vendredi 21 août 2015

Michka Assayas ou les aventures débridées de "Pépin la bulle"…

Michka Assayas © Sipa



















Quand vient la fin de l'été sur la plage…
de Michka, on peut ranger petites perles et doux secrés. On peut rentrer enchantés d'un rendez-vous quotidien avec l'intelligence, la délicatesse et la tendresse pour l'histoire de la musique pop. On n'imagine pas que lundi une mecanicum horibilis aura remplacé le charme, le talent et l'érudition.

Michka né à la fin des années 50 parle comme nous, parle de nous les enfants du rock des sixties et des seventies. Il revisite pour nous la musique qui a bouleversé la génération d'après-guerre avec le sentiment très fort que cette musique est absolument constitutionnelle de notre histoire la petite et la grande. Dans son rôle de passeur Michka est formidable. Joyeux, honnête et perpétuellement admiratif de ce dont il parle, il raconte des histoires qui ne sont ni des lamenti ni de perpétuelles admirations nostalgiques d'un passé révolu.

Michka rend présent ce passé avec tact et sensibilité. On est dans l'histoire qu'il raconte, à la date concernée, dans le contexte et la réalité (1). À l'écouter on est convaincu qu'on ne sait rien ou vraiment pas grand chose. Ses anecdotes n'en sont pas. Les fils qu'il tisse et détisse font de formidables patchwork. Multicolores, protéiformes et quelquefois hallucinés. Se démarquant foncièrement des modes, des genres, des sous-groupes et autres classifications pour comptables du Trésor, Michka raconte l'histoire de la pop avec ses tripes et une passion inaltérée.

Son ton, ses connivences et sa complicité avec ses auditeurs le consacre comme un homme de radio alors que son côté brouillon, sa légèreté vis à vis du temps qui passe et ses imprévus auraient pu le "déclassifier" pour toujours. Repéré par Marc Voinchet (2) quand ce dernier était dans l'équipe de direction de France Musique on a eu beaucoup de chance que Laurence Bloch et/ou Emmanuel Perreau (3) proposent à Michka une quotidienne d'été. Michka a renouvelé sa façon de faire de la radio, a pris en compte la chaîne qui l'hébergeait et avec la même érudition que pour son "Subjectif 21" a su être dans le ton Inter et accrocher l'oreille d'auditeurs sans doute un peu surpris d'entendre une émission musicale à 10h le matin. 

Qui d'autre que Michka peut passer du Polnareff ("Qui a tué grand-maman ?"), du Richard Anthony (oui du Richard Anthony au point de nous le faire aimer) et du "Pépin la bulle" improbable avec fraîcheur, gentillesse et humilité ? Avec lui les standards prennent une autre couleur. Alors j'ose dire, pour toutes mes années d'écoute et mon admiration pour de nombreux animateurs qui ont enchanté la musique, que Michka a rejoint le Panthéon de ceux qui, transcendant leur passion, ont su la transmettre avec brio, générosité et tendresse.

Que faudrait-t-il donc faire pour que les responsables des programmes des chaînes de Radio France donnent à Michka la place qui lui revient ? En attendant qu'ils soient touchés (eux aussi) par la grâce, je vous remercie Michka de ces petites heures d'août passées en votre compagnie. Vos plages ont eu le goût de l'humanité et de la paix. Sûrement ce que veut faire passer la musique depuis qu'elle existe.

Salut Michka ! Et comme le dernier morceau passé, "Freedom" Pharell Williams… jaillissement de l'âme.



(1) Loin du ton sucré et dégoulinant de guimauve d'un directeur "spécialisé" ostentatoire, suffisant et vaniteux,
(2) Aujourd'hui directeur de France Musique, on attend de lui qu'il "recrute" Assayas pour une quotidienne…
(3) Respectivement directrice et responsable des programmes de France Inter.

