jeudi 31 mai 2012

À fleur d'oreilles…

À fleur de peaux, © D.R.





Pour le documentaire diffusé aujourd'hui en fin de journée sur France Culture (1), je crois l'avoir déjà écrit, il va falloir vous mettre dans les meilleures conditions d'écoute possibles. C'est à dire pas en voiture, pas dans la cuisine ni dans les transports urbains. Plutôt dans un endroit confortable, calme et paisible. Pour écouter, mais écouter attentivement, pour ne rien perdre du fil de l'histoire, pour être dedans et… sentir.


Chloé Sanchez et Léa Minod ont avec tact, pudeur et sensibilité, effleuré les peaux de celles qui ont su lever un peu du voile de leur intimité. La peine, l'insoutenable ou l'indicible. Le plaisir ou le désir. Les transformations des corps adolescents. Des corps qui vont enfanter. Des corps meurtris, blessés, souillés. Et ceux qui vieillissent, meurent et installent l'absence "à fleur de peau". Les femmes et les adolescentes qui parlent sont en confiance. Elles partagent avec Minod et Sanchez de l'intime profond, de l'intuitif et du vécu. Elles se livrent avec délicatesse, en paix, même si quelques plaies sont encore grandes ouvertes.

Le documentaire de Sanchez et Minod vibre à la fois de douceur et de sensualité, mais aussi de complicité, pour dire quelques "secrets" ou certaines choses effleurées, suggérées flottant au-dessus des témoignages dans une atmosphère de sérénité. La tension est à l'extrême de l'écoute. Rien ne doit la perturber pour juste savourer ces paroles simples et touchantes. Ces femmes nous parlent comme à l'oreille, et l'émotion est à fleur de peau. 

Sans bruit, on se lève, on se retire à pas feutrés, avec juste le silence pour revenir doucement à d'autres réalités…

Profitons-en pour enfoncer le clou ; ce documentaire est aux antipodes de ce qui a aussi fini par envahir la chaîne : le bavardage ! On voit bien comment un documentaire (repérage, reportage, montage, mixage) peut efficacement et avantageusement remplacer les émissions en direct qui s'écoutent parler.

(1) "À fleur de peaux", Chloé Sanchez, Léa Minod, Guillaume Baldy, Sur les docks, France Culture, 17h

4 commentaires:

  1. Il faut tout de même souligner le tour de force d'Aude Dassonville qui parvient à ne citer à aucun moment ni Chloé Sanchez ni Léa Minod dans l'article qu'elle consacre à ce documentaire radiophonique. Dieu merci - Télérame oblige - sa propre signature n'a pas été oubliée au bas de l'article.Faut-il préciser que je trouve insupportable cette négligence vis-à-vis de jeunes auteures qui méritent amplement d'être nommées ne serait-ce que pour leur donner cette visibilité qui manque tellement à la jeune génération de la création radiophonique.

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    1. Cet "oubli" de la part d'Aude Dassonville est effectivement tout à fait regrettable ! Je rectifie le tir en félicitant haut et fort Chloé Sanchez et Léa Minod pour ce documentaire émouvant, vivant qui nous transporte en territoire féminin. On entre au coeur même de la vie de ces femmes, où faiblesse, lucidité, amour, rêves s'entremêlent. Continuez Chloé et Léa, je suis gourmande de créations de cette qualité.

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  2. Connaissant votre bon goût, ma confiance, yeux fermés, vous est acquise, Cher Fanch. Oreilles dans les starting-blocks, attendent le top de départ fébrilement.

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  3. Merci Fanch pour cet émouvant billet.

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