lundi 28 mai 2012

Radio addict vs TV addict…


Il y a quelques années, pour ne pas dire une bonne vingtaine d'années, Télérama (1) "militait" pour une consommation "raisonnée" de la télévision et incitait ainsi  ses lecteurs à s'en abstenir au moins une journée par an. Cet hebdomadaire avait aussi accompagné (si mes souvenirs sont bons), des expériences collectives de quartier pour cette même "abstinence". Aujourd'hui des expériences identiques sont menées en direction des enfants. En ajoutant au média TV tous les écrans qui ont envahi leur quotidien. Mais, qui a jamais eu l'idée de proposer une chaine thématique de radio pour les enfants ? Ne tiendrait-on pas là une bonne alternative au sevrage (télé)visuel ?

Je constate par ailleurs qu'il n'est jamais venu à l'idée de personne d'inciter à l'abstinence de radio, même si l'écoute peut dépasser plus de 4h par jour (2). Alors qu'une étude montre (3) que la consommation moyenne de TV serait de 3h48 pour les Européens ! Comme il semble difficile de regarder la TV en même temps qu'on écoute la radio, comment chacun peut-il trouver le temps quotidien nécessaire à cette pratique télévisuelle une fois les autres activités vitales accomplies (4) ? Et je ne parle pas de toutes les activités sociales et/ou culturelles qui participent de la vie personnelle. Comment suivre alors les prescriptions des hebdos culturels, des autres hebdos et/ou des quotidiens, voire des revues spécialisées, sans faire des choix draconiens : ne plus travailler à plein temps, dormir sur son lieu de travail, manger un repas par jour ou dormir deux heures par… jour (la nuit étant consacrée aux autres activités fondamentales) ? Nous n'avons plus le temps d'ingurgiter même une part infime des livres, des films, du théâtre ou des concerts, des expos ou des bandes dessinées proposés sans discontinuer 365 jours par an. Quant à la poésie nous n'en parlons même plus.

Les questions lancinantes que je me pose depuis la création de ce blog (et un peu avant aussi) est la suivante : pourquoi la radio n'est-elle pas davantage mise en avant par tous les médias ? Pourquoi la radio promeut-elle aussi outrageusement la TV quand cette dernière ignore superbement la radio ? Pourquoi sur les radios privées une telle indigence des programmes de soirées ? La TV a installé son impérialisme nocturne et la radio a baissé l'antenne, résignée à ne s'adresser qu'à des niches de population bien segmentées. Les directeurs de programme sont moins regardants sur l'audience alors que ce serait le lieu justement pour INVENTER une véritable addiction radiophonique (5). Ce n'est qu'un début, continuons le "combat"…

(1) Hebdomadaire de programmes TV et radio,
(2) Dont une bonne partie en voiture ou en transport en commun,
(3) Les téléspectateurs à travers le monde passent toujours plus de temps devant leur poste, avec en 2011 trois heures et 16 minutes en moyenne par jour, six minutes de plus qu'en 2010 et 20 de plus qu'il y a dix ans, selon la 19ème étude annuelle publiée par Eurodata TV Worldwide. (source lexpress.fr 23 mars 2012),
(4) Temps pour se rendre à son travail, pour assurer son activité professionnelle, se nourrir, dormir,…
(5) On ajouterait à ça, la publicité pour la radio publique sur les chaînes de TV publiques, et ce serait (enfin) un juste retour des choses !

11 commentaires:

  1. "Quant à la poésie nous n'en parlons même plus"
    Mais cher Fanch la création radiophonique EST de la poésie à l'état ondulant! Il nous suffit de tendre l'oreille à ces belles émissions composées avec soin pour y découvrir une vraie substance poétique. il faut parfois savoir la dénicher là où elle se cache, lovée dans une onde imperceptible parfois car la poésie - la vraie - n'est pas de celles qui se montrent nues sur les grèves que nous aimons, elle peut aussi porter des bottes de caoutchouc et un ciré qui masquent alors sa nature subtile. C'est là qu'intervient l'Auditeur qui métabolise l'onde et en tire sa véritable substance: l'Art-Radio !

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    1. Quel talent ! Mais quel talent ! La poésie comme l'humour n'ont pas besoin de case dédiée/imposée. Bravo de l'avoir si bien écrit ! Voir aussi mon billet de demain sur un autre mistigri !!

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  2. Pourquoi n'y a t il pas de radio pour les très jeunes ?
    Parce que l'audience n'est calculée que chez les 13 ans et +, donc pas d'audience mesurable sur un très jeune public. Donc pas d'audience = pas de pub = pas de sous.

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    1. Bonjour, merci de ce commentaire ! Normalement je ne publie pas les commentaires non signés. Ici pas d'anonyme ! Votre point de vue n'est valide que pour les radios privées. Radio France pourrait y faire quelque chose à l'identique de ce que va faire France Culture en webradio pour… les étudiants à la rentrée de septembre !

