mardi 1 août 2017

Robert Arnaut, le bon sauvage : chronique

Cet été je devais m'approcher des Pyrénées, et plus précisément du village d'Arrens-Marsous cher à Robert Arnaut, conteur et homme de radio. L'homme, né à Toulouse en 1929, avait entretenu avec ces Pyrénées-là une belle histoire de cœur et de fidélité. Décédé le 1er août 2013 il a marqué plusieurs générations d'auditeurs de France Inter, pour ses émissions de l'Oreille en coin, ses "Chroniques sauvages" (1) et ses "Histoires possibles et impossibles".


Arrens-Marsous

















J'ai eu l'occasion d'écrire plusieurs billets pour dire à quel point, dès les années "Oreille en coin" (1968-1990), j'avais été accroché par les qualités de conteur d'Arnaut. Son écriture, sa voix, son humanité bouleversaient les ondes. Le 4 juillet, entendre à nouveau l'indicatif (2) des "Chroniques sauvages" m'a redonné la chair de poule. Comme tout bon indicatif, celui-là, créé à partir de la demande de Solange Yanowska, nous préparait à un moment d'écoute exceptionnel nous incitant à tout arrêter pour entrer dans le récit.

Arnaut était de la race des grands conteurs radiophoniques : Pizella (Stéphane), Sire (Gérard), Gougaud (Henri), Pradel (Jacques), Mermet (Daniel)… Comme ses "confrères" il a laissé une empreinte émotionnelle et mémorielle aux grandes heures de la la radio. Pour préparer ce billet je me suis à nouveau entretenu avec sa réalisatrice. Elle confirme ce que Jacques Pradel avait dit au micro de Sonia Devillers au départ en retraite de Marie-Christine Thomas, réalisatrice : "producteur et réalisateur forment un couple". Solange Yanowska parle d'Arnaut comme si elle venait de finir la saison 2016-2017 avec lui. Toutes ses heures de création, façonnées ensemble, sont l'histoire de la radio, sensible et vibrante.


Robert Arnaut, du temps de "L'Oreille…
















M'interrogeant sur l'arrêt des "Chroniques sauvages" en 96, Solange Yanowska m'apprit qu'à la demande de Jacques Santamaria, directeur d'Inter (1996-1999)  Arnaut créa les "Histoires possibles et impossibles". En plein tournage pour la télévision, Santamaria m'a raconté comment Arnaut à réinventé de nouvelles "Chroniques" : "Pour la nouvelle grille de programmes de la rentrée 96, je devais résoudre deux équations concernant le samedi et le dimanche de 13h20 à 14h. J'eus l'idée de proposer à Robert de réfléchir à quelque chose qui associerait le documentaire, la fiction et le reportage. Robert sourit et le lendemain me proposa ses "Histoires possibles et impossibles". Ce mélange des trois genres fut, chaque dimanche, une réussite car Robert excellait dans les trois".

Voilà, mes chers auditeurs, je ne pouvais laisser passer ce 1er août sans évoquer la mémoire du conteur et de l'homme de radio que Robert Arnaut a été. (Ré)écoutez-le et vous trouverez toujours dans son récit sa bonne et grande part d'humanité.

P.S. Réécouter les "Chroniques Sauvages" de France Inter remet les pendules à l'heure. On ne s'improvise pas conteur et rédacteur des histoires qu'on va raconter aux auditeurs. Il manque aux parleurs d'aujourd'hui sur les ondes l'essentiel du métier : l'incarnation.

(1) Les "chroniques sauvages" ont été à l'antenne de France Inter, le samedi, de 1986 à 1996. En 1986 c'est Jean Garretto, directeur de France Inter, qui connaissant bien l'aventurier et le conteur lui avait proposé ces "Chroniques", réalisées par Solange Yanowska. Depuis le 4 juillet, France Inter, rediffuse chaque soir du lundi au jeudi à 23h15, une sélection de ces émissions, dans un format un peu plus "ramassé" (46' au lieu des 58' d'origine) dont la réalisation a été confiée à Stéphane Cosme, qui avait en son temps, été reporter pour Arnaut à l'époque des "Chroniques sauvages" justement. Autant dire que ce nouveau montage respecte "l'esprit et la lettre" du travail initial commun de Robert Arnaut et Solange Yanowska,

(2) Création originale de Jean-Claude Mejstelman,

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