La commisison du 26 juillet 2017 |
Mme M.P. Rixin (LREM) : Certaines émissions du groupe [Radio France, ndlr] que vous présidez font partie du patrimoine radiophonique (1) qui permettent de tisser un lien affectif avec votre audience. J'ai bien noté la nécessité de faire évoluer vos grilles. Comment comptez-vous conserver ce patrimoine radiophonique qui est le notre ? M. M. Minot (Les Républicains) : Quels moyens votre groupe va-t-il mettre en œuvre pour poursuivre sa mutation ?
Mathieu Gallet : "J'ai une très mauvaise habitude, je réponds rarement sur les questions éditoriales parce que j'assume mon rôle de manager (2) et quand je suis venu à Radio France je l'avais dit au CSA je n'étais pas candidat à la Direction des programmes". Amen ! "Nous souhaitons promouvoir de nouvelles voix, de nouveaux visages, de nouveaux formats, de nouveaux talents, et qu'au bout d'un certain nombre d'années [plus de 60 ans pour "Le masque et la plume"] nous ayons besoin de renouveler ces incarnations qui portent les contenus de la maison (sic).
Vous avez cité une émission ["L'esprit public", ndlr] qui sous sa forme à venir, vous verrez et, sur ses incarnations, sur ses voix vous donnera la conviction que le patrimoine est bien préservé et l'avenir s'ouvre de façon radieuse". Gallet utilise à nouveau la méthode Coué, regarde dans sa boule de cristal et ne donne pas la parole à Laurent Guimier qui nous aurait sûrement laissé entendre que journalistes + petite lucarne + esprit = "is good for you" !!!!
M. Michel Larive (LFI), député de l'Ariège |
M. P. Berta (MD&A) : "L'auditeur d'Inter est malmené entre la perte de P. Meyer (2016) et celle de P. Cohen (2017). Un rapprochement Radio France et France Télévisions est envisagé… Après France Info avez-vous envisagé les prochaines synergies dans le cadre de ce rapprochement. L'exemple le plus abouti c'est la BBC bien sûr et ça laisse craindre au personnel devant cette fusion une baisse importante du nombre de postes". M. G. Attal (LREM) : "La réforme de l'audiovisuel public, la réforme de l'organisation et de la gouvernance et la question possible d'un rapprochement voir une fusion des sociétés de l'audiovisuel public". M.P.Y. Bournazel (Les Constructifs) : Au vu des bonnes audiences comment pouvez-vous justifier le départ de nombreux présentateurs pour d'autres groupes télévisuels, quel peut être l'impact pour Radio France ? (3)
Mathieu Gallet : "Pour la question de la BBC à la française, c'est le chemin contraire de ce qu'il faut faire (4). On a besoin de coordination et de renforcer nos synergies avec d'autres opérateurs [de l'audiovisuel public, ndlr], mais ce dont on a besoin c'est d'agilité (5), de capacité de réaction et face à Google, Facebook et tous ces gens-là on a tout sauf besoin d'une réforme de structure. À partir du moment où vous l'annoncerez cela gèlera complètement en interne tous les projets (6), tout ce qui fait pourquoi on est financé par la redevance. Nos concurrents ont tout à gagner à ce qu'on se lance dans un tel mécano institutionnel parce que pendant ce temps-là il ne se passera rien et avant qu'il se repasse quelque chose eux auront avancé".
Mathieu Gallet |
"Aujourd'hui on a besoin de petites structures agiles [bis repetita, ndlr], de pouvoir "désiloter" [jargon quand tu nous tiens, ndlr] nos organisations, c'est ce qu'on fait à travers des "modes-projets"… Aller vers des synergies FranceBleu/France3 où il y a dans des régions des projets qui pourraient se faire en commun. On peut travailler avec Arte sur une nouvelle offre autour des savoirs, de la connaissance et de la culture. Je crois qu'il y a quelque chose à inventer entre France Culture et Arte (7)."
Et voilà que dans le cadre de l'extansion de la couverture de France Bleu Toulouse, le management de Radio France réfléchit à un nouveau nom pour cette station ! De quoi sûrement faire un maximum d'insatisfaits ! "Les équipes de France Bleu Toulouse vont se rapprocher de France Bleu Nord", poursuit Gallet. Une fois encore, la méconnaissance du Pdg pour l'histoire de Radio France laisse pantois. En 1980, création de trois locales Radio France, avec pour "Fréquence Nord" l'objectif de couvrir une diffusion régionale. C'était il y a 37 ans, M. Gallet (8) !
On constate, dans la vidéo, que M. Gallet est beaucoup plus à l'aise à l'oral avec ses (centres d') intérêts qu'il défend âprement, comme les assistants numériques, sachant qu'à cet endroit les députés feront remonter ses positions. On regrette qu'il n'en soit pas ainsi pour défendre aussi âprement les métiers "historiques" de la radio, producteurs, réalisateurs, ingénieurs du son, ainsi que les moyens de production. Non M. Gallet, être manager ne se résume à vos choix stratégiques. La création et la diffusion radiophonique valent au moins autant que les futures organisations qui les géreront.
Vous avez montré depuis trois ans votre peu d'intérêt pour la fabrique de la radio. Alors vos quelques envolées sur le "mécano institutionnel" ou votre crainte d'une "RAI à la française" montrent que le choix des sages de vous avoir nommé à la tête de Radio France était un choix circonstanciel et opportuniste. Comme vous devrez rendre compte globalement de votre mission, M. Schrameck, Président du CSA devra rendre compte des choix du conseil.
À bon entendeur, salut !
Mme S. Morch (LREM), Haute-Garonne |
(1) Le patrimoine radiophonique est une notion subjective, fluctuante et fonction de l'air du temps et du "fait du prince" ou de la princesse. "Le jeu d'Émile Franc" est au patrimoine mais "Là-bas si j'y suis" n'a pas eu l'heur' d'y être. "Le masque et la plume" semble être indépassable en terme de patrimoine quand "Le bon plaisir" (France Culture 1984-2001) passa à la trappe… Vous en voulez d'autres ?
(2) La représentation nationale ayant bien entendu le message, qu'elle sache que ces questions sont à poser à M. Laurent Guimier (chargé des antennes et de l'éditorial) et que Gallet ne nous réserve pas la prochaine fois sa ritournelle à deux balles !
(3) M. M. Larive (La France insoumise) regrette le départ de Daniel Mermet (La France insoumise), "Là-bas si j'y suis", 1989-2014, France Inter,
(4) C'est aussi l'avis de Delphine Ernotte, Pdg de France télévisions,
(5) Eh bien voilà le prestidigitateur sort de son chapeau un lapin… agile, nouvelle tarte à la crème des managers in the game,
(6) Sauf, Monsieur Galet, à vous appeler Giscard d'Estaing qui, en août 1974, balaya d'un revers de main et d'une loi d'"exception" l'Ortf, pour créer, au 1er janvier 1975, 7 sociétés indépendantes, dont Radio France,
(7) Ça y est c'est parti ! Il faut aussi montrer au gouvernement et au Président de la République un maximum d'exemples qui mettront à mal une "BBC à la française" et qui valoriseront les Pdg des audiovisuels publics concernés,
(8) Radio-Mayenne (Départementale), Melun FM (Ville), Fréquence Nord, (Région),
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire