mercredi 26 août 2015

Nouvelles grilles : 1. Fip…

Fip : la vie en rose ?















Dernière chaîne à se présenter à la presse lors de la Conférence de rentrée de Radio France aujourd'hui, Fip nous a offert une très jolie prestation musicale pour, en chanson originale, nous "raconter" les nouveautés… (Dès que la vidéo sera disponible elle accompagnera ce billet)…


Anne Sérode a donc décidé de faire de Fip, comme "venant de nulle part", une radio comme les autres. Traduction immédiate : faire une radio avec des émissions. Au-delà de l'estampille "pépite" inventée par Mathieu Gallet et définitivement galvaudée on notera que Sérode touche à l'"ADN" de Fip en s'affranchissant de ses codes (génétiques). Ses codes ? Un programme musical ininterrompu enrichi par des voix qui viennent avec différents types d'infos (service, culture, événements) ponctuer le programme. Voix que les créateurs Garretto et Codou ont voulu "anonymes" et sans distinction particulière autre que la voix. Et tout a fonctionné ainsi jusqu'en 2015 (1).

Hors dorénavant les soirées de Fip vont être "séquencées" en émissions (2) animées par… des animatrices reconnues et identifiées en tant que telles. Avant même de s'intéresser au contenu et à la pertinence de ces émissions sur la chaîne je me pose les questions suivantes :
• De fait il y aura à Fip deux types d'animatrices (voire trois) : celles qui "ont" une émission et celles qui n'en ont pas. Quant aux animatrices de Bordeaux, Nantes et Strasbourg je n'ai pas compris qu'elles seraient sollicitées pour animer des émissions en… régions,
• Distinguer par le nom des animatrices renvoie immédiatement aux origines de la radio et plus particulièrement aux origines de la radio privée,
• Pourquoi a-t-on confié ces émissions à des animatrices "maison" et pourquoi pas à des productrices/producteurs extérieurs ?

De la distinction
Sur la distinction entre les animatrices (productrices ?) et animatrices "tout court" quelle ambiance cela va-t-il créer sur la chaîne ? Est-ce une promotion pour les unes ? Cela s'appuie-t-il sur des compétences particulières des dites-animatrices ? Les autres pourront-elles prétendre à ce type d'animation ?

Effet redondant, à force d'entendre les dites-animatrices dans les dites-émissions on les reconnaîtra forcément dans l'animation "normale" du programme qui créera de fait une distinction. Du coup les voix anonymes ne deviendront-elles pas plus anonymes encore ? L'unité/identité (la couleur) même de la chaîne risque d'en souffrir, au risque d'une banalisation. Et l'on voit bien alors que le mot "pépite" deviendra de lui-même un gadget, un faux-nez, un argument marketing, un gri-gri désincarné. (3)

Meneuses de jeu
Dès l'avènement des radios privées (4), les femmes ont d'abord été utilisées pour leurs voix. Faire-valoir, elles menaient le jeu dans le sens où elles devaient veiller à ce que les annonces publicitaires soient bien diffusées (par elles ou par d'autres voix), quelquefois présenter l'émission et nommer les participants. Absolument anonymes au début de la radiodiffusion elles ont pris un prénom à l'avènement en 1955 d'Europe n°1 (5).

Fip et Anne Sérode mettent donc en œuvre le rétro-pédalage. La distinction qui va s'opérer a plutôt des accents de discrimination. Au sens exact de sa définition. Par effet induit on va passer d'un "flux continu" et harmonieux à différents types de flux qui vont créer des "ruptures" des "séquences" des "tempi" qui n'auront plus rien à voir avec l'"Esprit Fip" originel. C'est un choix que Gallet et Sérode devront assumer et défendre.

La France a créé de nombreuses pépites, l'industrie navale, la sidérurgie, le textile. On voit bien ce qu'elles sont devenues au titre de la modernité galopante et de la financiarisation à outrance. Avoir affublé Fip d'un tel titre pourrait bien se révéler être de très mauvais présage… même si Gallet et Sérode veulent très vite développer Fip sur le web.



Ajout du 28 août : Les web-radios Fip

Et la grille de France Info











(1) Exception faite de "Jazz à Fip" où l'animatrice est citée avec son nom et son prénom… ainsi que les émissions "Fip livre ses musiques", "Dites 33",…

(2) Les quatre premiers soirs de la semaine de 20h à 22h et dans l'ordre :
• Sous les jupes de Fip, Alexandre Desurmont et Luc Frelon, 100% nouveautés,
• C’est magnifip !, Frédérique Labussière. Un thème exploré en musique,
• Certains l’aiment Fip, Susana Poveda : consacrée aux musiques de film,
• Live à Fip, par Stéphanie Daniel : un concert chaque semaine, 
Comprendre de fait que Jazz à Fip est raboté d'une demi-heure (19h-20h),

(3) Il est bon de rappeler que pendant 44 ans ni Garretto et Codou, ni Jouffa, ni Pensec, ni Breton, ni Delli-Fiori n'ont eu besoin de qualifier Fip. Elle se qualifiait d'elle-même. La qualifier est le signe réel du début de la fin. C'est une posture de communication, une posture médiatique, une posture de pacotille un peu comme pour les vertus de l'"Élixir de l'abbé Souris"…
(4) Avant la deuxième guerre mondiale,

(5) Il faudra attendre la rentrée 81 pour que Viviane (Blassel), meneuse de jeu, "retrouve" son nom et soit pleinement reconnue dans l'émission de François Jouffa et Ivan Levaï "Radio libre" sur Europe 1. Quelques années plus tard Laurence Boccholini aura les mêmes exigences et se fera nommer par son nom et prénom (notamment dans l'émission qu'elle co-animait avec Bernard Lenoir) sur la même chaîne,

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