dimanche 18 septembre 2011

Lulu

Yann le berger, va rassembler ses sons.
Lulu, le documentaire de Yann Paranthoën s'écoute au moins deux fois (1). Une fois pour l'histoire elle-même, une fois pour la façon de monter. Car ici les sons, les silences, les voix, le déroulement font l'objet d'un montage savant et subtil. Écouter c'est comprendre. Les pas dans les radiales (couloirs) de la Maison de la radio, les mots hésitants quand ils sont dit en français par le personnel très majoritairement immigré, les mots vibrants quand ils sont dits dans la langue d'origine, la musique de ces langages superposés, et en "arrière plan" (2) l'histoire ordinaire des employées.

Le déroulement de ce documentaire ne ressemble pas beaucoup à ce que nous entendons aujourd'hui sur les radios publiques : intro, développement, conclusion. Yann Paranthoën nous oblige à bien écouter, à distinguer les voix. Il ne donne aucun résultat, ne conclue pas en sollicitant de la part de ceux qu'il fait s'exprimer des conclusions qui "fermeraient" le documentaire (3). Tout reste en suspend… Il a capté des moments de vies professionnelles (et personnelles), il y en a eu avant, il y en aura après.

Lulu passe de la timidité à la complicité et montre comment dans un lieu de radio s'approprier ce petit objet qu'est un bobino (4) lui permet de mettre une "marque" à son chariot de travail. Une marque de radio. Lulu est "dedans". Les couloirs, les secteurs, les étages ont (re)trouvé une âme. Celle de Lulu qui ne partira pas en retraite sans laisser une trace écrite sur son charriot. À la (Maison de la) radio les paroles s'envolent et les écrits… restent.

Jusqu'au 14 mai 2017, il y a eu ici un très court extrait de 2'38" de Lulu qu'à la demande des ayant-droits j'ai retiré.

(1) Le Cd produit par Phonurgia Nova est aujourd'hui épuisé, mais on peut lire sur leur site une interview de Yann Paranthoën
(2) je ne suis ni spécialiste du son, ni du montage, l'expression en "arrière plan", empruntée à la photo ou au cinéma, aurait peut-être déplu à Yann Paranthoën qui s'attachait à mettre en valeur la parole dans son environnement sans en rajouter. Je creuse le sujet et amenderai ce billet,
(3) comme les couchers de soleil qui concluent les reportages d'une émission télévisée spécialisée sur la mer,
(4) "trouvé dans une poubelle" précise Lulu, le bobino est un support de bande magnétique.

2 commentaires:

  1. Je suis Armelle Paranthoën Enguérand et vous informe que mon père Yann Paranthoën n'aurait jamais accepté la diffusion de ses sons compressés en violation totale de ses exigences techniques et en violation totale du code de la propriété intellectuelle, avant de signaler ces diffusions non déclarées non autorisées par ses ayants droit et non respectueuses de la volonté de l'auteur Yann Paranthoën, je vous demande d'enlever tous les sons de mon père de votre blog. L'amour le la radio n'autorise pas de violer le CPI et de ne pas respecter l'auteur.

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    1. Bonjour,
      Je comprends et respecte votre position. Donner à entendre un extrait a pour but d'inciter les lecteurs-auditeurs à "aller plus loin" et à se procurer, s'ils le souhaitent, les enregistrements sonores disponibles dans le commerce. Ayant beaucoup de respect pour l'œuvre de votre père je réponds à vos injonctions sans barguigner. Dont acte.

      Toutefois, ces mêmes injonctions auraient pu être précédées d'un "bonjour" qui n'aurait rien gâché.

      Dans votre propos, vous auriez pu aussi reconnaître que sur ce blog, à but non commercial, j'ai beaucoup écrit sur Yann Paranthoën en essayant, sans relâche, de lui donner, à ma petite mesure, la place qui lui revient. Je continuerai à proposer à mes lecteurs ma lecture de l'œuvre de Yann Paranthoën et surtout à les inciter à l'écouter.

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