Le culte d'Émile Franc est tenace même s'il a changé de monnaie, même si Lucien est mort, même si c'est un coup permanent à la Jeunesse… passée (1). Il semble toutefois que ce qui plaise encore aujourd'hui soit la simplicité de l'affaire, des questions intelligentes de bonne culture générale, un niveau gradué de difficultés associées aux couleurs de la France, "la foule en délire" pour soutenir les candidats et un Cocorico permanent (à défaut d'un raton laveur).
Cette émission serait une affaire de "famille". Enfant on écoutait grand-mère ou grand-père redoubler de perspicacité et on s'essayait timidement à répondre aux questions bleues. Devenu adulte on incite sa famille à participer au quart d'heure culturel "que le monde nous envie" et on se déplace dans la ville voisine pour "passer à la radio". L'appât du gain ? Si peu. Le plaisir d'un jeu simple, collectif, qui rassemble et fédère "autour du poste". Même si aujourd'hui le rassemblement est plus dilué que dans les années 6o où les trois grandes stations, Inter, Europe, RTL voire quatre avec RMC organisaient en chapelles bien identifiées la France qui joue et… gagne à jouer.
J'ai en mémoire le vibraphone du jeu d'Émile Franc qui égrène les secondes qui défilent en attendant que le candidat donne sa réponse. Ce son aigrelet, s'il était une "bonne invention" radiophonique, plombait tous les repas de midi de mes vacances d'été, où ma grand-mère faisait tout pour que j'acquière quelques rudiments de culture générale, quand je ne rêvais qu'à filer à la plage le plus vite possible (après la vaisselle) pour saluer les copains. Déjà apparaissait un petit "fossé" générationnel alors qu'Émile voulait franchement rassembler la famille autour de la table et du poste de "radio". O tempora, o mores.
(1) Crée en 1958 par Henri Kubnik pour la RTF, et diffusé aujourd'hui sur France Inter.
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