mardi 4 août 2015

Les radios régionales… 21/24


























Un feuilleton d'été en 24 épisodes, du mardi au vendredi
par Gérard Coudert


21. FR3 Radio : le "Quai de l'oubli"
Lorsqu'en septembre 74 on abandonna au Havre le paquebot France désarmé, on appela "Quai de l'oubli" l'appontement où loin des regards, il attendit cinq ans… Les gens de FR3 radio, eux, n'attendirent pas cinq ans. Tout de même, une fois prononcée leur union avec Radio France le 1er janvier 83, le temps leur parut bien long avant que ne soient consommées les épousailles ! Voyons cela…
• 10 mai 81 : élection de François Mitterrand
• 9 novembre 1981 : loi 81-994, dérogations au monopole d’Etat pour les radios locales privées associatives.
• Août 1981 : nomination de Michèle Cotta à la Présidence de Radio France
• 27 juillet 1982 : loi sur l'audiovisuel, attribution à Radio France des radios FR3 ; où l'on
apprend aussi que "les radios publiques locales seront transformées en sociétés régionales (1)Cette loi crée également la Haute Autorité de la communication audiovisuelle, chargée de garantir l'indépendance de l'audiovisuel et de réguler l'attribution des fréquences (2),
• Courant 82 : les stations de Châteauroux, Guéret, Périgueux, Avignon, Amiens, Belfort et Quimper sont créées ex-nihilo… et les ex-FR3 attendent toujours.

Prenant ses fonctions début 75, Jacqueline Baudrier exerce 3 mandats consécutifs à la Présidence de Radio France. En 1980 la Présidente qui s'est entourée de collaborateurs qui ont l'heur de plaire au régime giscardien, crée Radio 7 (pour les jeunes) et Radio Bleue (pour les seniors) et confie à René Marchand (3) la direction du Développement des radios locales et ouvre Radio Mayenne, Melun FM, Fréquence Nord… René Marchand va continuer dans une perspective éminemment politique. Ce qui est notable, c'est que dans les derniers mois du mandat de Jacqueline Baudrier, puis sous Michèle Cotta qui la remplace en août 1981, alors même que l'on s'interroge plus que jamais sur le sort des emprises radios de FR3, René Marchand les ignore. Mieux que cela encore (ou pire) : prospectant et
négociant ici ou là dans les départements et les régions, il écarte consciencieusement les
collaborateurs de FR3, les suspectant de porter en eux l'ignominie du passé et le virus syndical…

Trente-cinq ans plus tard, on peut en rire. Mais cette politique aura marqué pour des années le développement des ex-FR3 et leurs collaborateurs, d'autant qu'un accord entre FR3 et Radio France stipule que le transfert définitif ne se fera que le 1er janvier 1983. Dès lors, courant 83, tandis qu'émettent en France 1600 radios associatives privées et une dizaine de nouvelles radios locales publiques, aucune des stations régionales historiques de FR3 ne fonctionne encore dans le régime Radio France ! Malgré la présence désormais systématique de "chargés de mission régionauxdésignés par le nouveau PDG Jean-Noël Jeanneney (4), une vingtaine de ces centres végètent, abandonnés, encalminés sur les ondes de leur "Quai de l'oubli"…

Demain : "Un nouvel élan"… 

(1) Loi de juillet 82 - Art 50 : "Des sociétés régionales de radiodiffusion sonore, dont la création est autorisée par décret, gèrent, dans la limite de leur ressort territorial, les stations locales de radiodiffusion sonore du secteur public de l'audiovisuel prévues au paragraphe II du présent article." (Article abrogé le 1er oct. 1986)
(2) La Haute Autorité sera remplacée en 86 par la Commission Nationale de la Communication et des Libertés (CNCL) puis en 1989 par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA)
(3) René Marchand : voir ici,
(4) Jean-Noël Jeanneney, historien est nommé en octobre 82 par la Haute Autorité de la communication audiovisuelle

© Gérard Coudert/Radio Fañch

5 commentaires:

  1. Que les ex-FR3 végètent, cela veut dire quoi ? Elles n'émettent plus ? Que font leurs personnels ?

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    1. Gérard Coudert4 août 2015 à 21:13

      ... Elles continuent à émettre comme elles le faisaient auparavant : en décrochage sur les émetteurs locaux d'Inter à raison de 2 à 3 heures par jour. Les personnels qui sont désormais administrés (et rémunérés) par Radio France poursuivent leur travail, font des propositions, proposent parfois leur candidature vers les stations qui sont en train de naître ailleurs . Courant 83, seules les ex-FR3 de Grenoble, Clermont-Ferrand et Bordeaux vont être transformées en vraies locales Radio France avec 13 heures de programme quotidien. Rares sont les animateurs repris sur place. Beaucoup parmi ceux qui travaillent le moins (occasionnels, chroniqueurs) vont abandonner, quelques autres seront finalement mutés ailleurs et poursuivront leur parcours à Radio France...

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    2. "Elles continuent à émettre" ???? Pourquoi les différencies-tu des "vraies" Radio France. Quel est leur nom ? L'auditeur entend-t-il la différence ?

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    3. Gérard Coudert5 août 2015 à 15:02

      Ben oui, elles continuent sous le nom de Radio France Alpes Grenoble par exemple, en attendant que s'ouvrent les nouvelles radios avec leurs 13 heures de programme par jour. Quant à l'auditeur il n'est pas à même d'entendre la différence puisqu'il ne connait pas encore la nouvelle station !

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    4. Sans doute il convient d'interpréter ton propos par le fait suivant : à la date du 13 décembre 1983, "la nouvelle station" Radio France Isère ouvrira définitivement son antenne comme une station locale RF de plein exercice… et, de fait, l'"ancienne station FR3" cessera d'émettre.

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