Je me rappelle à la fin des années 80 ou début des années 90, Jean Lebrun animait chaque jour "Culture matin" (1). Il ne pouvait s'empêcher de commencer son émission en mettant en avant le fait d'actualité du jour pour le rapprocher - ou pas - du thème qu'il décidait de développer avec son invité. C'était soit proximité, soit grand écart. Et cette façon de faire me faisait sourire particulièrement quand il faisait le grand écart. Désolé je n'ai pas d'exemple précis à vous proposer ! Je viens moi-même d'utiliser ce procédé pour vous parler de… Pierre Lescure.
Aujourd'hui, je n'évoquerai pas la série d'"À voix nue" que lui consacre la chaîne cette semaine (2), mais un "presque détail" que Lescure raconte dans son livre "In the baba". (3) À la page 256 il écrit : "On est assis (avec C. Deneuve) dans cette bonbonnière, elle feuillette un magazine. À côté de nous, deux vieilles bourgeoises. Catherine m'avait dit à plusieurs reprises, "Sois gentil, essaie de t'extraire de tout ça, de ne pas écouter, sinon tu ne vis plus". Elle, depuis l'âge de 19 ans, sait faire ça, faire abstraction du brouhaha, de ce qui se dit sur son passage. Le problème, c'est que moi, j'ai l'habitude de la radio, j'entends tout, je note la moindre bribe."
"J'ai l'habitude de la radio, j'entends tout" ! Cette phrase m'a frappé car, quand j'écoute la radio, j'ai du mal à ne pas l'entendre, et je guette… particulièrement si j'ai décidé absolument d'entendre. Au grand dam de ceux qui m'entourent et qui pourraient avoir l'impression (fausse) que je ne les écoute plus. Je les entends moins, c'est tout. Quand il m'arrive de ne pas écouter attentivement, j'ai, malgré tout, au moins une oreille aux aguets. Malgré tout ce qui peut se passer autour. Et de sauter sur un post-it, un ticket de caisse, n'importe quoi pour noter le mot, la phrase, la référence, l'heure, la minute et la chaîne. C'est absolument réflexif ! Et comme je suis malheureux si je n'arrive pas à "choper" le minimum qui me permettra d'y revenir. Et d'y revenir le plus vite possible ! Le podcast étant un moyen fabuleux pour ça ! Combien de fois ne l'ai-je pas fait ! Récemment encore un midi au cours de l'émission "magazine" de Philippe Dana (4).
"Normal" que Lescure n'arrive pas complètement à s'extraire de la conversation ambiante comme le lui suggère Catherine Deneuve. Il en va de même pour moi. La radio fait partie de mon biorythme, et ça clignote en permanence. Si la nuit favorise la concentration, si le silence l'enveloppe, tout est en place pour écouter (5) sachant que la réécoute sera très difficile ; à moins de bidouiller, ce que je ne veux pas faire.
De toutes ces écoutes aigües et plus distanciées, je collecte dans mon filet à papillon des dizaines et des dizaines d'instantanées qui font "mon" histoire de la radio. Avec des anecdotes, des souvenirs, des épisodes qui, sans être écrits, peuvent resurgir dès que je croise passionnés, érudits et/ou professionnels de la profession.
(1) France Culture, du lundi au vendredi, 7h-8h15 puis 7h-8h30, indicatif "accordéonique" de Marc Perrone,
(2) Pierre Lescure, 20h, de lundi à vendredi,
(3) Grasset, 2012
(4) Le Midi2, Le Mouv' 12h-14h,
(6) Les nuits de France Culture, 1h30-6h
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire