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Heureux que, dès son introduction, Gallet nous annonce que "Radio France n'est pas encore en grève…" (2), agite son mot préféré de "média global" et veut "inventer la radio de demain" grâce à ces assistants vocaux (3) qui vont devenir l'alpha et l'omega des médias. "Je vois dans le développement des assistants vocaux une 3ème révolution : celle de la voix." Grâce à "la révolution de la voix" ? Vous avez bien lu "révolution de la voix", quand il est fait si peu de cas aujourd'hui de cette "voix". Quand nombre de personnes qui parlent au micro n'ont pas/plus de voix… de radio. Mais ce n'est plus la voix de radio dont on parle ici mais de la voix des assistants vocaux ! CQFD. On constatera aussi très vite, à voir cette conférence, que le syndrome "Césars/Oscars" a fini par infuser la grand-messe de la radio et que chacun s'emploie donc à citer, qui son collègue, son ancien directeur, sa partenaire et son raton-laveur mais là, il leur manque juste la poésie de Prévert.
S'ensuivra avec Laurence Bloch, directrice de France Inter, #friandises, #auto-célébration, #auto-congratulation, #auto-promotion (4). Bloch : "Le "7/9 l'essentiel de la chaîne". Tout est dit. Je ne serai donc plus l'auditeur essentiel d'Inter puisque je n'écoute pas ce 7/9. Antoine de Caunes présente sa nouvelle émission "Popopop" et annonce, sans rire, "la pop-culture c'est la contre culture". Au-delà de ce slogan facile on ne manquera pas de guetter tout ce qui, tous les jours, sera à "vendre" en cinéma, théâtre, éditions en tous genres, et musiques absolument pas pop, qui petit à petit risquent d'envahir l'émission (5).
Marc Voinchet directeur de France Musique synthétise "France Musique.fr, France Musique point barre". C'est un bon slogan surtout s'il n'augure pas d'un "France musique se barre". Car la plateforme qui sera inaugurée en décembre proposera une "offre" élargie à la vidéo. On le voit, comme l'a annoncé Mathieu Gallet, la radio mue au numérique, au tout numérique. Une façon discrète, adroite, "perfide" de basculer des ondes hertziennes aux "ondes numériques" et de changer la donne de la fabrique de la radio.
Derrière, "on" ne nous empêchera pas de penser que, petit à petit, se profilent une rationalisation binaire des moyens de production, des équipes, des savoir-faire et de l'"ADN" de la radio la "voix". Pas la "voix numérique" des assistants Google, Amazon et autres gadgets tendance. La voix qui a fait la radio, les animatrices/animateurs, les productrices/producteurs. Et je ne parle pas de… la "mue sociale".
Sandrine Treiner, directrice de France Culture, annonce "une étape significative. France Culture va devenir le coeur de l'offre audiovisuelle avec des partenaires comme les chaînes audiovisuelles publiques…" Tout est cité sauf le documentaire et l'histoire. Blabla fumeux d'Erner, et Treiner de lever le voile sur la "révolution France Culture" (c'est moi qui mets les guillemets) qui, après France Info, va être l'enjeu des rapprochements Radio France/FranceTélévision/Arte.
Pour Marie Richeux, qui va animer une nouvelle émission sur France Culture, "Un entretien d'une heure est une chose rare". Doit-on comprendre que Marie Richeux serait rare elle-même ? Comme d'habitude Richeux croit que la radio est née avec elle il y a une trentaine d'années. Faut-il que je liste ici ses prédécesseurs qui eux, depuis une cinquantaine d'années, ont accueilli et conversé avec d'autres voix connues et reconnues ? Par là, Richeux méprise ses auditeurs qui peuvent être un peu plus âgés qu'elle, cultivés, avoir de l'expérience et surtout de la mémoire.