6 commentaires:

  1. Cher Fañch Langoët,

    Que vous dire sinon que je suis profondément touché des commentaires que vous consacrez à mon émission? Je me rappelle aussi que vous m'aviez soutenu - le mot est faible - à l'époque de "Subjectif 21" sur France Musique. Quand on travaille à quelque chose et qu'on fait de son mieux, on rêve de rencontrer un lecteur ou auditeur idéal tel que vous. Et puis quand il/elle se manifeste, on se sent tout gauche, tout embarrassé, ne sachant trop que dire. Ce que vous écrivez est pour moi la plus belle des récompenses, parce que vous avez su analyser avec une rare finesse ce que j'ai tenté de faire de façon intuitive et - c'est vrai, vous me captez bien - hallucinée. La musique me fait vivre une sorte de transe, et ce dès mon plus jeune âge. En somme j'essaie de transmettre cet état indéfinissable où je me sens au-dessus de moi-même. Ce que vous écrivez me fait sentir que cette étrange ivresse est bien plus partagée et universelle que je ne l'ai parfois imaginé. Merci de tout cœur, Michka
    PS : Je publie de commentaire comme "anonyme" parce que je ne sais pas comment faire pour m'identifier autrement.

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    1. Merci Michka, j'aime la radio comme vous aimez la musique et peut-être que j'aime la musique comme vous aimez la radio. Ce n'est pas qu'une formule. Votre commentaire est très touchant. J'essaye depuis 4 ans de faire partager à "mes" lecteurs cette passion et de leur donner quelques clefs. Vous savez grâce aux retours que vous avez eus que vous avez enchanté beaucoup d'auditeurs d'Inter. Leur fidélité est le juste retour de ce que vous savez donner généreusement.
      J'espère vous rencontrer un jour prochain.
      Belle vie de musique et de paix.

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  2. Cher Michka ,
    Je vois que tu as laissé un commentaire si dessus , et peut etre liras tu les commentaires suivants .
    j ai attendu trop longtemps ton retour en réecoutant les Subjectifs21 , que j avais mis de coté sur mon PC . Je te classe que même titre que Bernard Lenoir : Guide spirituel pour enfant du Rock . VOus m avez tous deux fait découvrir tant de groupe , vous m avez fait apprécié des artistes que je n aurais jamais imaginé pouvoir supporter ( Bee Gees , Beach boys ) . j espere te retrouver bientot sur les ondes . si tu as une liste de diffusion pour tes "followers" , n hesite pas a m ajouter ( martindemonti@infonie.fr) ; merci encore , merci encore . Philippe Du Havre

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  3. je suis née en 64 dans une famille immigrée d'Espagne. Je n'ai pas été biberonnée à la musique "pop". chez nous c'était chanson française en concentré tant le désir d'intégration des parents était prégnant. Et puis quand j'ai eu des sous pour m'acheter mes 33 tours et mes CD la pop c'était plus dans le vent. Alors Bad Trip franchement c'était pas pour moi (en plus cette mode des noms d'émission en anglais me tape sur les nerfs) Et puis l'autre jour dans un billet, Fañch a dit tout le bien qu'il pensait de cette émission. Alors, si Fañch le dit... Et, comment dire... le coup de foudre. Alors cher Mischka merci, merci d'avoir ouvert devant moi la porte de ce monde éblouissant de la POP en majuscules, merci de m'avoir donné les clefs pour la comprendre, merci de votre modestie, merci de votre enthousiasme. J'ai podcasté toutes vos émissions et je sais qu'elles feront partie de celles vers lesquelles je retourne régulièrement lorsque les médiocrités de notre quotidien finissent par me saper le moral. Je joins ma voix à celle de Fañch pour souhaiter vous retrouver très vite sur les ondes.

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  4. Marie,
    il reste trés difficile de retrouver des exemplaires mp3 de l emission précédente de Michka sur France Musique (Subjectif 21) . Pour tous qui souhaiteraient les ecouter je vous propose de vous ouvrir un partage de dossier partagé sur dropbox ; il me faut simplement votre adresse email pour vous autoriser à y acceder . Y a du très bon ! (m ecrire sur martindemonti@infonie.fr )

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