Jacqueline Baudrier |
Le 6 janvier 1976, un an après la fin de l'ORTF (1), Jacques Chancel accueille dans Radioscopie la première femme Pdg de la radio, Jacqueline Baudrier (1922-2009) qui quelques années auparavant fût journaliste et directrice de l'information de France Inter. Pour prendre le poste à Radio France elle a du lâcher ses responsabilités à la télévision. Chancel comme cela lui arrive assez souvent, titille plus que de raison Baudrier pour lui faire dire qu'elle regrette la télévision quand celle-ci a les bons arguments pour affirmer qu'elle se sent bien à Radio France (2).
Chancel très maladroitement "joue", avec même une pointe de machisme, pour pousser Baudrier à dévoiler ses orientations politiques quand elle montre son attachement à se situer hors de ce cadre. Succulent d'entendre Baudrier dire qu'en 1976 il est plus facile de faire parler de la télévision que de la radio. 40 ans plus tard rien n'a changé !
En 1974, 44% des auditeurs de France Musique avaient moins de 35 ans ! La directrice de France Musique, Marie-Pierre de Surville, appréciera ! Quant au Chancel machiste il est intéressant d'entendre la pugnacité de Baudrier qui l'envoie dans ses cordes et le qualifie là, à juste titre, de misogyne. Chancel en sera un tout petit peu déstabilisé. À trop taper dans le binaire Chancel a trouvé son maître. Baudrier le fait avec élégance quand Chancel se défend maladroitement.
Où l'on apprend que le directeur de la chaîne de télévision FR3, Claude Contamine, a "volé" (dixit Chancel) les chaînes régionales de radio à Radio France. Jacqueline Baudrier s'en défend et reconnaît qu'elle continue de les convoiter même si "c'est la loi qui a attribué les chaînes de radio à la chaîne de télévision régionale. Pour l'avenir de Radio France c'est un handicap. J'aurais bien aimé que l'avenir de la radio ne soit pas ainsi hypothéqué. Le législateur doit penser à l'avenir pour que la radio régionale fasse partie de la radio" (3).
Et je vais annoncer à Claude Villers dès aujourd'hui que dans son bureau Jacqueline Baudrier écoutait "Pas de panique"…
Radioscopie, 6 janvier 1976,
Michèle Cotta
Nommée en 1981 en remplacement de Jacqueline Baudrier, Pdg de Radio France. Cette année-là, cinq nouvelles radios locales en projet (après l'expérience concluante de Radio Mayenne, Radio Melun et Fréquence Nord). Et l'on reparle du lien des locales avec Radio France… Intéressant d'entendre Cotta dire que les radios locales, non intégrées à Radio France, étaient une bavure de la loi de 1974. CQFD. Où Chancel suppute la reconstitution de ligue dissoute : l'ORTF !
Michèle Cotta d'évoquer les moyens de production, "comment on pourrait faire éclater les moyens matériels, quand [actuellement] il y a une communauté des moyens". Comprendre non plus des moyens techniques de Radio France mais des moyens "autonomisés" par chaîne. Ce à quoi Cotta répond en terme financier redoutant le surcoût. Aujourd'hui en 2015 à Radio France c'est une question qui va être tranchée très rapidement avec l'hypothèse d'une gestion directe, par chacune des chaînes, des moyens de production humains (ingés-sons, réalisateurs, …).
Et Michèle Cotta de s'intéresser en tant que tels aux programmes radio qu'elle dissocie des informations.
Radioscopie, 5 novembre 1981,
(1) Office de Radio et Télévision Française, 1964-1974,
(2) En 1976, 2200 personnes travaillent pour les cinq chaînes de radio (Inter, Musique, Culture, Fip, RFI créée le 21 janvier 1975), 2400 en 81, aujourd'hui 4600,
(3) Ça y est Ubu a encore frappé. La loi qui a présidé à l'éclatement de l'ORTF a donc réussi à dissocier la radio régionale pour la mettre sous tutelle de la TV. Ils sont vraiment très très forts les législateurs de 1974 sous le pouvoir giscardien !
Merci à Gérard Coudert d'avoir exhumé ce slogan du paléolithique !
A propos des effectifs de Radio France (Note 2) il convient de préciser que les 4300 collaborateurs permanents de la société sont répartis aujourd'hui sur l'ensemble des chaînes citées pour 1981, mais également sur les formations musicales (Orchestre national de France, Orchestre Philharmonique de Radio France, Chœur de Radio France, Maîtrise de Radio France), les 44 radios locales du Groupe et le Mouv'. On peut si l'on aime les chiffres, préciser également que ces personnels œuvrent dans 140 métiers différents...
RépondreSupprimerA propos de ce fameux éclatement de l'ORTF on peut, surtout 40 après et alors que le monopole d'Etat sur l'audiovisuel a explosé depuis 35 ans, gloser à l'infini et y voir de sombres manœuvres politiques. Peut-être... Mais c'est tout de même oublier que les principaux syndicats représentatifs qui luttaient depuis une bonne décennie contre un fonctionnement de plus en plus lourd, de plus en plus paralysant virent arriver la réforme avec intérêt, d'autant que quelques unes de leurs propositions avaient été prises en compte.
RépondreSupprimerQuitte à jouer les vieux radoteurs, je me souviens tout de même d'un certain enthousiasme, d'une certaine fierté à appartenir désormais à l'une ou l'autre de ces nouvelles sociétés. Enthousiasme qui était peut-être terni par un seul regret : celui des camarades qui se séparent...