politiques, ni pour ses "qualités" de paysan. Je l'aimais car il était un personnage authentique, madré et populaire. Je souris encore quand après m'avoir entendu raconter un peu solennellement l'histoire d'une organisation locale, il m'avait dit "Tu aurais fait un bon recteur" (4). Je l'ai pris pour un compliment, lui le fabuleux conteur en breton comme en français.

Salut Alphonse, fier et heureux d'avoir croisé ton chemin d'homme aux convictions solides et à l'humanité chaleureuse. A c'hentañ gwell.

(1) Aujourd'hui directrice de France Inter, 
(2) J'habite à l'époque à 500 m de la mairie où se déroule l'émission,
(3) Dans sa commune, il était du "Menez" à Lestrehone,
(4) Le curé de la paroisse en langage de Basse-Bretagne catholique,

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