mardi 28 février 2017

Denise Glaser, une icône télévisuelle…

Si je peste quand la radio fait la promo perpétuelle de la télé, je ne peux que me réjouir de la bonne idée de Jérôme Sandlarz de nous raconter, dans son documentaire du jour (1) cette dame (en blanc) de la télévision à l'occasion de la semaine que consacre "La Fabrique de l'histoire" à ce média (2). Glaser l'épure, Glaser en arrière-plan, Glaser en silence où, l'absence de décor de ses émissions rendait les voix radiophoniques. Si ce n'étaient ses propres postures et celles de ses invités, minimalistes, à voir absolument pour le charme discret de l'élégance.

Denise Glaser, à droite au plus près de son invitée…



















"Discorama" a reçu, du début des années 60 au milieu des années 70, tout ce que la chanson comptait comme "vedettes" mais aussi comme chanteurs engagés pour la poésie (Brassens, Ferré, Barbara, Trenet, Leforestier), pour la sociale (Ferrat, Montand), pour la chanson à texte (Brel, Gainsbourg, Piaf, Aznavour, Greco), pour la pop (Ferrer, Annegarn, Hardy, Lara, Polnareff, Mitchell, Manset). C'était le dimanche midi. C'était en noir et blanc. C'était intime et ça allait devenir sacré.

Pas de fausse complicité, de tutoiement galvaudé, d'admiration béate, Glaser murmure ses questions, cherche la confiance de ses invités pour qu'il s'expriment sans faux-fuyant aves si possible leur plus grande part de sincérité. En jouant aussi la séduction et le charme. Son charme. Sandlarz a poussé le bouchon jusqu'à faire revoir les émissions de l'époque à Maxime Le Forestier. "Vous passiez une fois à Discorama et la France entière vous regardait… Enfin la France qui avait la télé." (Bon, réécouter Maxime et on se revoit beuglant, le poing levé, "Parachutiste").

Le Forestier dit "Denise c'était la marge". C'est très juste. C'était pas une posture. Pas une phrase bidon genre "Soyez punk". C'était sa sincérité à ne pas passer à côté de l'air du temps sans avoir besoin elle-même d'être dans l'air du temps. Et si "Discorama a pu être associé à un repère de rouges, c'est parce qu'elle faisait son marché sur la rive gauche, dans les cabarets.

Avec Catherine Lara…



Sandlarz nous donne à réentendre Glaser qui s'était prêtée au "Flirt" (3) de José Artur qui animait cette émission sur France Inter au cours de laquelle il devait flirter avec la voix d'une personne (dans un autre studio), la faire se raconter, jusqu'à la reconnaître. 

Glaser et Ferré c'est invraisemblable. Denise parle d'agressivité et Léo d'argent. Glaser veut comprendre l'anarchiste et l'argent et Ferré veut comprendre pourquoi il n'est pas payé chez Glaser. Denise est libre, spontanée, sincère. Elle n'est pas enfermée dans des modèles, des formats, des soumissions à l'industrie du disque. Catherine Lara dit "C'était la reine du silence". Ces fameux silences comme autant d'expressions mystérieuses.

Le documentaire de Sandlarz rend hommage à une télévision incarnée. Denise Glaser (avec Raoul Sangla à la réalisation) comme Jean-Christophe Averty inventaient de nouvelles façons de raconter avec l'image en N&B. L'une dans le dépouillement et la proximité, l'autre dans l'invention de nouvelles images.

Et le mot de la fin à Lucien Morisse, directeur artistique d'Europe n°1 qui disait de Denise Glaser "Elle ne sait qu'elle est vivante que parce qu'elle est à l'antenne."


Le 28 février est un jour particulier, donc un deuxième billet à 8h30,
pour rendre hommage à un grand… monsieur de la radio




(1) "Mystère Glaser ou l'art de manier les silences" par Jérôme Sandlarz,
(2) Du lundi 27 février au 2 mars, 9h05, France Culture,
(3) Une émission d'environ 30', le dimanche (23 mars 1969) dans le cadre de "TSF 69" de Jean Garretto et Pierre Codou. "TSF" deviendra "L'Oreille en coin" en 1971.

1 commentaire:

  1. Bonjour Fanch,
    je viens de regarder ce bobineau sur Denise Glaser. En 1972, il n'y avait pas la télé chez moi, mes parents étaient auditeurs de radio (et d'ailleurs l'arrivé de la télé a piétiné les soirées sensibles d'écoute autour du poste mais bon ...) donc une fois de plus, je (re)découvre et j'ai mis un petit temps à reconnaître la chanteuse (reconnue à la voix, et à l'air aussi, est ce bien Catherine Lara ?). je trouve que Mme Glaser a beaucoup de classe, et ce petit film me montre combien nous n'avons pas été vers la hauteur en matière d'interview filmé.
    En tout cas, merci une fois de plus ! et je me réjouis de découvrir le documentaire sur les cabines téléphoniques (que j'ai beaucoup utilisées)
    bonne journée tout près des embruns
    Nanou
    j'ai vu le même film que vous sur Arte ! Sacré monde !

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