Le matin, Philippe Meyer, pour sa chronique matutinale sur France Culture, boit du petit lait. Comme un chat, il lape les mots, les déguste et s'en lèche les babines. Il fait tout ça très bien et arrive même à ronronner en même temps, non sans avoir pris soin, au préalable, de nous rappeler que "ce n'est pas pour [se] vanter" qu'il vient nous faire part de sa réflexion profonde sur tel ou tel sujet, qu'il aime, perfide, remuer dans la plaie du monde. Ce matin alerté par mon oiseau bleu je décide de l'écouter (1). Philippe Meyer ironise sur le
journalisme (ou un certain journalisme) et ça fait du bien. Ne doutons pas, un seul instant, qu'il ait autant d'analyse
critique pour sa propre pratique. Mais le billet achevé, stupeur ! Voinchet
"claque dans ses mains", "cloue le bec" du chroniqueur qui pourtant s'était
tu et fourgue une désannonce comme s'il allait, dans la minute
même, prendre un TGV !
Quand le même Voinchet intervenait pour la revue de presse dans la matinale de Jean Lebrun (2) il avait pu constater que, même quand Lebrun passait la parole à Jean-Louis Ézine, béat au milieu de ses nains de jardin à Pontault-Combault (3), il savait finement lui rappeler que l'horloge tournait et qu'il fallait conclure. Lebrun avait la délicatesse de ne pas donner l'impression à Ézine - et aux auditeurs - qu'une fois la chronique achevée il fallait vite passer à autre chose. Pas d'agitation, ni de stress audibles par l'auditeur. L'art d'installer une certaine lenteur tout en maîtrisant - de main de maître - la fuite du temps. Ce matin d'écoute fut pour moi une exception. Puisque j'ai décidé de ne plus écouter la matinale, je n'écoute pas plus Meyer, ni en "live" (sic), ni en streaming, ni en podcast. Pour quoi faire ?
Petit rappel sympathique à Marc Voinchet : si vous débordez de quelques secondes ou d'une minute sur le journal de 8 heures, le journaliste ne vous en tiendra pas rigueur. Au (long) cours de 150 minutes d'info (4) l'heure juste/pile n'est plus essentielle. Il faudra vous y faire M.M. Voinchet et Meyer, d'autres que vous ont des oreilles, une langue, quelques tournures et habiletés à la manier. Plutôt que d'expédier la chronique de Meyer pour "PASSER À AUTRE CHOSE", il conviendrait mieux, "du train ou vont les choses" (5) de faire intervenir Meyer une minute plus tôt. Et ainsi nous donner - à nous auditeurs - le temps d'une respiration. Nous ne sommes ni des oies, ni les dindons (de la farce !). Votre empilement est indigeste. Prenez donc le temps Marc Voinchet de vous réécouter. Vous avez dans le passé su, pour votre passion (le cinéma), nous offrir des moments agréables et, votre émission qui courait de midi à 14 heures, était un plaisir chaque jour réinventé. "Tout arrive" me direz-vous ! "Tout arrivait" vous répliquerai-je. Et j'aimerais bien qu'en juillet et pour la rentrée - si vous rentrez dans la grille (sic) - nous reconjuguions "Tout arrive" au présent de la matinale.
Les plus grands cyclistes avaient beau avoir la tête dans le guidon, ils savaient de temps en temps lever la tête et tendre l'oreille. Essayez Monsieur Voinchet et peut-être aurai-je à nouveau envie de vous écouter ? Quant à Monsieur Meyer, il conviendrait de le "caser" ailleurs pour qu'on prenne toute la mesure de ses minauderies. Je dis "minauderies" car il fait le chat (et le fait bien), même si, pan sur ses plumes (sic), il a quelques fois tendance à faire la roue.