Pour Fip, Bérénice Ravache, nouvelle directrice, veut rassurer les auditeurs et les équipes en "Région" (Bordeaux, Nantes, Strasbourg). Elle souhaite "renforcer sa présence en Régions, aller à la rencontre de ses auditeurs. Fip crée la surprise, et incite à s'habituer à ne pas avoir d'habitudes". Pour les émissions de soirées, en place sur la grille depuis un an," il s'agira de tirer dans quelques temps des conséquences éditoriales s'il le faut." Ravache précise aussi "avoir beaucoup de projets numériques".
Laurent Guimier, nouveau directeur des antennes de Radio France, résume la "philosophie" des assistants vocaux : "abolir l'écran et le clavier, soit un nouveau continent qui s'ouvre. Tout ce qui est sons, contenus, nourrira les interfaces de ces assistants vocaux et, ce pourra aussi, être du podcast native. Ce qui induit tout ce qui, alors, ne passera pas forcément à la radio". Comprendre nous allons "vendre" et occuper le terrain de cette autre révolution numérique même si cela ne concerne pas la diffusion radiophonique habituelle (6).
Pour conclure, lamentablement, cette Conférence de Presse, n'ayons pas peur de dire que la radio n'a pas été très fair-play, avec son pied de nez balourd aux "chers disparus", comprendre ceux qui ont quitté le groupe (8). Sur une musique de Franz Waxman du film "A place in the sun" (George Stivens) qui a, entre autres, servi de générique à la cultissime émission, là on peut le dire, "Cinéma, Cinémas" de Boujut, Andreu et Ventura (Antenne 2).
(1) Sise à la Maison de la Radio (Paris), on se demandait bien ce qu'on allait pouvoir apprendre, vu que les sept chaînes de la maison avaient depuis le 25 août communiqué en long, en large et en travers, sur les nouvelles grilles de programmes, les "nouvelles" émissions, et autres nouvelles figures qui à défaut d'avoir une voix étaient déjà reconnues par "le" public,
(2) Suite au gag lourdingue de Daniel Morin en introduction visuelle de cette conférence,
(3) "Selon la dernière étude Ovum, la planète comptera plus d’assistants digitaux vocaux que d’êtres humains en 2021" in Viuz,
(4) Laurence Bloch parle geek avec hashtag dans son texte…
(5) Ce que la page de l'émission contredit virtuellement : "La pop culture sous toutes ses formes : séries télévisées, bds, blockbusters, polars… Son esprit et son talent vont tenir en haleine les auditeurs !"
(6) Ce qu'inaugure France Culture dès le mois de septembre. Des podcasts originaux qui ne seront pas issus des émissions diffusées en flux !
(7) Schlesinger, Cohen, Perreau, Jouan, Vandel…
(8) Quant à Mouv', elle "renforce également son offre digitale et vidéo en lançant Mouv’ TV". La boucle est bouclée !!!!
Aïe... moi qui ai toujours été sensible aux voix de France Inter, et leur "couleurs" particulières, voilà que je vais devoir m'habituer aux assistants vocaux? C'est quoi? Des robots?? Je sens que je vais ressortir mes K7 de l'Oreille en coin du dimanche après midi, celles de Kriss, d'Agnès Gribes et quelques autres.. Les bons vins oui les boisson de synthèse, non !
RépondreSupprimerNorbert Gabriel
Il est clair que je n'ai pas tout compris à cette histoire d'assistants vocaux, mais bon, parfois je reconnais plus ma radio, je dois être trop vieux pour ces innovations qui aliènent aux petits écrans réducteurs..
RépondreSupprimerN Gabriel
En plus, ils sont énervants à mettre du "digital" partout ! Quelqu'un devrait leur dire que ça signifie "avec les doigts", sinon c'est un mauvais anglicisme vu que le terme français consacré est "numérique". Ceci dit peut-être qu'ils ont l'intention de mettre des doigts à leurs auditeurs, sait-on jamais...
RépondreSupprimerSur le même thème, et dans la même veine : https://www.trensistor.fr/2017/09/ondes-courtes-n9/.
RépondreSupprimerVivement le retour de la radio à la radio ! ;-)