Dès l'avènement de la télé on a puisé dans le vivier des speakers et animateurs radio pour assurer l'animation des informations et des divertissements. La liste de ces caciques est un véritable florilège du gotha audiovisuel. Vous les retrouverez forcément dans les annales de la télé. Vinrent les années 70. La radio en perte d'"image" (1) fait appel aux "vedettes" (2) du petit écran. Fin de siècle aidant, les vases communicants (sic) entre les deux médias deviennent permanents et, les jeux de chaises musicales qui en découlent n'excitent bien sûr que les communicants eux-mêmes.
On se tape sur les cuisses en se rappelant la promo du Grand Journal de Canal+, si fière en son temps d'accueillir "Ali-Baddou-de-France-Culture" pour parler de livres (sic). La chaîne cryptée, "sans le vouloir", accentuait l'image plombée, figée, d'une radio "trop" élitiste qui faisait tout pour s'en émanciper, au risque d'écorner l'excellence qui fit ses heures de gloire ! Bon coup de prestige pour Canal, bon retour d'image pour France Culture (3). C'était parti ! Les amours incestueuses de la télé et de la radio allaient maintenant se voir en clair à la télé et, en retour parasiter la radio de tics télévisuels. Aux orties l'écriture et la grammaire radio justes bonnes sans doute pour les émissions d'archives… de nuit !
Par effets induits de paillettes, quelques pisses-froids, se foutant du tiers comme du quart de la radio et, faisant semblant de produire des émissions, - quand ils ne font que bavarder devant un micro -, s'ingénient à employer le langage télévisuel pour, sans doute, rameuter quelques téléphages ahuris de découvrir qu'à la radio il n'y a pas que de l'info ! Chaque jour alors on doit supporter à l'antenne : "plateaux" (4), "grand escalier", "live" et même "spectacle" ! Je ne parle pas des spectacles de "podium" et autres tournées de plage ultra sponsorisées, non, mais du spectacle dans les studios radio avec la geste de la télé ! Pitoyable ! Singeries dignes du grand Barnum.(5)
À Radio France, Joël Ronez (6), fraîchement "débauché" d'Arte, a la lourde responsabilité d'inventer et d'installer une "image radio" ! Radio pour laquelle il précise qu'"il ne s'agit pas de la filmer !". Va falloir être subtil et oublier toute la grammaire télévisuelle moderne qui sauterait immédiatement aux… yeux de l'auditeur qui, n'ayant jamais eu besoin d'image pour imaginer, ne supporterait pas qu'on lui en impose des toutes faites. Encore faudrait-il que cette radio-là l'auditeur ait envie de la "regarder" ? Si l'affaire se concrétise c'est à une véritable "révolution copernicienne" qu'il va falloir se préparer (7). "Attendons de voir"… c'est le cas de le dire et, profitons encore un peu de la radio… sans image.
(1) un paradoxe ! je devrai dire en perte de reconnaissance, non ?
(2) c'est le mot en usage et ça va forcément influencer le style, le cachet et l'ego de ces dites vedettes et bien les mélanger avec celles du show-biz,
(3) sans oublier Sciences-Po où le dit Baddou enseignait,
(3) sans oublier Sciences-Po où le dit Baddou enseignait,
(4) à la radio on dit studio
(5) "Le tribunal des flagrants délires" de Claude Villers sur France Inter était une émission en public et ce n'est pas la même chose. Le "public" qui n'est pas dans le studio assiste bien à une émission de radio. Que les intervenants "fassent le spectacle" cela n'a rien à voir avec une émission spectacle revendiquée comme telle,
(6) recruté par Jean-Luc Hees, Pdg de Radio France, pour diriger les"nouveaux médias"
(7) j'aime la formule.
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