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  3. Pour le plaisir de répondre à notre anonyme je reproduis ci-dessous une "sélection radio" extraite du journal "Tintin" de 1952.
    Voici ce que les jeunes lecteurs de 1952 pouvaient entendre le jeudi (qui je le rappelle était jour de repos pour les élèves à cette époque):

    Jeudi 18 décembre 1952:

    Sur Paris-Inter (PI)

    8H00: L'appel Scout
    9H18: Vos enfants vous offrent
    11H18: Je n'irai pas à l'école

    Sur le Poste Parisien (PP)

    12H00: La demi-heure des enfants gâtés

    ou

    Jeunesse Magazine (sur le Poste National)

    13H00: Les jeudis de la jeunesse (PP)

    15H18: L'album des jeunes pianistes (PI)

    15H30: Ballet pour les enfants (PI)

    16H40: Terre des enfants (PP)

    17H40: Le chemin des écoliers (PP)

    Je regrette bien évidemment de ne pas connaître la teneur ni le détail de ces émissions recommandées par ce fameux journal destiné à la jeunesse disons.......des bonnes familles.

    Je ne sais pas si ces émissions étaient enregistrées et sont conservées aux archives de la radio mais j'imagine qu'il y aurait là un beau travail universitaire à conduire sur ces émissions destinées à la jeunesse de l'époque!

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    1. Merci Jakki pour ces précisions tintinophiles. J'y reviens plus avant dans la journée. Moi je lisais Pilote (pas en 52 j'étais loin d'être né) !! De quelle famille étais-je donc ?

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    2. Dès que j'ai lu "L'appel Scout" j'ai immédiatement pensé à Roland Dhordain "qui, à la création de cette émission, en 1949, intervenait souvent dans cette émission pour y représenter le mouvement laïc, appartenant lui aux Éclaireurs de France. C'est là que Dhordain rencontre définitivement sa vocation, encouragé par Saint-Granier qui promet une belle carrière au futur directeur de France Inter.

      Peu de temps après, il propose une nouvelle émission pour les adolescents qui trouvera sa place naturelle le jeudi en début d'après-midi. C'est La République des jeunes, dont le titre dit bien qu'elle veut traiter les enfants en adultes, au contraire de l'esprit qui règne dans les programme de "Jaboune (Jean Nohain) ou d'Arlette Peters, où les gamins font figures de singes savants, charmants et irresponsables." (in "Les années radio", Jean-François Remonté, L'arpenteur, 1989)

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  4. D'une famille avant-gardiste ou à tout le moins ouverte d'esprit car je me souviens que Pilote était alors le moteur d'une forme d'humour inusitée jusqu'alors dans les publications pour la jeunesse!

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    1. Alors-là tu vas tomber sur le c… ! J'étais en 5ème dans un collège privé (erreur fatale pour mes études) et ce sont les curés qui nous proposaient soit Tintin, soit Pilote… J'ai choisi Pilote (hebdo) dont j'ai ensuite acheté tous les numéros quand il est devenu mensuel jusqu'à son extinction au début des années 90 je crois ! Si tu pouvais scanner la page de Tintin avec les programmes cités ça servirait ma cause pour quelque aventure à venir… !

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  5. "Mais, qui a jamais eu l'idée de proposer une chaine thématique de radio pour les enfants ?"
    Il y a bien sûr eu le réseau Superloustic de 1987 à 1992, mais, comme le souligne Anonyme, faute d'annonceurs...
    Le projet pourrait tout de même refaire surface sur la RNT sous le nom de R20.
    Et puis il y a les webradios : Radio Junior (peut-être un jour également sur la RNT), Génération Loustic...
    Et les expérimentations locales comme Radio Mômes à Toulouse.
    Radio France ayant de plus en plus obligation de résultats (cf. Le Mouv'), je doute qu'ils se lancent sur le créneau avec une véritable équipe dédiée. On pourrait imaginer quelques partenariats, des diffusions d'ateliers scolaires, le retour de Fréquence Mômes et des redif de "Maman les petits bateaux" ou "L'as tu lu mon pt'tit loup" sur le web, mais guère plus à mon avis...

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    1. Merci, El Transistore, de ces précisions utiles. RF a sûrement des obligations de résultats mais Hees laisse Blanc-Francard installer sa grille.
      Quant aux émissions que tu cites, natives de France Inter, elles pourraient être la base d'une webradio RF à l'image de ce que Thomas Baumgartner prépare pour les étudiants sur France Culture. Il faudrait une volonté des dirigeants, une demande des parents et/ou des jeunes auditeurs et le relai d'une presse engagée dans l'éducation. C'était le genre de projets sur lequel Télérama s'engageait autrefois. Le Télérama appartenant au groupe des Publications de la vie catholique. Télérama dans le giron du groupe Le Monde ce n'est plus la même chanson…

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