(1) en podcast,
(2) voir billet d'hier,
(3) Lebrun avait "inventé" les nains de jardin d'Ézine. C'était son clin d'œil facétieux de quelques matins complices avec le journaliste du Nouvel Observateur,
(4) Dont un incongru faux-nez "culturel" qui, de la façon dont il est présenté ressemble plutôt à une "pastille" un peu difficile à avaler,
(5) phrase gimmick qui ponctuait chaque chronique d'Ézine,
Bonjour Fanch,
RépondreSupprimerExcellent billet qui met en lumière le morcellement de la grille de Culture (depuis une dizaine d'années) destinée à répondre à des préoccupations politiques (et non stricto sensu marketing) matérialisées par la volonté de donner de petites pastilles de quelques minutes à un nombre croissant de "chroniqueurs" (présentés comme "intellectuels": cf. le gruyère de la Matinale actuellement) pour les remercier et/ou donner à voir une grille qui réponde à la double exigence du moment (la diversité d'opinions et ne pas accorder du temps long pour éviter de donner à réfléchir aux auditeurs, ce qui permet de recevoir des invités "en promo" plutôt que des personnes réfléchissant sur le long terme).
Ces pastilles "mangent" du temps pour de vrais chroniqueurs à l'instar de Philippe Meyer qui, lui, nous nourrit chaque jour...
Gouzon
Il y a bien longtemps que j'ai abandonné la matinale de Culture qui est en effet un gruyère comme le note notre anonyme. Je crois tout comme Fanch me souvenir en effet que Culture Matin de Jean Lebrun était mieux maîtrisé mais il est vrai que ma mémoire enjolive peut-être cette période!
RépondreSupprimerC'était absolument fluide et l'invité avait 10mn à 7h30 pour avaler son jus (il parlait depuis 7h02 mn)… O tempora o mores !
SupprimerBien d’accord avec vous ! Et proposons à France Culture d’inverser les rôles : Philippe Meyer aux manettes et Marc Voinchet pour une chronique à nez de clown. Mâtin ! Ca nous ferait des matinales autrement spirituelles ! Il suffit d’écouter son morceau de bravoure hebdomadaire « La prochaine fois je vous le chanterai » sur France Inter pour se convaincre du sous-emploi radiophonique actuel de Philippe Meyer...
RépondreSupprimerBonsoir, si vous permettez "commençons" par remettre les pendules à l'heure : l'info dominante sur F. Info et F. Inter, ensuite "réinventons" un Culture Matin CULTUREL, avec pourquoi pas Meyer… Mais bon on en est pas là et la grille de rentrée est pratiquement bouclée mais nous n'en saurons rien avant fin août. D'ici là Thomas Baumgartner animera tous les samedis de juillet et août sur France Inter de 9h à 10h Anti-Buzz, consacré au numérique !
Supprimermon commentaire est bien tardif. Mais j'ai accumulé tant de retard à l'écoute de Radio Fañch que ce n'est qu'aujourd'hui que je le lis.Une question : qui, pourquoi, comment Marc Voinchet s'est-il retrouvé à mener une émission de radio ? Car la première des qualités (me semble-t-il) pour "parler dans le poste" n'est-il pas d'avoir une voix et une diction "faite" pour ça ? De même que tout le monde comprendrait qu'un gringalet ne pourrait faire le métier de bûcheron, un maladroit une activité de motricité fine, M. VOINCHET n'est tout simplement pas fait pour ça ! Sa voix est désagréable, son débit de parole stressant car non fluide, et quand à sa diction ! Je loupe un mot sur deux ! Pour ce qui est de sa façon de mener l'émission, tu as tout dit.
RépondreSupprimerPour le billet de Meyer, j'adore ! Mais à la manière d'un bon vin ou d'un bon chocolat, je préfère me le savourer à ma guise, donc je l'écoute très rarement en direct. Meyer est souvent moqué par "ceux qui savent", peut-être trop "populaire" et nous savons tous que si ça plait à la plèbe, c'est que, forcément suspect de médiocrité. Mais moi ça me va, j'assume j'aime la médiocrité !