mercredi 30 août 2017

Il vécut enfant et fit beaucoup d'heureux… par Sylvie Gasteau

Une voix, des livres, un homme. En quelques secondes, Sylvie Gasteau, donne le ton de son documentaire (1). Les mots lucides et bienveillants de Christian Pataud, une petit boite à musique qui joue l'International (Christian avait 10 ans en 1936) et le début suggérée d'une belle histoire… ou les tribulations de la "Méthode Pataud".


Christian Pataud





















"Dans une fente, un livre, j'en vois le dos, je m'écorche les ongles à essayer de le retirer. enfin, avec l'aide de la règle, en cassant un pupitre, j'y arrive. Je tiens le volume et je regarde le titre "Robinson Crusoë". Pataud voyage en sa bibliothèque, vogue même et nous refait quelques "Je me souviens" sensibles. "Rien que d'y penser je sens encore l'odeur de ce livre et c'est peut-être de là que m'est venu le goût de la lecture qui ne m'aura quitté".

Et le petit jeu sur la comptine "Trois tortues trottaient sur trois toits très étroits" nous renvoie aux origines de la lecture. Et de fil en aiguille le réel des souvenirs d'enfance croise la fiction romanesque et Pataud se souvenir de Pompon, taureau limousin préposé à la saillie. Sylvie Gasteau aime les gens simples et les histoires simples de vie. Et Pataud (re)vit spontanément ses souvenirs du Limousin des années trente, entremêlés de ses dialogues avec les enfants d'aujourd'hui sur la littérature… classique.

Quand on connaît Pataud on imagine bien sa tendresse pour les enfants comme la tendresse qu'il a pour sa propre enfance. Et Sylvie Gasteau est là, aux aguets de l'enfance, du pic et pêche (épeiche) martelant et du "Fantastique" Ray Ventura. Elle compose son ode à Pataud, le bon bougre, tendre, imprégné de ses bons maîtres d'école jusqu'à télescoper le tout avec le "Zéro de conduite" de Jean Vigo. Et Pataud de faire la leçon de choses aux enfants qui passent. Et avec conviction, tendresse et enthousiasme il fera son flashback sur "36". Un "36" vécu même s'il n'avait que 10 ans. La mémoire collective et l'histoire ont fait le reste.

Pour Pataud, tout est bon pour lire, même dans le maquis, à 17 ans, où il entreprit de lire… Marx et ses "doctrines économiques". Et, la guerre finie, lire et relire ce vers de René Char extrait de "L'âge cassant", "L'aubépine en fleur fut mon  premier alphabet". Pataud est un poète de Saint-Léonard-de-Noblat et même de l'universel. Pataud, presque cent ans, est livre au moins autant que bibliothèque. Envoyer du René Char c'est comme s'émerveiller d'Aragon. "Que sais-tu des plus simples choses les jours sont des soleils grimés…

Fantastiques : Pataud bon homme. Bon vivant. Libre et formidable passeur. Gasteau formidable passeuse. Libre et joyeuse. 

Le player de réécoute sera disponible, ici, quelques minutes après l'émission…

(1) Ce soir, France Culture, 23h, "Creation on air",

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