lundi 20 février 2017

Au loup Joffrin… et aux auditeurs-moutons qu'on plume !

Interpellé jeudi dernier sur Twitter pour écouter, Henri Maler, fondateur d'Acrimed (Action Critique Médias) dans la matinale de France Culture et, malgré toutes mes réticences pour cet "entonnoir politique" du matin, je lançais l'écoute. Beaucoup plus favorable, à priori, à l'analyse d'Acrimed qu'à l'animation invraisemblable d'Erner le matinalier qui, au bout de 18 mois, n'a toujours pas réussi à être crédible.













L'entretien démarre en mettant en exergue la parole (ronflante et sentencieuse) de François Fillon qui prêche pour une plus grande investigation de la presse pour débusquer les pratiques frauduleuses des politiques, on se pince. On se demande si ce reportage date de l'époque de sa première communion et on découvre, béat, qu'il est du 2 septembre 2016. Une fois de plus un politique, et non des moindres, montre le mépris qu'il a pour la mémoire de ses concitoyens.

Maler sur "l'Affaire" déclare : "… Les journalistes politiques se transforment en journalistes sportifs. Ils commentent les sondages ! C'est affligeant. Il y a une misère du journalisme politique qui vit dans un microcosme et dans un entre-soi permanent qui est tout à fait dommageable."
Erner : Justement, quel regard portez-vous sur cette campagne ?
Maler : Je viens de vous le dire !

Et bam ! Une fois de plus Erner a perdu une bonne occasion de se taire ou plutôt de poser une question qu'il n'avait pas préalablement prévu de poser. Amateurisme quand tu nous tiens. Maler : "… Pousser le journalisme politique à un tel degré d'ignorance, c'est quand même beaucoup. Le journalisme politique est autant refermé sur lui-même que les politiques eux-mêmes." Et là, on imagine bien Treiner (directrice de la chaine) et la rédaction se haussant du col et se disant "Ce n'est pas de nous qu'il parle.

Puis Maler évoque "la dépendance collective des rédactions vis à vis de l'actionnaire" (privé ou public). Public ? Maler, adroitement, enverrait-il un pavé dans la mare ? Quelle peut-être l'indépendance des rédactions de Radio France à l'égard de leur tutelle ? Maler poursuit "Il traine dans les rédactions le management d'entreprise." Bigre "le management d'entreprise" ? Non ? (1) "…Toutes les techniques de néo-management sont appliquées aux entreprises de presse" poursuit Maler, sans qu'Erner imagine un seul instant pouvoir être concerné.

Maler : "… Trente mille journalistes en France et, ce qui domine la profession c'est l'éditocratie, avec [des journalistes, ndlr] omniscients et spécialistes du commentaire." C'est marrant, ça me rappelle un certain Brice Couturier qui a son rond de serviette permanent à France Culture. "Le journalisme de commentaire écrase le journalisme d'information." Fin de la première partie.



Et on se pince encore quand on découvre que l'invité de cette deuxième partie n'est rien moins que Laurent Joffrin, éditocrate parmi les éditocrates, ex-membre du cercle libéral "Le siècle", directeur de Libération, liftier parmi les liftiers puisqu'il a passé sa vie professionnelle à faire des allers/retours entre Libération et feu Le Nouvel Observateur, devenu depuis l'Obs.

Si les journalistes de la rédaction de France Culture ne participent pas au choix de l'invité d'Erner dans sa matinale (2), ils feraient bien de ne pas apparaitre sur les pubs de la presse papier qui laissent entendre qu'ils sont partie prenante de ladite matinale. Erner a fait le choix de la facilité, pathétique et misérabiliste, d'inviter Joffrin ! Comme si, parmi les 29 999 autres journalistes de la place, il n'y en avait pas un pour se confronter à Maler. Erner et Joffrin ne se lassant jamais de citer Bourdieu, et les phénomènes de reproduction que le sociologue ne manquait jamais de dénoncer, on constate qu'ils reproduisent parfaitement une maxime "déontologique" suprême qui a fait florès : "Faites ce que je vous dis mais ne faites pas ce que je fais". Chacun des deux bateleurs se chargeant de l'appliquer à la lettre.

S'en suivent des échanges désastreux qui ont permis, in situ, de mettre en lumière la "méthode Joffrin" démontrée et prouvée par Maler qui, avec beaucoup de patience et de rigueur morale a supporté le fat et sa roucoule. Un Joffrin, narquois, méprisant, désagréable, sentencieux, arrogant, d'une malhonnêteté intellectuelle crasse, qui a gâché un entretien mettant en lumière les méthodes détestables d'un "quatrième pouvoir" corrompu par son idéal infini à se mettre en scène et à pavaner, plutôt que d'exercer un contre pouvoir indispensable à une démocratie, elle-même plus ou moins corrompue.

Alors je dirai Maler oui, Joffrin non. Et je veillerai dorénavant à ne plus jamais me laisser prendre au piège d'une annonce Twitter qui, derrière ses cent quarante signes cache la médiocrité d'une matinale, à l'animation douteuse et à la qualité culturelle désastreuse. CQFD.

On lira ici le compte-rendu de l'"échange" Maler/Joffrin par Julien Salingue d'Acrimed.

(1) On notera ici la totale indépendance d'Erner qui se garde bien de rappeler que le projet stratégique de Mathieu Gallet, Pdg de Radio France, est justement le management de cette entreprise, qu'avec son n°2, Frédéric Schlesinger il s'emploie à manager. Jusqu'à créer, et ce n'est qu'un début, une seule rédaction des sports pour l'ensemble des 7 chaînes du groupe,
(2) "Les Matins, Guillaume Erner et la rédaction de France Culture".

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