mardi 23 avril 2019

Avant la promotion (médiatique) c'était d'entrer à la TV… maintenant ce serait d'en sortir !

En effet, si le ban et l'arrière ban de la TV rappliquent à la radio, ce média serait-il devenu une base arrière, en attendant la reconstitution de l'ORTF (ligue dissoute par Giscard en 1974), soit le signe avant-coureur et tragique de la fin du média audio ? Trois personnalités viennent successivement depuis janvier 2018 d'intégrer Radio France. Avec par ordre d'entrée en scène Catherine Nayl (TF1) pour diriger la rédaction d'Inter, Guy Lagache (C8) comme "directeur délégué aux antennes et à la stratégie éditoriale de Radio France", Dana Hastier (France 3) pour "harmoniser les programmes de l’ensemble des antennes du groupe" (1). 1-8-3 serait donc la bonne combinaison pour toucher le tiercé dans l'ordre à l'occasion de la course, sans obstacles, dite de la loi audiovisuelle, qui devrait se tenir, à Chantilly au mois d'août prochain.

Dana Hastier à France Télévisions © AFP/Stéphane de Sakutin


















Les ficelles sont grosses. Lagache chargé de la stratégie éditoriale serait "déchargé" par Hastier de l'harmonisation des programmes. On va aller jusqu'où comme ça ? Qui sera le prochain, la prochaine de la TV à intégrer RF et pour quoi faire ? Lemoine, Calvi, Lapix, Pujadas, Ithurburu, Drucker, Biraben… N'en jetez plus la cour est pleine ! La partie de "Grand échiquier" qui se joue (sans Chancel) en parallèle des consultations du Ministre de la Culture, Franck Riester, peut laisser penser que "tout se trame" off et que le jour venu les nouveaux responsables de l'audiovisuel public seront "dans la place".

"Tout se trame" ou "Tout ce drame" ? Les deux forcément. Les "nouvelles" stratégies managériales imposent non seulement l'agilité permanente de fonctionnement des dirigeants mais aussi des personnels concernés (2), mais, surtout, impliquent un black out absolu qu'il s'agisse de la mise en place d'une nouvelle organisation, d'un projet stratégique (3) ou autres camouflets pour fragiliser et diminuer le service public qu'il soit de l'audiovisuel, de La Poste ou de la SNCF.

Les grandes manœuvres, bien plus que celles du mercato de saison, continuent à Radio France Télévisions. Après la grande consultation citoyenne sur l'audiovisuel public il serait peut-être temps comme s'y sont engagées Mmes Veil et Ernotte (Pédégères de Radio France et de France Télévisions) de confronter les chamboulements à venir avec les auditeurs-téléspectateurs concernés. Au risque sinon de laisser accroire, une fois de plus, que cette grande consultation n'avait d'autre but qu'une parodie de démocratie… participative.

À réécouter Dana Hastier dans l'Instant M (ci-dessous) on comprend qu'elle a une expérience solide de l'éditorial et du documentaire. Souhaitons que ses responsabilités l'autorise à créer (enfin) le portail documentaire - longtemps annoncé (2015), jamais créé - qui permettrait à France Culture et à France Inter (4) de développer, conforter, enrichir le documentaire audio. Mais si sa mission ne devait concerner que la "fusion" de France Bleu et France 3 ce pourrait bien être la mort annoncée de la radio régionale en tant que telle. Et une forme de retour à la situation d'avant le 1er janvier 1983 où les locales de radio publique étaient sous la coupe de… FR3.

Une dernière… pour la route : et si un jour, comme à France TV, les directeurs de chaîne de Radio France disparaissaient ?"

(À suivre… de près) 

(1) Nayl : 8 janvier 2018. Lagache : 16 mai 2018. Hastier : mai 2019. S'il n'y en a plus que pour les vedettes TV, peu de chance alors pour Laurent Guimier, en rupture de ban à Europe 1, de réintégrer Radio France… à moins que Lagache ne parte diriger Europe 1. C'est le poste de n°2 à R.F. qui veut ça ! Après Schlesinger et Guimier, Lagache aurait donc toutes ses chances,
(2) En n'utilisant pas sciemment le mot "collaborateurs", car les pratiques sont souvent de ne pas les associer et de ne pas les faire collaborer à ces fameuses décisions stratégiques ou mutations structurelles,
(3) Personne n'a oublié le déni de démocratie du CSA qui a rendu confidentiel le projet stratégique de Mathieu Gallet pour Radio France (2015) quand quelques mois plus tard celui de Delphine Ernotte pour France Télévisions l'était,

(4) À l'occasion de la journée de la Scam du 27 septembre 2016, Laurence Bloch, directrice de France Inter reconnaissait ne pas avoir réussi à faire vivre le documentaire sur sa grille.

Au micro de Sonia Devillers, le 4 septembre 2018,


Sonia Devillers ne croyait pas si bien dire en saluant en fin d'émission Dana Hastier "Bonne période de réflexion et revenez nous voir !" Elle va revenir à la radio mais pas forcément dans L'Instant M !

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